mardi 31 mai 2011

Un coin de paradis à saveur de guacamole

J’ai fait le vide pendant une toute petite parcelle de temps. Me suis déposée devant l’immensité de la mer, ai respiré l’air salin qui a chassé quelques impuretés sédentaires, découvert une végétation luxuriante, emmagasiné une chaleur ensoleillée dans chaque cellule. Revenue pleine de vitalité, ravitaillée et ragaillardie.


J’ai lu, dormi, marché et bouffé du guacamole à plein régime, trois fois par jour, sans omettre l’orgie de papayes, de mangues et de cantaloups. Une assiette illuminée pour mon corps et mon âme.

Me voilà truffée de gratitude devant le privilège d'avoir pu savourer la beauté et la richesse d’un coin de paradis, sans horaires, sans tâches ni responsabilités, en prime avec mon chéri. Une parenthèse dans la vie de parents, ne serait-ce que quelques dodos, nous a permis de terminer nos phrases, d’écouter notre musique, de choisir des menus ajustés à nos papilles d’adultes et de relaxer à satiété. C’est bon de s’ennuyer de nos amours, car les retrouvailles sont gorgées de pétillements, de nouvelles étapes acheminées par l’absence.

Le bruit de la mer qui nous oblige au silence et à l’introspection ravive l’importance de ne pas s’éparpiller dans des distractions désuètes de sens. Ce sont les bienfaits les plus méritoires. Se délester du superflu, des activités vides qui ne servent qu’à nous éloigner de notre centre, de notre essence.
Prendre du temps pour soi, un peu chaque jour, chaque semaine, chaque mois, chaque année. Telle est ma résolution inspirée de toute la potée de guacamole et gorgées d'eau saline ingurgitées. Devenue sacrée l'idée de consacrer quelques minutes à méditer, à prier, à respirer, à lire, histoire de refaire ses batteries évitant ainsi qu’elles ne s’épuisent. Et nul besoin d’aller jusqu’au Bhoutan pour intégrer cette sagesse millénaire. Le recueillement et le silence ont toujours servi au fil des siècles, avant que la vitesse nous éloigne de l’essentiel.

vendredi 20 mai 2011

Le pouvoir des récits

Lorsqu’un enfant est peiné, grincheux, malade, lui raconter une histoire fait opérer la magie du sauvetage. Les histoires existent depuis toujours, transmises oralement et ensuite par le biais de l’imprimé. Leur pouvoir a fait ses preuves.

Petits ou grands, les récits nous amènent dans des contrées rocambolesques de notre psyché et ont le pouvoir d’apaiser la virulence d’un virus, d’une trahison, d’une perte ou d’une fracture. C’est une évasion qui hèle nos forces et rappelle qu’il existe quelque chose de plus grand que soi. Et que nous ne sommes pas seuls. Lire, c’est être en contact avec l’écrivain, son récit, un monde imaginaire qui nous incite à créer le nôtre, celui à notre image.

Il y a tellement de bouquins qui jaillissent dans nos librairies que les possibilités de s’évader – et se retrouver — sont infinies. Mais il ne faudrait pas sous-estimer le plaisir décuplé de RE-lire un de nos classiques, un livre « chaudoudou » qui fait encore et encore du bien.

Puisque je prends le large une toute petite semaine pour un repos combien salutaire, je revisite ma bibliothèque. J’apporte Solitude face à la mer, d’Anne Morrow Lindbergh. Comme à chaque refuge à la mer. Je l’ouvre au hasard, constate les pensées surlignées, les pages écornées, la photo ou le signet inséré à la dernière lecture et apprécie le chemin parcouru. Remets mon chapeau de paille et marche sur la plage en ramassant des coquillages, laissant mes empreintes sur le sable mouillé, et me répète qu’il était une fois….

Je n’ai pu résister à la lecture du dernier de Musso, L’appel de l’ange, qui me pourchassait sur ma table de nuit. Avaleé d’un trait le temps de faire mes bagages, il demeurera donc à la maison et gardera le fort. J’ai préféré de loin son précédent récit, La fille de papier, que je relirais volontiers tellement captivant. Les chaussures italiennes, de Henning Mankell, est déjà niché dans la valise aux côtés de L’Élégance du hérisson, de Muriel Barbery. Et puisque j'adore particulièrement lire une histoire inspirée du lieu où je vais, L’escapade sans retour de Sophie Parent, de Mylène Gilbert-Dumas, est de mise. Je sais, c’est quelque peu boulimique, mais c’est incontrôlable. Mon chéri rouspète chaque fois sur le poids des valises, mais rien n’y change. Il est hors de question de « manquer » de livres, surtout dans un contexte de repos et d’évasion. C’est ma source de vitamines. Parlant de nutriments et de mots, peut-être ferai-je un détour en catimini pour me procurer Des mets et des mots, du romancier Pierre Szalowski et du chef Giovanni Apollo, (un roman en 40 recettes) que je glisserai dans mon cabas.

On se retrouve la semaine du 30 mai.

mardi 17 mai 2011

Quand sa vie vole en éclats et que le gluten s’emmêle

Il y a quelques années, je menais de front mes aspirations de carrière, de maternité, de famille, de santé, de relations amicales et amoureuses, mes aspirations culturelles et artistiques. J’étais invincible. Tout savoir, tout connaître, tout faire, et surtout, tout de suite. Une bibliographie opulente concernant la gestion de temps, l’efficacité, le succès, la prospérité et la réussite en 10 étapes assaillait ma table de nuit, ma carte de crédits et les présentoirs des librairies.

À cette époque d’invulnérabilité, aucun livre dévoré ne côtoyait l’importance de prendre soin de soi, ou d’écouter les signes – émotifs ou physiologiques —, même les matins incapables d'attacher ses baskets. Au contraire, on promettait les vertus mirobolantes de certaines vitamines, de nutriments, du jogging, du power yoga, d’outils de plus en plus performants garantissant l’atteinte de standards n'ayant peut-être aucun sens avec le bonheur, le moment présent, l’idée de faire ce qu'on aime, histoire de « profiter de la vie » tout simplement, à travers les plus petits gestes du quotidien.

 Dans cette veine, je suis donc partie en vacances d’été avec ma tribu. Mais la vie est plus forte que soi. Elle sait nous rappeler à l’ordre, parfois à grands cris, qu’elle existe pour être vécue et dégustée. En marchant au bord de la mer, j’ai contracté une dinoflagelle toxique inflammatoire dans les algues.
 Et là, ma vie a volé en éclats. Fièvre, vomissements, diarrhées, pertes de mémoire, photophobie, fatigue chronique, afflictions articulaires et gastriques, intolérances alimentaires. Saga de plusieurs années. Je connais les grains de plâtre sur mon plafond et je sais l’énergie qu’exige une douche lorsque chaque pas est douloureux et semble au-dessus de nos capacités.
pfiesteria piscicida

Je suis devenue très… humaine et j’ai développé la compassion. J’ai surtout appris à « être » plutôt que focaliser « faire ». Force a été de contacter mes passions, et revenir à l’essentiel. J’ai commencé tout doucement à dire non, à reconnaître ma place dans le monde autrement que par mon identité professionnelle, mon salaire, mon compte en banque. Je ne me laisse plus berner par les apparences. Je me rappelle que la maladie n’est qu’une partie de soi et que la créativité (arts, blogue, etc.) aide à se détacher. J’ai constaté que nous sommes de passage, que vaut mieux en profiter, maintenant, car on ne sait jamais. Que le bonheur a ses repères dans notre monde intérieur. Aussi, que nous sommes responsables de notre vie, avec l’ingéniosité de « faire avec » ce qui nous arrive. Battante je suis et demeurerai. Exit les pessimistes et les victimes. C’est corrosif.

Je suis désormais « rénovée, avec une nouvelle administration », quoiqu’ensachée de dommages collatéraux avec lesquels j’apprends à composer. Dont l’intolérance au gluten qui a, d’après mon équipe multidisciplinaire en matière de santé, une constituante inflammatoire.

Voici donc des références pour les « gluten free ». 
125 recettes sans gluten, Donna Washburn, Modus Vivendi, 2007
100 recettes de pain sans gluten, Donna Washburn, Éd. De l’Homme, 2011
Cuisine santé sans gluten, Colombe Plante, ADA, 2011
Blogue : bonheursansgluten.blogspot.com
Restaurant : Zéro 8, 1735 rue St-Denis, Montréal, 514.658.5552
Chocolatier et pâtissier : Le Petit Fourneau, 828, rue Rachel, Montréal, 514.521.0387

Et mon livre en préparation, Billets de saison, petit traité de récits, de billets entremêlés de recettes .

lundi 16 mai 2011

Reconnaître ses besoins

Lorsqu’on « chemine » vers des horizons nouveaux, qu’on défriche un peu les diktats sociaux pour suivre notre voie, l’état permanent qui habite ce parcours est le doute. Ce dernier est quelquefois nécessaire, primordial même, avant de commettre une grosse bêtise qui serait irréparable. Mais à part ces folies qui font figure d’exceptions, l'état de doute devient le plus souvent un obstacle pour vivre selon notre essence propre.


Ça dérange, donc on se dégonfle. Légitimer notre affermissement vers la réalisation, avec le risque qui vient avec, réside seulement chez les personnes déjà accomplies, qui ont traversé les hauts et les bas, qui ont connu la solitude liée à la  différence, et qui croient au respect de l’unicité de chaque individu. Il faut se l’avouer, il n’y a que soi-même pour s'affranchir de la route. Il est donc fondamental d’être à l’affût des signes, les écouter et composer avec eux. Et assumer la responsabilité des conséquences. Les conseils ne sont pas toujours de bon usage puisqu’ils excluent certaines variables, mais les expérimenter peut aider à faire le tri des gestes porteurs ou non de notre avancée.

En février, mes amis ont repeint et réaménagé mon bureau. Top design, épuré, ordonné. J’avais choisi aussi de me cloîtrer face au mur pour éviter les distractions. Ce faisant, le soleil – quand il fait une apparition — percutait mon écran et empêchait d’écrire à certains moments éclatants. Je n’avais plus accès à la nature et ses aléas. Mes dossiers bien rangés, mes idées ont suivi la même trace. Mes masques détournés dans les cartons me manquaient, même si j’appréciais les murs purifiés d’objets vivant dans mon territoire. Ces masques, provenant d’un peu partout au monde, sont le symbole de la tribu, des archétypes, de l’inconscient collectif. Dans les moments de création, l’assistance invisible n’est pas négligeable et son importance mérite d’être « oscarisée ».

Ce matin, j’ai décidé de reprendre la place qui me convient car moi seule doit reconnaître mes besoins. Donc, j'ai réaménagé mon bureau afin qu’il soit à ma portée, efficient, à mon image, moins éblouissant. Je constate que c’est moins ordonné, plus chaotique, plus « occupé », moins esthétique. Mais j'assume ma façon d'être dans ce secteur, espérant qu'il se répercute ailleurs.

Je retrouve les personnages et les idées qui m’habitent et en leur laissant l’espace pour qu’ils me parlent, je gagne en inspiration. D’autres ont fait le chemin avant nous, et ils murmurent des choses à l’oreille à qui sait l’ouïr. Je suis plus que jamais disposée à entendre et me porte garante de la forme que prendra ces confidences.
C'est ma responsabilité que d'assumer mes choix. Et de Un, on coche.


 

samedi 14 mai 2011

L'élan créateur

La nature est un exemple parfait du pur élan créateur. D’année en année, un demi-siècle à l’appui, le printemps revient en force. C’est quasi miraculeux. Persuadée que nous resterons enfouis sous les détritus de neige, les arbres dépouillés et la mort dans l’âme, je suis émerveillée de voir bourgeonner la flore de mon environnement.


Deux cardinaux se courtisent dans mon paysage. Je les reçois comme un cadeau. Ils semblent heureux du soleil qui fait le paon après tant de pluie. Ils butinent d’un jardin à l’autre, mais sans prétention aucune, je crois que c’est chez nous qu’ils éliront domicile. Ils exhibent un concert qui me réveille à l’aube, le plus extraordinaire son qui m’est offert.

La nature est un mentor puissant. Elle est source de vigueur, de rythme et de vivacité. Elle est ce qu’elle est. Le saule ne s’interroge pas à savoir s’il devrait être un mélèze et pour quelles raisons métaphysiques il ne se dresse pas en plein blizzard. La nature incarne le flux et le reflux, le gorgé comme le vide, le froid comme le chaud, la nuit comme le jour. Vivre dans l’instant est en fait une façon de se connecter à la plus puissante force d’énergie. Chaque geste ainsi déposé devient cristallin, sans couture ni accroc.

L’élan créateur est intrinsèque au fait d’être sur Terre, qu’il s'exprime dans un sourire, la confection d’un clafoutis aux cerises, l’allaitement d’un bébé, le remorquage d’une voiture en panne, la respiration d’un cœur ouvert, la plantation de végétations. C’est magique, comme les feuilles qui éclatent le printemps venu.

vendredi 6 mai 2011

Le gène du ménage!

Je crois que j’ai consommé trop de thé vert, à moins que l’infusion ait provoqué l’effet d’un triple expresso. J’ai constaté l’étendue des dégâts poussiéreux de la maison, des mousses qui roulent et qui amassent l’irritation à répéter inlassablement ce geste de collecte. À l'instant même où j'ai le dos tourné vers le tri des choses à jeter-donner-réparer, d’autres tâches me harponnent. Les appels téléphoniques à retourner, l'arrosage des plantes, le frigo vide, la lessive, les courses, les repas infinis. Les anges du ménage n’ayant pu bénir mon logis, je me retrouve en plein chaos, jeans qui s’étirent pour affronter les courbettes, sueurs qui témoignent de mon ardeur et de ma désorganisation. La chatte, affolée dès l’écho du boyau terrifiant de l’aspi, perd la moitié de ses poils dans la garde-robe, se délestant de sa fourrure en guise de protestation. D’autres minous verront le jour. Ainsi va la vie.


Contrairement à Josée Blanchette photographiée en tenue vaporeuse avec son nouvel aspirateur, j’ai l’air de Cendrillon, dépassée et découragée de ne pas avoir le dernier mot. Je bois à nouveau du thé. Je laisse tout ça en plan, me fiant à la devise d’Erma Bombeck , culumnist américaine : « Le ménage, s’il est correctement fait, peut vous tuer. » (Josée Blanchette, Le Devoir, vendredi 6 mai).

À me voir l’allure, j’abonde en ce sens. Il faudra modérer le tempo et laisser la vie faire son œuvre. Parlant de mon état à mon père, il me rappelle l’adage suivant : « lorsqu’on peut écrire nos noms sur les meubles, c’est qu’il y a de la vie dans la maison. » Une famille est vivante, avec des objets non identifiés et des traces de repas, de collations, et de dommages collatéraux. Des livres jonchent les tables, soit! Le linge n’est pas plié? Chacun verra aboutir les chiffons au pied de son lit. J’aime que tout soit impeccable, mais je ne suis pas la femme plumeau, foulard noué dans les cheveux. J'ai abandonné la parfaite, toutes catégories confondues sur le parcours de mon évolution,  transmuté le gène de Martine et son humeur festive, sans une once de lassitude.


En attendant, j’écris, j'offre un peu d’air à ma sacro-iléite qui rugit, je respire le soleil à venir. Je sais que faire du ménage est thérapeutique, encore faut-il doser le raz-de-marée, en politique comme dans notre demeure. Laissons la poussière tomber. Le goût de me procurer un Valparetto qui détruirait toutes traces de microbes, bactéries, marasmes de météo et débilités sociologiques.

mercredi 4 mai 2011

Menu pour jour gris

Nous vivons dans un pays « mal isolé », tant au niveau politique qu’au niveau des conditions météorologiques. Cette pluie qui n’en finit plus de verdir nos racines nous détrempe les ardeurs. C’est la fête aux bottes et aux vêtements imperméables. Hommage aux petits cafés sympathiques et chaleureux pourvus de Wi-Fi qui permettent de participer au décorum avec un portable et un bol fumant. Car c’est gris en titi…

Dans ce contexte, je ne prendrais la route qu’avec Marguerite (Sur les traces de Marguerite Yourcenar), parapluie enferré dans une main, baluchon bourré de livres et de chaussettes dodues sur le dos.

J’ai raté le mois dernier le visionnement du documentaire Sur les traces de Marguerite Yourcenar, de Marilu Mallet, lors du FIFA (Festival international des films sur l’art), et je suis encore coffrée de regrets. J’ai fouillé sur le NET pour dénicher un endroit où il serait possible de s’émouvoir devant l’œuvre et la vie de la grande dame. Nada. Toutes les dates sont périmées sur le calendrier de mai. J'oserais presque confier le dossier au maire de Québec, monsieur Labeaume, l’homme de toutes les causes désespérées. Si vous avez vent ou traces de ce documentaire, faites-moi signe. Je vous serai éternellement reconnaissante.

Voici un menu pour jours gris, lorsque toutes nos inspirations sont fragmentées dans les tâches et les responsabilités, et que toute aspiration de changements semble noyée dans la flotte.


Pâtes réconfortantes pour un lendemain de veille ou un jour gris


Sauce :

1 conserve de tomates en morceaux (28 oz / 796 ml)
1 conserve de sauce tomates (19 oz/ 540 ml)
1 conserve de pâte de tomates (5 ½ oz/ 156 ml)
4 branches de céleri, haché
2 oignons, en dés
1 mangue ou pêche, en morceaux
2 gousses d’ail, émincées
Herbes de Provence (sarriette, origan, thym, romarin); sel rose, mélange de poivres 7 grains, poivre rose

Pâtes :

Vous trouverez dans les épiceries (demandez à votre épicier) ou les magasins d’aliments naturels, des pâtes de maïs, de riz, ou de quinoa, certaines même en mélange de farine sans gluten (riz et maïs, riz et quinoa, riz et millet, etc.). Chez nous, les favorites sont celles de maïs bio (Pairie Harvest ). Certaines marques maison (par exemple Irresistibles) en offrent. Puisque le blé semble inflammatoire pour plusieurs d’entre nous, pourquoi ne pas profiter d’une occasion santé et faire de nouvelles découvertes.

Cuisson :

Faites sauter les oignons, le céleri, l’ail. Ajouter les tomates, la mangue ou la pêche. Assaisonner au goût. Amener à ébullition et laisser mijoter une à deux heures, très doucement. Si désiré, râpez du parmesan frais au moment de servir.