mercredi 31 août 2011

Ne pas prendre de risque est un risque en soi...

 « Les grandes carrières reposent sur l’audace de prendre de grands risques », signale Julia Cameron, auteure et experte reconnue internationalement en créativité. « Il faut du courage, ajoute-t-elle, pour renoncer à ce qui a si bien réussi afin de s’accrocher à ce qui nous propulsera encore plus loin ».


Cette notion s’applique aussi bien pour Robert de Niro, qui a insisté pour jouer la comédie, que pour chacun de nous à dire non à une zone de confort et s'aventurer vers ce qui se trame dans le ballet de nos synapses. Ce peut être au niveau de la carrière, ou bien de faire sienne des choses que le destin a mises sur notre route, et d’en faire notre propre couleur.

Récemment, je suis allée chez un artiste-peintre pour acquérir une toile – découverte sur son site - qui m’avait charmée. En furetant dans son atelier, une production a capté mon attention, malgré le fait qu’elle était camouflée derrière d’autres canevas, dans un recoin du placard. Quelque chose de particulier émergeait de cette œuvre. Il a bafouillé que ce n’était pas du tout dans sa « palette », qu’il ne comprenait , qu’il avait des doutes. En réalité, il avait risqué, innové, émergé de sa zone de confort. Et c’était de la pure poésie. La grâce.

J’ai craqué. Je désirais cette toile, malgré sa grande dimension – et sa valeur financière-.

Elle raconte, dans un premier temps, l’Île-des-Moulins, dans le Vieux-Terrebonne, mais tellement plus que cela. Ça représente pour moi la traversée, la « reliance », cette façon d’aller au bout des inspirations offertes par la vie. Chaque regard que je pose sur l’œuvre me rappelle l’importance de prendre des risques, de plonger, de tolérer l’état brouillé de l’inconnu. Aussi, que la persévérance, a son sens! Les artistes nous font don de cette richesse, du subtil, malgré les exigences inhérentes au processus créateur. C’est sacrément brillant pour notre planète.

"Si vous ne prenez aucun risque, vous risquez davantage." Erica Jong

Soir d'exposition, Jacques Sévigny

mardi 30 août 2011

Une bibliothèque intacte

Ma programmation à moi – projets personnels, familiaux, professionnels —, c’est lors de la rentrée scolaire qu’elle se dessine. J’ai été façonnée depuis toujours aux soubresauts de septembre. Écolière, étudiante, enseignante, conseillère pédagogique engrangée dans les dates de tombées pour les projets d’éveil à la lecture et à l’écriture (MELS), à travers trois fournées de sacs d’école remplis à ras bord d’effets scolaires de mes enfants, ayant coché des centaines d’articles hétéroclites des interminables listes de chaque institution. La rentrée scolaire est inscrite ad vitam æternam dans mon biorythme cellulaire.


C’est le jour J. Le réveil brutal a arraché du sommeil mon ado du secondaire. Phase mollusque oblige, il ressemblait à un épouvantail tentant de résister à une tempête. On aurait cru qu’Irène avait laissé des traces dans sa chambre, fouillant de façon archéologique à la recherche du sac à dos et de l’horaire d’autobus. Et il n’avait aucun appétit. S’il y a une chose que je ne supporte pas, les déjeuners esquivés sont en tête de liste. J’ai réussi à rester zen, alors que les années antérieures, j’oscillais entre la panique, les sermons, le découragement, les menaces de redressement, et le déluge de larmes. En fonction de mon cycle hormonal.

Le seul « objet » demeuré intact et rangé, dans sa chambre, c’est sa bibliothèque. Résistant à toutes mes propositions de lecture, malgré mes présentations dynamiques – quoiqu’insistantes —, aucun bouquin ne s’est ouvert sur sa vie estivale. Pathétique. Mes fantasmes de mère parfaite qui parvient à modeler ses chérubins selon l’idéal rêvé lorsque bébé se nourrissait à travers le cordon, au son de Mozart, ont fondu dans la piscine. J’ai tout de même contrôlé mes pulsions (lancer un livre par la tête, débrancher les ordis, le priver de sortie, d’amis, de croustilles, l’obliger à s’entraîner pour un marathon, etc.), et privilégié de plonger moi-même dans une boulimie de lecture. À défaut d’être trop agitée pour méditer (SOS Matthieu Ricard), je prends le sentier de la marche : Éloge de la marche, David Le Breton (Métailié); Petite philosophie du marcheur, Christophe Lamoure (Milan); Le bonheur en marchant, Yves Paccalet (JC Lattès).


La question demeure. Comment développer le goût de la lecture, et pourquoi, m’avait-il demandé lorsqu’il avait sept ans? Ça, c’est une longue et périlleuse histoire. Après des années de batailles stériles, nous avons décidé de surfer avec les passions plutôt que d’aller à contre-courant. Il est inscrit dans un programme informatique, branché sur ses intérêts, et excelle avec le sourire. De quoi apprendre à focaliser sur les priorités.

lundi 29 août 2011

Les mots à la bouche

J’étais à déclarer à la terre entière, sur tous les tons, ma sensation de vivre un tremblement de terre, à travers les aléas du quotidien d’une famille remplie d’ados et d’une rentrée. Je m’épanchais même sur les réseaux sociaux à propos de mon incapacité à plonger dans mes écritures, c’est dire à quel point j’avais les mots coincés entre la cuisine, les tâches et mon besoin d’écrire. Ironie du sort, on me répond qu’il y a effectivement eu un réel tremblement de terre. Fait vécu, on coche! (Et tout ça, précédant Irene).

Cette bouffée d’étourdissement m’a fait comprendre à quel point le quotidien est important pour moi. J’aime prendre du temps pour la boustifaille, pour créer un chez-moi harmonieux, où il fait bon se réfugier. J’aime que mes amis puissent débarquer et se restaurer avec un expresso et de la confiture de griottes sur un pain grillé. J’ai carburé tellement longtemps à « produire » sous pression – il y a toujours un prix en prime -, que désormais, je déteste être bousculée au point d’éplucher, rôtir et de blanchir mon système nerveux, ou carboniser ma (saine) vie domestique. Je ne peux plus travailler dans le chaos, en bousculant les miens et en me privant d’une cuisine savoureuse et réconfortante.

En réfléchissant à cela, je « tombe » sur le blogue de Josée Blanchette, « Le quotidien, un mode de vie ». (Je ne sais combien de fois nos sujets sont synchros, c’est aussi hallucinant qu’une secousse sismique). Cette zone « nideuse » qui nous fait sentir « chez soi », cet endroit où ça sent la joyeuseté d’une tarte aux légumes en plein midi, c’est précieux. Ça inscrit des pépites de plaisir dans nos cellules et, ma foi, j’y tiens. Il faudra apprendre à dire non aux extras, et s’affranchir des bienfaits du home sweet home.

Demain, c’est la rentrée scolaire officielle des miens. Horaire, routine, organisation et planification seront au rendez-vous. La saga des lunchs, qui se veulent santé et appétissants, reprennent le sentier de septembre. J’ai exposé et feuilleté mes livres de recettes et acheté la dernière revue de Ricardo. Festif!
Testé la confiture de griottes (cerises de terre) du chef Martin Faucher pour accompagner le poulet grillé, pour ensuite être acclamée de succès autour de la tablée. La soupe aux betteraves et poires de la chef Graziella Battista, (Châtelaine septembre 2011) a aussi transporté nos papilles gustatives dans des repères inconnus.


Marché conclu, la rentrée sera sous le thème du comfort food. Pour gérer mon stress, j’aurai les mots à la bouche.

lundi 22 août 2011

Des départs en rafale...

On sait bien que la vie est plus forte que nous, que la grande Faucheuse est dans l’auditoire, mais on préfère l’oublier. C’est notre bon Jack qui nous le rappelle ce matin, avec peine et désolation. C’est bien l’homme plein d’entrain, près des gens, charismatique et authentique qui laissera un grand vide. C’est rarissime de pleurer un homme politique, mais lui a su créer de l’attachement par ses valeurs altruistes. On l’a tous dit, Jack était celui qu’on aurait invité autour de notre table, pour sa passion contagieuse et son engagement.

Juste avant lui, le départ de Gil Courtemanche, journaliste et écrivain qui s’est appliqué sa vie durant, par la force des mots, à dénoncer les injustices. Un peu plus tôt, c’est David Servan-Schreiber, célèbre médecin anticancer qui a perdu la bataille contre une tumeur au cerveau, à 50 ans, après dix-neuf ans de recherche et d’application santé — sauf celle de se reposer et de miser sur la sérénité, notions qu’il a intégré dans son livre testament « On peut se dire au revoir plusieurs fois », juste avant son départ.

On ne peut que s’incliner devant l’inévitable. Et espérer se dire au revoir plusieurs fois.

lundi 15 août 2011

Clafoutis aux bleuets

Le temps des bleuets est revenu. Les bleuets du Québec, sucrés et juteux, de préférence sans pesticides! C’est divin! Nous avons les lèvres et les dents bleutées par la puissance des antioxydants. Ces pépites valent leur pesant d’or tant au niveau des propriétés que de la saveur. On peut utiliser les bleuets à toutes les sauces : nature, jusqu’à l’extase, ou encore enrobés de chocolat noir fondu, en compote, en confiture, en smoothies ou en clafoutis.

Voici ma recette gagnante pour tous les membres de la famille. Puisque le fiston a gagné les rangs de la secte sans gluten (exit les douleurs abdominales, les diarrhées, la peau du visage acnéique), je cuisine désormais des plats qui font le bonheur et la santé de tous.

Clafoutis aux bleuets (ou autres petits fruits de saison)

Ingrédients :

3 tasses de bleuets (ou petits fruits)
1/3 t. de farine de riz
2 c. soupe de farine de tapioca
½ c. à thé de gomme de xanthane
1/3 t. de noix de coco (bio de préférence, non sucré)
1/3 t. de poudre d’agave (qui remplace le sucre)
1/3 t. d'amandes effilées (facultatif)
Pincée de sel
1 tasse de lait (de riz, d’amande ou autre)
1 c. soupe de beurre (ou huile végétale)
2 œufs
1 c. thé de vanille

Action :

1. Déposez les fruits dans un moule ovale, rond ou carré de 2 litres (8 po), légèrement huilé. Mettez de côté. (Si vous avez le bec très sucré, vous pouvez saupoudrer un peu de sucre sur les fruits).

2. Mélangez dans un bol la farine de riz, de tapioca, (les amandes), la gomme de xanthane et le sel.

3. Dans une petite casserole, faites chauffer le lait et le beurre (ou l’huile) à feu moyen jusqu’à ce que de petites bulles se forment sur la paroi. Mettez de côté.

4. Battez les œufs et le sucre avec un batteur. Ajoutez peu à peu les ingrédients secs en remuant jusqu’à obtention d’une consistance homogène. Incorporez la préparation à base de lait et l’extrait de vanille. Versez sur les cerises.

5. Faites cuire dans un four préchauffé à 400 F pendant 30 à 35 minutes jusqu’à ce qu’il soit légèrement doré. Servez-le chaud. Accompagné d’un thé, c’est la félicité!

vendredi 12 août 2011

Mon "book" pour la rentrée

Deux petites semaines pour se déposer, c’est comme tremper les orteils dans un bassin d’eau en pleine canicule. On aurait besoin de s’y vautrer, de faire des arabesques, de jouer au dauphin, et surtout, d’avoir suffisamment de temps par la suite pour déguster le pique-nique préparé dans les règles de l’art. Bref, c'est trop court.


Notre relation au temps est élastique. Lorsque nous sommes installés sous l’ombre d’un parasol ou d’un chêne, à croquer dans un sandwich aux tomates du jardin, magnifié de mayo à la fleur d’ail, de roquette, de basilic, avec bien sûr un verre de rosé, les minutes ressemblent à la guimauve sur la braise. Elles dégoulinent de saveurs, s’étiolent, s’étirent, fondent sur le palais de notre espace. On y prendrait racine.

La déroute du déjeuner lors du retour au travail est à l’antipode de la version bucolique des vacances. La structure, l’organisation, la planification, les engagements, la performance, et le stress qui fait grimper le taux de cortisol. On doit user de stratégies créatives pour des palliatifs plus cool. « Le nouvel art du temps », de Jean-Louis Servan-Schreiber (Albin Michel, 2000) est recadrant. Il prône d’être organisé, mais libre, de s’offrir du temps, de privilégier SES objectifs plutôt que ceux des autres, de se reconnaître le droit au plaisir, de choisir comme projet de « mieux vivre », et surtout, le repos et la lecture, comme antidote au stress.

Mon choix à travers ses suggestions pour métamorphoser ma relation au temps, le maîtriser, m’en offrir, l’astiquer et le cuisiner, est de lire. J’aurais avantage à intégrer la méditation, je sais. Mais pour le mois d’août, calendrier estival approuvé des vacuités libertines, je persiste et je signe pour la lecture. C'est ma façon de doser la rentrée.

Le livre, tel un bijou révolutionnaire. Merci à Lucie pour cet envoi.