jeudi 31 mars 2011

Certaines choses ne changent pas

Il y a des choses qui ne changeront jamais. Nous demeurons toujours les enfants de nos parents, et nos enfants, avec leur soubresaut d’indépendance et d’autonomie, démontrent tout de même avec agilité leur besoin de parentage.

Ma fille termine son secondaire, et son programme d’éducation internationale lui fait perdre la « boule » dans les moments de remises de travaux et d’examens, qui, ma foi, sont dignes d’un cursus universitaire. Je ne m’en mêle plus, même si j’ai la dégaine facile, un réflexe utérin bien implanté. Dans ces moments d’angoisse et de fatigue, elle réclame sa mère. Elle y inscrit aussi ses repères réconfortants : « Gilmore girls », tortillas de maïs avec humus, risotto aux asperges et parmesan, glace au chocolat. Je tente de mettre la pédale douce sur le dossier laitage et sucre, mais je n’ai plus tout à fait le contrôle de l’époque, celui du « pouffant » des rires de l’enfance. Je préserve toutefois une fenêtre entrebâillée sur ce tissu tissé serré qu’est la famille, ce qui me permet d’acquiescer à une demande de consolation.

Nous avons partagé à moult reprises des séances boulimiques de cette série inspirée d'un modèle mère-fille, dans un patelin où l’on voudrait toutes vivre – Stars Hollow -, avec un café où l’on rêve de s’y échoir, des personnages qui ont une vitalité et une faculté à rebondir lors d'événements difficiles, un groupe d’amis qu’on voudrait chez soi. Tout cela nous inspire encore et encore. Je crois que nous avons partagé le visionnement des sept saisons au moins sept fois… Et là encore, moment charnière où elle se cherche un travail d’étudiante- dépôts de CV -, où le fameux bal de fin d’année s’annonce en grande pompe, où le rush des travaux dignes d’une recherche de l’ONU bat son plein, ma fille me demande de réécouter « Gilmore girls ». Comment refuser ces moments, sachant que le temps est une donnée non fiable, périssable, qu’on ne sait jamais combien il nous en reste.. Alors, puisque j’aimerai toujours cette vie remplie d’enfants et de tablées où les plats et les discussions partagés sont une richesse inestimable, j’accepte. Je lui dis que « yes, we can », et que « I will always love you ». C’est Lorelai ( Lauren Graham) qui le chante, à Stars Hollow.

Je vais lui apprendre à cuisiner mon riz, le meilleur à vie, d’après mes amis et ma tribu, en vue d’une prochaine série qui nous fera reprendre du cocooning au moment où elle en aura besoin.
Ciel, à quand un film?

mercredi 23 mars 2011

Les vertus du marinage

Sous l’égide du prélude en sol majeur – clavier bien tempéré- de J.S. Bach, je me bute une fois de plus à la conjugaison de mes passions et intérêts. Parfois, je me dis que ma personnalité est emprisonnée dans les phrases, celles-ci emmaillotées dans des bouts de textes, ceux-ci épars dans la pile de dossiers que je tente de prioriser. Un amalgame d’idées qui giclent de partout, entre un potage de courge et pommes, des cretons végé aux lentilles, la lessive, les courses, les rénos, les rendez-vous chez le dentiste, l’ostéopathe, la naturopathe, la vie de mille-pattes, quoi.


Devant cette forêt de projets littéraires, j’exerce le principe du « tas ». Le terme n’est pas très élégant, mais il ne faut pas s’y méprendre, il a ses vertus. Je ramasse tous les cahiers, les chemises d’articles de revues ou journaux, les tablettes quadrillées, lignées (chacune ayant une fonction différente), les textes imprimés, le plan d’action biffé et coloré de surligneurs roses, jaunes ou verts, c’est selon, les images inspirantes, les promotions, les « post- it » — qui ont hérité d’un mot ou d’une phrase pendant que j’étais dans le bain ou en brassant une sauce aux légumes — , et je fais une pile. Je range les plumes, stylos gel, étiquettes, pince-feuilles. C’est « place nette » sur mon bureau. Je vais m’infuser un thé et respire. J’ouvre le réfrigérateur et contemple le nettoyage à venir et soupèse l’idée du prochain repas, mon antidote à l’angoisse étant la cuisine.

Je reviens alors m’installer devant mon écran et choisis une phrase clé qui fouine au-delà du périmètre de la gestion empilée. J’hésite, je me lance, j’étoffe un peu. C’est parfois raboteux. D’autres moments ont du caractère, mais au bout d’un certain temps, si je laisse bien mariner mon cerveau et mes silences, mon doigté s’enfièvre et le bruit se transforme en son. C’est la théorie du marinage : elle change la texture et le goût, l’élève, la magnifie, malaxe les molécules, chasse l’âpreté, insuffle de la virtuosité à ce qui est. Magnifique et ostentatoire. La vitesse perd la course. La macération gagne la médaille d’or.

Et me voilà comblée. Pour un instant. Je suis nourrie jusqu’à la prochaine soif. Toutefois, on doit se prémunir d’un optimisme béat, car il faudra replonger dans la page un peu plus tard, entendre ce qui veut émerger et lui laisser un espace de jeu pour qu’il puisse aiguiller son concerto. C’est une invitation à célébrer l’attente. Risquer de mariner dans la statique temps d’une réponse, d’un choix, d’un événement, et vous serez stupéfaits des résultats.

Judith Leblanc
Analogiquement parlant, une marinade oscarisée, dénommée la marinade à Sarah.


½ t. huile de canola
½ t. huile de carthame
½ t. huile d’olive
Jus de 2 citrons
2 gousses d’ail pressées
1/3 t. Bragg (sauce soya sans sel ni gluten)

Bien mélanger et utiliser à toutes les sauces, avec du poisson ou des pâtes aux légumes!
Se conserve au frigo environ deux semaines.

lundi 21 mars 2011

Il n'est jamais trop tard

J’ai cru avoir de la fumée dans les yeux. J’amorçais à peine ma période d’écriture, face au mur, pendant que sur la cuisinière mijotait un potage au chou-fleur vert, poireaux et pommes — coiffé de curcuma et garam masala —. Déjà, je reniflais l’odeur réconfortante d’être sous un toit d’amour avec en prime un repas nourrissant.

Je me concentrais à trier les fécondes idées qui n’en finissent plus de leur gestation et qui me narguent sur le calendrier qui s’effiloche à une vitesse TGV. Derrière mon dos, j’ai soudainement senti une infidélité printanière, sans pouvoir l’expliquer, comme une femme « sniffe » la chemise du mari qui odore la réunionnite tissée très serrée, très souvent, et très tard, lorsqu’il revient du bureau.

J’ai soudain aperçu cette neige. Duveteuse, lourde, opaque et opaline. Un tableau de carte postale qui nous rend fébriles de romantisme lorsque décembre cogne à la porte et qu’on rêve de biscuits au gingembre. Ce même tableau, au moment où l’on rêve à alléger les vêtements d’extérieur et à se rosir les joues en enfourchant notre vélo, c’est ahurissant.

Histoire de ne pas sombrer dans la « météosensibilité », je songe à tout ce qui est édulcorant : mes amis qui ont marié des couleurs de lin dans mon salon, la salle de bain, et la salle à manger, avec leur énergie qui chante encore et me rende plus zen; le souper chaleureux de samedi chez des copains, gorgé d’olives et de projets; la santé qui est conviée à notre table; mes livres, mes alliés; ma créativité, qui me transporte vers des réalités inconnues; un bain chaud à l’huile d’amande douce et huile essentielle de bergamote; mes plantes qui me susurrent à l’oreille que la cour reverdira un jour ou l’autre.
Finalement, je réalise qu’il n’est jamais trop tard pour s’offrir notre saison favorite. Il suffit de souffler sur l’écran de fumée devant nos yeux.

vendredi 18 mars 2011

Les antiquités technologiques

Lors d'un souper, nous racontions aux enfants l'époque hallucinante de la rédaction d'un mémoire de maîtrise, avec les dactylos (pour le père), et avec mon Mc Intosh 128 K, moi l'avant-gardiste qui avait englouti mon prêt étudiant pour l'achat d'un Mac (3000$ !!!!). Ils avaient peine à me croire avec mes K.

Tout va vite. En technologie, avant-gardiste un jour, dinosaure peu de temps après. Je ne comprends toujours pas l'importance de toujours aller plus vite, plus haut et plus big et  nous croyons se diriger, mais bon, c'est vendredi... 

Si vous voulez sourire, dégustez cette vidéo où l'on présente des objets technologiques aux enfants qui ne savent absolument pas à quoi ils servent....  

mardi 15 mars 2011

Ma marmotte a vu son ombre

Notre chatte, Pirouline, qui a la taille et le tempérament d'une marmotte, est sortie sur le balcon. Pas seulement le bout de son nez, mais bien de toute sa fourrure épanouie...

Peureuse et effrayée par tout et n'importe quoi, y compris un éternuement ou son ombre, elle a osé. C'est un signe. Elle a sniffé, la queue frétillante et fière, un air de printemps. Ce moment qu'on espère et vénère. Ce divin soleil, comme une bénédiction.
Si vous n'êtes pas certain des prédictions de Pirouline, vous pouvez vous joindre à la demande du groupe ci-dessous.


lundi 14 mars 2011

La fourchette lumineuse

Encore dans la veine de se dire notre importance, à notre amour, nos enfants, nos amis, nos voisins, et de croire à la portée de nos sourires, de nos gestes altruistes, de notre compassion, se rappeler que nous pouvons mettre de la lumière là où l'ombre s'installe. En fait, il n'y a que nous et seulement nous qui pouvons faire la différence. La paix extérieure est une version améliorée de nous-mêmes.

Mon chéri m'a fait suivre ceci. On ne se lasse pas des crooners, ni des mots réconfortants. Il se peut que j'illumine la vie des miens par ma présence, mais je soupçonne les vertus de la fourchette. J'y dépose des vitamines aux vertus magiques, à la conscience de l'essentiel. Comme si l'eau à la bouche souriante était aussi une voie possible pour saupoudrer notre place dans ce Monde.

vendredi 11 mars 2011

L'importance de se dire notre importance

De tous les repas que nous prenons en grande pompe, à la hâte ou à la chandelle, je préfère le petit déjeuner. Le pain grillé, les fruits colorés plus vivants que nature, le thé sencha bien fumant, c’est comme un coin de mer bleue en plein hiver. C’est le premier geste annonciateur du reste de la journée. La musique choisie, les regards, les « good morning » bien sonnés, les tendresses et les sourires, les éclats de rire, le planning de chacun partagé entre deux bouchées de chocolatine et du smoothie, tous ces préludes sont les premières notes d’une composition qui feront un « tube » ou qui grincera dans les oreilles le jour durant.


On sous-estime l’importance des atmosphères, des mots du commencement de chaque instant, le matin étant propice au démarrage d’une énergie porteuse de créativité, de partage, d’énergie, qui se répandra comme des confettis au vent, contre pluies et bêtises du monde extérieur.

Mon chéri m’a dédié, par envoi de courriel, la chanson Raconte-moi, de Stacy Kent, sachant que mon rituel de démarrage d’écriture du matin se réchauffe sur le Web. Ce colis inattendu, mignonne et coquine attention, m’a fait craquer. J’ai même perdu en route mon thème planifié. Mon cerveau a bifurqué vers l’importance de se dire notre importance. Qui peut être certain que demain, on ne se retrouvera pas dans une zone sinistrée, une inondation, un tremblement de terre, ou une mise en échec débilitante sur une patinoire, qui, de surcroît, est tolérée.

Alors, profitons, profitons donc.

" Je ne demande rien de ta vie que de la vivre avec toi..."

jeudi 10 mars 2011

Mars, le têtu

Le mois de mars est résolument têtu. Il nous courtise avec des airs de printemps et, quelques matins plus tatd, reprend ses droits  avec un manteau de tempêtes nous rappellant que l'hiver n'est pas terminé. Il est convainquant. Vente de blanc. Plus blanc que blanc. Les enfants en sont toutefois heureux, car en congé scolaire.

Habillés mous, on se permet de flâner en écoutant - encore- Gilmore Girls, avec permission de grignoter devant la télé (des crudités pour eux, des biscuits de riz avec humus pour moi). L'autre ado est branché de toute part et s'amuse avec ses amis. Un air de plénitude derrière les fenêtres envahies par l'avalanche. Après une période - fortement suggérée- de travaux académiques, on plongera dans une histoire livresque.
Qu'il est bon d'être bien chez soi quand tout se bouscule dehors.


Je choisis une cuisine réconfortante. Ce midi, un gratin dauphinois pour eux (recette de Ricardo, revue de décembre), et un millet au kale et lentilles pour moi.

Ce soir, un couscous aux légumes honorera notre table et notre âme.

Ingrédients:

1/2 tasse de couscous de blé ou de manioc (pour les personnes intolérantes au blé)
Légumes coupés en morceaux:  1 oignon- 3 carottes - 1 courgette - 1 patate douce - céleri-rave- 2 panais
1 tasse de jus d'orange, d'eau ou de bouillon de légumes
Pois chiches en conserve, rincés et égouttés
Tomates en morceaux, en conserve
Mélange d'épices à couscous de la Clef des champs (1 à 2 c. à thé, au goût) ou coriandre, cumin, cari, thym, poivre
Sel rose ou fleur de sel à la fin de la cuisson

Faire sauter l'oignon jusqu'à transparence. Ajouter les autres légumes et les épices à couscous. Bien mélanger. Ajouter les tomates et environ 1 tasse d'eau jusqu'à recouvrement des légumes. Pendant la cuisson des légumes, déposer les grains de couscous dans un tajine et verser le liquide choisi. Laisser reposer.
Tranférer les légumes cuits dans le tajine, ensuite les pois chiches et enfin, ajuster l'assaisonnement.
Mettre au four préchauffé à 350 degrés pendant 15 à 20 minutes. Un pur délice!



mardi 8 mars 2011

Pour le meilleur et la maternité?

Nous sommes le 8 mars, Journée internationale des femmes. L’idée de souligner cette journée, à l’origine, était de percer le mur des iniquités et de l’oppression afin de créer une société qui favorise, de façon équitable, un milieu de vie où chacun prend sa place et peut s’accomplir. Tout ça, dans le meilleur des mondes.


Dans les faits, la condition féminine s’est améliorée, mais le fondement demeure le même. La majorité des femmes œuvrent dans l’ombre. Elles réussissent avec brio tout au long du parcours scolaire, encore plus performantes aux études supérieures. Toutefois, lorsque vient le moment de s’affranchir sur le marché du travail, elles sont moins rémunérées : en 2005, les femmes gagnaient en moyenne 26 800$ par année, comparativement à 41 900$ par année pour les hommes. Elles n’occupent qu’à 14 % les conseils d’administration, et constituent 68 % du personnel à temps partiel. Finalement, 60 % des personnes recevant le salaire minimum sont des femmes. La question qui suit nous taraude tous : pourquoi?

Parce que les femmes sont encore tributaires de la vie familiale, même si on perçoit de plus en plus d’engagements de la part des pères. Elles portent la maternité dans leur bedon rond, mais aussi sur les épaules. Elles sont enceintes, bien sûr, avec la responsabilité de la santé, celle de procurer au petit tout ce qui contribuera au meilleur développement. Elles s’engagent dans l’allaitement, toujours pour le meilleur, exigent d’elles-mêmes une présence – ou omniprésence — au plus-que-parfait, pour le meilleur équilibre de la famille. Elles assurent souvent (et encore) plus de tâches domestiques pour le meilleur environnement du nid. Elles s’appliquent à la supervision et à l’aide aux travaux scolaires, pour la meilleure réussite des rejetons. Elles entendent en écho, de la vallée des intervenants du milieu médical et psychologique, LEUR responsabilité au regard d’une problématique avec l’enfant. Bref, c’est la faute de la mère, quoi qu’il advienne.

On nous dit que c’est un choix. D’accord. Si vénérable, louable et pétillant soit-il, il n’en demeure pas moins que peu importe l’historique féminin, soit mettre au monde les enfants, investir de son temps et son savoir, les nourrir, les éduquer, en prendre soin et les soigner, veiller à l'harmonie du nid, la femme finira ses jours plus pauvre que son chéri, son voisin, son frère. Elle cumulera moins d’ancienneté lors de son parcours professionnel, parviendra plus difficilement à s’assurer d’une épargne en cas d’arrêt de travail, de maladie, d’événements imprévisibles, ou de séparations. Elle n’aura pas nécessairement accès à certains postes, car mine de rien, on se positionne encore selon sa disponibilité entière ou partielle (entendre avec ou sans enfants) à l’entreprise. Plusieurs femmes refuseront certains défis professionnels ou artistiques, car c'est encore difficile à concilier par le peu de mesures de soutien.


Certaines seront médaillées « platine » en acrobatie de vie personnelle-sociale-familiale-travail et goûteront à l'accomplissement dans plusieurs sphères de vie. D’autres se retrouveront seules, le cœur meurtri d’avoir trop donné et amères d’avoir perdu le combat féministe. La reconnaissance du travail féminin, au cœur d’une société, est loin d’être achevée. Courage, les filles. L’aventure humaine est encore à ses balbutiements.

Lire : Les femmes dans le rétroviseur, de Lise Payette, Le Devoir, 8 mars 2011. Quelques souvenirs d’enseignements exposés aux filles afin de les préparer au mariage. Et ce n’est pas issu de l’âge des cavernes.

jeudi 3 mars 2011

Des matins glorieux

Ce matin, je suis allée me promener dans l’Île-des-Moulins. Le froid était saisissant, griffant presque le visage, et la rivière semblait fougueuse et ragaillardie. En même temps, une énergie printanière se faufilait dans une bruine discrète.


Je marchais d’un bon pas, emballée de duvet, juste assez pour ne pas grelotter et pas trop pour me sentir sanglée dans mes vêtements d’hiver. La note parfaite. Au fil du temps, je reconnais certains marcheurs, ce ajoutant du soleil à la lumière de l’aube. En souriant à chaque oiseau et chaque randonneur, j’ai pris conscience d’un rituel de notre tribu. Les gens se saluent d’emblée dès le croisement d’une âme piétonne. Quel plaisir! Systématiquement, ils nous offrent des souhaits de « bonne journée », sans distinction d’âge, de couleur ou d’accoutrement. Et au moment où l'on quitte les sentiers, chacun reprend sa vie indépendante en s’isolant de quelques pas de ce contact chaleureux. Étrange, non? Qui, au garage, à l’épicerie ou au centre commercial vous salue de cette manière en matinée? On se questionnerait sur ses intentions…

J’ai goûté à plein régime de ce matin glorieux. Un bout de rivière était gelé, mais un espace s’éventrait en plein milieu, où le jaillissement d’une eau limpide ne demandait qu’à s’exprimer. C’est du moins mon interprétation. Et c’est là que j’ai eu une idée : partir à Paris, la lumineuse, en mai, en solo. Me promener dans les jardins florissants, bouquiner, lire et écrire dans les cafés et les bistrots, laisser émerger des liasses d’inspiration, explorer les musées et dénicher des petits racoins en marchant jusqu’à satiété. Se perdre dans Paris, juste pour le plaisir de découvrir. Me retrouver, juste pour la lumière qui jaillit lorsqu’on risque de s’affranchir de notre zone de confort. Comme le courant d’eau qui exulte de sa masse glacée.

mardi 1 mars 2011

Sans viande pour âmes sensibles

Mars est le mois de la nutrition. Depuis vendredi dernier, Josée Blanchette, journaliste au Devoir, nous a abreuvés d’informations concernant le traitement des animaux abattus pour notre gargantuesque consommation de viandes. Elle annonce la parution du livre Faut-il manger les animaux? , de Jonathan Safran Foer, ce qui provoque, d’entrée de jeu, une remise en question de nos habitudes alimentaires nord-américaines. Il est tout de même stupéfiant de constater que nous ne voulons pas connaître les us et coutumes de notre production agricole, car nous sommes dépendants et trop « attachés » à notre routine de cuisine. Il semble plus aisé – et moins culpabilisant — de lever le drapeau sur les gestes odieux posés dans les autres pays. Et ne pas reconnaître ce qui se fait chez nous.


« Je ne vous fais pas grâce des cochons qu’on sèvre à quinze jours (plutôt que quinze semaines dans la nature), à qui on arrache les dents, coupe la queue et testicules à froid (les anesthésiants coûtent cher), à qui on retire le gêne du « stress » (parce qu’il affecte la viande), des truies qui accouchent dans leur merde (lisier). (…) Je ne vous fais pas grâce des poulets qui vivent plus près de l’agonie que du paradis, dans des cages où on a d’autres choix que de les débecquer et qui bénéficient de l’espace vital de la dimension d’un livre ouvert. Je vous fais grâce du transport et de toutes les étapes de l’abattage, un pur cauchemar. » Le Devoir, vendredi 25 février 2011

J’ai visionné sur son blogue, hier, le clip Sans viande, avec sexe et sans regret. J'anticipais la difficulté à constater la vérité. Allons-nous faire l’autruche encore bien longtemps, me suis-je dit, et faire comme si on ne le savait pas? J’ai plongé. Regardé. Bouché les oreilles un moment. Supporter les nausées avec la chair de poule, pour me permettre ce jeu de mots. Me suis répétée que nous sommes complices de ces atrocités à chaque fois que l’on achète de la viande au supermarché (450 milliards d’animaux élevés industriellement chaque année sur la planète, selon la FAO (Food and Agriculture Organization).

Nous avons toutes les connaissances pour faire autrement. Les richesses agricoles ont de quoi nourrir toute la planète. Privilégier des lentilles plutôt que du foie gras, voilà un menu où j’ai la conscience tranquille. Choisir des petits éleveurs locaux où l’on est certains que les animaux sont bien traités. Remettre en promotion mes livres de recettes végétariennes. S'affranchir de la psychose des protéines. Dénicher et encourager des restos où l’on offre des mets qui nous ravitaillent vraiment.

Si vous n’êtes pas convaincus après ce clip, vous pouvez poursuivre votre réflexion en visionnant le film d’Hugo Latulipe, sur le site de l’ONF : Bacon, le film (2001). Juste à temps avant d’acheter les jambons de Pâques.

Qu’on ose me parler désormais du terrorisme d'ailleurs.