vendredi 23 décembre 2011

Les cloches sonnent

Un matin blanc, de la même tonalité que les teints blafards de décembre. Cette neige, tant attendue, est déposée sur nos terres, tel un cadeau. Des sourires de fête collés de sucre à la crème sont arborés dans la maison. Puisque mes biscuits, mes tourtières, mes petits pots de beurre de caramel salé, ma dinde bio et mon ketchup de canneberges sont amarrés pour le réveillon, c’est avec la gorge enflammée et le regard béat devant mon sapin éclairé que je prends un thé bilan 2011. J’aime faire ce rituel le Premier de l'an, mais j’acclimate doucement cette transition.


J’ai déposé ma liste de souhaits pour 2012, même si je la peaufine et la triture encore chaque jour florissant en incidents.

Quoi qu’il advienne, s’accrocher: la vie nous propose des événements qui parfois nous déroutent. Je souhaite être en mesure de me tenir debout, en pleine conscience du moment présent, avec toute la gratitude possible.

• Faire l’éloge de la gentillesse et de la bonté : ce siècle de performance nous a fait perdre nos repères de réussite. Puissions-nous contacter ce fil ténu*.

• Tout comme Miss Potter, je rêve que chacun puisse prendre sa place dans le monde, à sa manière;

• Et avoir un toit, s’asseoir autour d’une table et manger à sa faim.

• Que notre langue française demeure notre fierté, notre culture et notre force, qu’on la préserve de l’incongruité des décideurs.

• Que nous soyons conscients et respectueux de nos richesses, sans les dilapider et les abimer : nos enfants, nos animaux, nos terres, nos ressources naturelles.

• Qu’on s’indigne devant les aberrations, qu’on apprenne à dire « ça suffit »!

• Qu’on en finisse avec la hausse des frais de scolarité : je rêve d’un pays où l’accès universel aux études est ancré dans un système qui croit que l’éducation est le pilier du développement. Avec le taux d’analphabétisme qui sévit, se rappeler que Lire est le propre de l’homme ( L’École des loisirs, France) et qu’il est inadmissible que cet état de fait colore ENCORE de rouge nos statistiques, au XXI e siècle.

Côté orageux :

J’ai perdu cette foi et ce fébrile engouement des années 76 où l’on carburait pour un pays meilleur, dans un espace où tout semblait possible, où la conscience et l’union s’abreuvaient à la soif de vivre. Nous étions 6 millions et on se parlait en français. Nous tintinnabulons les 8 millions, pour 2012, avec un avenir au gaz de schiste, aux armes à feu, à la répression, à notre retrait de Kyoto, aux frais de scolarité qui rendront les études inaccessibles, aux coupes budgétaires des secteurs d’aide communautaire, à une propagande de peur vêtue de parures royales. Jamais je n’aurais cru avoir honte d’arborer mon passeport de citoyenne canadienne. Vincent Marissal a raison (La Presse, 21 décembre) : M. Harper, il est moche votre Canada

Côté ensoleillé :

« Il y a quelque chose de délicieux dans le fait d’écrire les premiers mots d’une histoire. On ne sait jamais où ces mots vont nous mener. Les miens m’ont conduit jusqu’ici. » Béatrix Potter

Écrire ce blogue en votre compagnie a été une pure magie. Mes Billets de saison ont été le printemps d’une nouvelle vie et je tiens à vous remercier du fond du cœur d’être les témoins de cette histoire qui me mènera je ne sais où. Vous êtes les premiers mots d’un conte qui se déploie.

Et les contes, c’est important, dit Fred Pellerin, c’est comme une fente de brillance

Je vous souhaite le meilleur, tout plein.

On se revoit bientôt.

* « Réussir, c’est bien sûr aller au bout de soi-même et tant mieux si l’on vous écoute et tant pis si les badauds passent leur chemin sans trop vous apercevoir. Échouer, c’est renoncer, cesser de lutter et prendre la place qu’on vous propose, docilement (…).Mais le vrai succès, c’est rencontrer des alliés, des complices, des ennemis, des juges, on se situe, on existe vraiment, on compte pour vrai! Je connais des tas de gens qui ont réussi et qui n’ont pourtant pas leurs noms en lettres d’or ou leurs photos bien léchées dans les magazines et n’apparaissant jamais à la télévision. Ils ont réussi parce qu’ils cherchent encore, entourés de confiance, encerclés de dangers, vivants, rayonnants, et forcément modestes, puisqu’ils ne comprennent pas davantage l’admiration que leur témoignent certains, que le mépris dans lequel d’autres les tiennent. (…) Seul l’acharnement triomphe, avec le temps. » Robert Lalonde


Marcel Gagnon

mercredi 21 décembre 2011

Il est minuit moins dix

Je suis enfarinée de mes expériences de pâtes à tarte (sans gluten) tout en étant enjouée de cette créativité alimentaire festive. Mes amis, toqués de ma cuisine, signent et persistent pour que j’offre un atelier culinaire santé, coloré, qui élève nos papilles en même temps que notre énergie. Ils m’entendent partager mes découvertes, mes lectures, saisissent le travail effectué de vulgarisation et de transformation, et surtout, goûtent aux résultats. Et là, ils craquent et me demandent de répandre la bonne nouvelle. Il semble qu'on manque d'informations et d'astuces...

Je dépose ce projet dans mon baluchon 2012, en même temps que la publication de mes Billets de saison, un recueil des meilleurs billets et chroniques, avec une touche gourmande, soit avec des recettes qui embaument le contexte. L’écriture de mes Billets, exutoire à une situation imprévisible qui a secoué ma vie, il y a quelques années, est sur le point de me conduire vers un sentier fantaisiste qui dépasse mon imaginaire. Je dépose chaque pas sur le fil d’Ariane de mes passions, avec les papillons et les étoiles au ciel de mes rêves, une façon d’écrire la vie et de la déguster.

Comme cadeau, aujourd’hui, je vous offre une « recette-succès » qui se déguste tel un baume sur le cœur de nos amours. Dès la première bouchée, on est déjà heureux. Sans culpabilité, on savoure ces brownies avec un thé – le bonheur infusé – puisqu’il ne s’agit que d’aliments santé, sans farine et sucre raffiné. Il est minuit moins dix, il est encore temps.

Brownies  (recette de Julie Audette, tirée du livre The Healthiest Meals on Earth, Jonny Bowden, Ph.D)

Ingrédients:

• 1 ¼ t. de dattes dénoyautées
• 9 c. table de poudre de cacao de qualité
• ¼ t. d’huile de noix de macadamia (j’ai utilisé de l’huile de noix de Grenoble)
• ½ t. de nectar d’agave (disponible dans les magasins d’aliments naturels ou en le demandant à votre épicier)
• 2 t. (450 g) de pois chiches en conserve, rincés et drainés
• 4 œufs, bio de préférence
• ½ c. à thé de poudre à pâte (poudre à lever ou levure chimique)
• 1 c. thé de cannelle moulue

Préparation :

1. Préchauffer le four à 350 degrés F. Mettre les dattes dans une tasse à mesurer pour liquide et les couvrir d’eau chaude en les recouvrant au complet. Laisser reposer pendant environ dix minutes. Jeter le quart de l’eau des dattes et mettre le reste au mélangeur ou au robot culinaire afin d’obtenir une pâte lisse de dattes et eau.

2. Mettre la pâte de dattes dans un grand bol et y ajouter le cacao, l’huile, le nectar d’agave et bien mélanger le tout. Réserver.

3. Combiner les haricots et les œufs au mélangeur ou au robot et mélanger jusqu’à obtention d’un mélange soyeux. Réserver.

4. Ajouter la préparation de dattes à la préparation de haricots et bien mélanger.

5. Ajouter la poudre à pâte et la cannelle à la préparation. Bien mélanger.

6. Verser le mélange dans un moule à gâteau antiadhésif de 9 po (23 cm) ou dans une assiette à tarte. (Si c’est en verre, huiler le plat)

7. Mettre au four pendant environ 45 – 50 minutes, selon votre four. Laisser refroidir au moins 15 minutes, couper en morceaux et servir. Réfrigérer le reste.

Pour rendre justice à ce délice, une photo de Richard Champagne, Le Pixel Fou aurait été appropriée!
Un autre souhait 2012...

mercredi 14 décembre 2011

Il est minuit moins quart

J’ai le goût d’un rigodon, un je-ne-sais-quoi qui ressemblerait à décembre, sans les nerfs à vif, quelque chose qui ferait sourire entre « Le sapin a des boules » et les acheteurs compulsifs.


Rien n’est amorcé dans la cuisine, mais on ne peut que se pourlécher les babines. Le caramel à la fleur de sel, les scones aux pacanes et aux épices, les biscuits au gingembre, les sablés, mon célèbre gâteau aux fruits, du sucre à la crème et au chocolat blanc, mes tourtes au dindon bio, ma nouvelle pâte sans gluten à développer.





Les recettes et les intentions cuisent sur le coin du comptoir de la gastronomie. Ma dinde bio de chez Angèle est au bercail, première et unique concrétisation du réveillon du 24 décembre. L’évidence, c’est que je suis vraiment en retard. Les enfants réclament les petits-beurre décorés de sapin vert fluo de Pillsbury, c'est dire à quel point c’est pathétique.

Pendant que j’essaie de reconquérir mes centaines de textes – « Laissez parler les petits papiers » -, le thermomètre ne cesse d’augmenter et délave le concept d’un Noël blanc. Mon répertoire de musique pour cette période joue en boucle dans le lecteur, l’ambiance y gagne. Un pyjama de flanelle rouge et « Le miracle de la 34e rue » sonneront le glas de l’ouverture officielle de l’atelier culinaire de la mère Noëlle.

Tant qu’il est minuit moins quart, il n’est pas trop tard, je me dis, en prenant une grande inspiration.


mardi 13 décembre 2011

Décembre rétrécit

Décembre rétrécit. Il fond comme de l’huile de noix de coco dans la poêle, ou du beurre non salé pour faire cuire des scones aux pacanes, c’est selon vos éventails alimentaires. Ça sent la cannelle dans la maison, mais je n’ai aucunement saupoudré mes pains de cette épice joyeuse. J’ai Noël dans le nez, ou je deviens folle, c’est déroutant. Le calendrier s’effiloche et il me semble qu’une maille s’échappe de mon organisation de jour en jour. J'ai un dossier de recettes à explorer qui ne cesse de se farcir.


J’essaie d’écrire mes Billets gourmands, mais je ne tiens pas en place. Je me lève, infuse un autre thé vert, un Nagashima du Japon. Reprends la liste des souhaits de mes amours, ai une idée, me rend au centre commercial. Là, j’étouffe, des phrases me harcèlent pour mon Billet, je griffonne dans mon carnet en me faisant culbuter par des sacs débordant de factures à assumer en janvier. Je reviens à la maison, décide de cuire un pain. Non, tiens, j’en ferai deux, sarrasin aux bleuets et riz, châtaigne et amandes, de façon à libérer du temps pour demain. Les courriels, les téléphones, quelques tâches domestiques, en désespoir de cause. Je me demande ce qu’on bouffera pour le souper. Le clan est fatigué, les examens des ados les rendent exécrables, ce n’est pas le moment de festoyer en vert et en poisson. On misera sur les pastas et le rouge.

Une heure à la fois, c’est la seule solution. Se scotcher sur la chaise et pianoter sur le clavier. Apprécier l’heure bleue et respirer la muscade en focalisant l’essentiel. Glenn Gould, l’amour, la gratitude, le privilège de pouvoir créer au chaud avec les miens. On cuisinera le « sucre à la crème » et les scones aux pacanes de Ricardo demain, on ira à la librairie demain, on assistera au spectacle de Susie Arioli demain.

La fée des étoiles est à nos côtés, profitons-en!

Magie, de Lynn Garceau

vendredi 9 décembre 2011

Maison de pain d'épices

Il y a des maisons en pain d’épices, des chaumières en forêt, des maisons cadenassées aux festivités, d’autres qui chantent en cœur avec un band de musique. Chacune a sa couleur, sa forme, sa cadence, son odeur et ses saveurs. Épices de Provence pour la sauce tomates, curcuma et cari pour la soupe aux lentilles, cardamome et cannelle pour les œuvres pâtissières.


L’escargot traîne son habitat sur sa route. Quant à nous, la forme et la texture de notre toit reflètent nos tempéraments, de ruche, de nid, ou d’œufs relâchés sur la plage. Côté littérature, nous avons les maisons hantées : Le prince de la brume, Carlos Zafon (Robert Laffont); La petite fille aux allumettes (conte d’Andersen), ou de façon plus contemporaine, une maison jaune en perpétuelle rénovation, Bonheur, es-tu là?, de Francine Ruel (Libre expression). Une chambre à soi, de Virginia Woolf, délimitait un droit territorial qui a mis des siècles à s’affranchir. Petite Plaisance, maison de charme et de poésie de Marguerite Yourcenar, est le symbole d’une vie de création dans un lieu de beauté simple et pure de la nature du Maine. J’ai revu avec un plaisir incommensurable, ce documentaire diffusé sur TV5 cette semaine, Sur les traces de Marguerite Yourcenar.

De toutes les époques, l’homo sapiens a cherché à s’abriter et à étoffer son environnement pour en faire une zone protégée, accueillante où il peut se développer. Dans un pays mal isolé qu’est le nôtre, l’idée de s’installer au coin du feu pour lire, savourer une boisson chaude ou se déposer est un enchantement et un privilège inégalés.

C’est le temps des sapins, des guignolées, des réflexions au sujet des petits bonheurs à distribuer pour la fête de Noël. Sous mon toit, cette année, je souhaite offrir du « home made » : des biscottis, confitures, sauces pour pâtes, pains et muffins, gâteaux aux fruits, carrés d’amandes au chocolat et fleur de sel, entre autres. Chaque fois que le paysage blanchit de cette pluie céleste, c’est mon fourneau qui se réchauffe et Paul Anka qui chantonne.

Paysages, oeuvre de Marcel Gagnon
S’ajoute un projet à plus long terme: écrire, pour chacun des enfants, un livre de leurs recettes favorites, avec photos et anecdotes de vie familiale, de la purée de poires jusqu’au macaroni au fromage, en passant par le truchement d’un filet de sole, sauce pesto, avec mon notoire riz. Cadeau à remettre le jour où ils quitteront le nid. J’apprendrai donc à photographier macro.


Je vais de ce pas m’offrir un appareil photo, que je déposerai sous le sapin, emballé, avec la dédicace : À moi, de moi, avec amour…

dimanche 4 décembre 2011

Les yeux mouillés

Il a les yeux mouillés. Le coeur en miettes.

Il pleut.

Je sais, avec le temps, ce ne sera plus le déluge.

Mais à seize ans, ça blesse, ça meurtrit, ça cabosse.

Avec le temps, ça forgera, ça sculptera, ça formera.

Mais en attendant, mon impuissance de mère grince dans mes entrailles. J’aimerais extirper cette douleur corrosive, mais sauvegarder l’expérience qui fait grandir.


vendredi 25 novembre 2011

Des anges et des microbes

Hier soir, j’ai assisté au spectacle de Florence K, Havana Angels, au théâtre du Vieux-Terrebonne (TVT). De la magie pure. Anges et archanges étaient conviés. De la volupté, de la sensualité, une connivence avec ses musiciens exceptionnels, un brin d’humour, festif comme Noël, délicat et raffiné comme une pièce montée. L’immense sapin de Sherbrooke s’est illuminé jusqu’à la rivière des Mille-Îles. Gorgeous!


Je n’aurais pu imaginer qu’à travers cet enchantement, des virus avaient aussi leurs tickets.

Je me suis réveillée avec chaque parcelle de mon corps endolorie, le dessous des pieds jusqu’au cerveau, comme si un camion de dix tonnes avait roulé sur moi dans une rue de Montréal. Je me suis écroulée dans la grippe comme dans un cratère de Montréal, sans avertissements, sans affiches cohérentes, sournoises comme les indications pour détaler de l’aéroport Pierre-Eliot Trudeau.

Les touches sur le clavier font un boucan d’enfer. Ma salive tente de suivre son cours, mais on jurerait qu’un boa constrictor a fait son nid. Je suis prisonnière d'un igloo. Mes jambes ont escaladé le Kilimandjaro. Tout pour rappeler que nous sommes mortels. J’ai sorti l’arsenal des huiles essentielles, la première pour me frictionner (ravinstara) et l'autre pour inhaler (lavande). J'ai ingurgité deux litres d’eau et de thé vert, ingéré des capsules d’ail. Me suis bordée dans mon pyjama de flanelle à pois roses et mes chaussettes dodues. Enfouie dans mon lit. Me concocterai, ce midi, un bouillon qui fera la chasse aux microbes. (Trancher 3-4 oignons et les déposer dans un chaudron avec au moins un litre d’eau; faites mijoter à feu doux pendant une heure. Filtrer et boire à petites gorgées ce puissant nectar).

Et je dormirai, dormirai, dormirai…sur les ailes d'un ange.

mercredi 23 novembre 2011

Tout de blanc vêtu

Au réveil, j’ai eu l’impression de débarquer d’une autre planète. Opaque blancheur, faisant un pied de nez au verdoyant gazon qui trônait jusqu’à hier. Je viens à peine de ranger ma garde-robe estivale, et me retrouve envahie par les bacs d’accessoires ayant comme mission de conjuguer ce paysage poudreux. Qu’on nous prévienne ou pas, c’est toujours le branle-bas de combat lors du premier matin neigeux.


J’ai triché sur la politique musicale de la maison qui consiste à attendre le premier jour de décembre pour faire jouer notre sélection musicale de Noël, afin d’éviter la crise de nerfs le soir du réveillon, en overdose d’Ave Maria. Ce matin, donc, devant ce décor bucolique, j’ai craqué. Niché le CD de Frank Sinatra dans le lecteur .



Je sais. Il fera 10 degrés dans les prochains jours, mais l’ambiance festive me gagne. Et si je n’allais pas à l’aéroport repêcher des amies, je testerais une recette de biscuits « sur mon heure de dîner »… J’ai déjà sélectionné certaines expérimentations à confectionner avec les propositions de Ricardo, de Josée di Stasio et de Stefano.
Mes billets pour les spectacles de Florence K. (Havana Angels), le 24 novembre, et Susie Arioli (Christmas dreaming), le 14 décembre, sont placardés sur le frigo. En prime, ceux pour le concert de Noël du Lyric Theater Singers, pour le 4 décembre à la salle Tudor de La Maison Ogilvy.

J’ai aussi ajouté une touche victorienne à mon élan festif. Souhaité et reçu  « Contes de Noël » (Seuil). Je m’autorise à plonger goulument dans Maupassant et Dickens à partir de décembre. Des filaments de magie nous étreindront, car je songe à faire la lecture à la tribu, histoire de « cocooner » nos cœurs d’enfants.


Je jubile. En attendant de prendre la route.

jeudi 17 novembre 2011

Laissez parler les petits papiers...

J’essaie de dresser un horaire d’écriture comme on dompte un cheval sauvage. Le mien est fougueux, appâté par les carottes, époumoné par les courses et tâches dites domestiques. Le tohu-bohu du quotidien, un sentier à clairsemer jusqu'à l'éternité.

J’ai tout plein de petits cahiers, rouge, bourgogne à carreaux, des tablettes à feuilles jaunes, des fugaces papiers insérés ici et là dans ces reliures, des « post-it » plaqués partout. Aussi, un calepin à spirale qui me suit. J’y consigne des mots, des idées, des livres à lire, des rendez-vous. Des phrases qui s’acharnent dans mon cerveau jusqu’à le marteler. C’est la raison pour laquelle j’ai abdiqué et commencé à noter, plutôt que de jouer au conquistador avec cette vie parallèle – qui finit par bousculer, quand même. Mes personnages sont éparpillés comme une famille disloquée voulant se composer sous le même toit. Magella et Gloria, par exemple, ont des pans d’histoire dans tous les livrets.

Me retrouve donc écartelée entre ce beau monde, qui carillonne pour posséder chair et âme. Ils rechignent et dandinent dans mon espace jusqu’à la nuit, surtout la nuit. J’ai alors décidé de consacrer plusieurs jours à fouiner dans tous ces petits papiers et c’est l’évidence, il y a embouteillage de vies éparses et désarticulées chuchotant fiévreusement le manque de « scène ».



J’étale le tout, et agrège le matériel. Chaque personnage aura son cahier – quel plaisir de se perdre dans une papeterie—, et je me cramponnerai sur chacun d’eux, leur histoire, leur secret, leur envie, sur chaque bouffée de vie qui toquera à mes oreilles. Je vais remuer chaque lambeau et l’élever jusqu’à son lieu identitaire.

Ruminerai.
Apprendrai le phénomène de la fermentation.
Abriterai mes créatures avec une doudou lorsque j'entendrai : "Qu'est-ce qu'on mange?"

lundi 14 novembre 2011

Les réseaux sociaux, version hilarante

Sourire, et rire, de surcroît, c’est bon pour la santé. Les hormones se configurent différemment, l’aspect théâtral du quotidien prend un visage plus harmonieux, le niveau de stress diminue. Plus encore, c’est un antidouleur qui a fait ses preuves. Éclater de rire pendant une bouffée de ménopause permettrait de réorganiser le thermostat et d’harmoniser les fonctions fébriles du système digestif.


Si vous n'avez pas encore médité, marché, ou gymmé, aujourd’hui, et que la culpabilité vous envahit, il reste toujours la possibilité de rire. Coudoyez des personnes comiques, visionnez des films, des vidéos, les choix sont multiples, selon notre signe ou notre personnalité. L’important serait de permettre à notre cerveau d’éprouver ce plaisir afin qu’il produise les hormones du bonheur – sérotonine et dopamine — ce qui fortifie notre système immunitaire.

Voici une pratique pour de dérouillage. Car, malheureusement, il faut réapprendre à rire, cette coutume ayant été perdue dans les états de compte, les bouchons de circulation et les courriels.

Version hilarante de nos nouvelles habitudes sociales :


vendredi 11 novembre 2011

Le 11-11-11 et sept milliards d'occasions de partager

J’imagine que les économistes auront une certaine frousse à 11 h 11 ce matin. Pour d’autres, ce sera un signe que les humains sont devenus capables de transformation et que l’aube d’une ère nouvelle a sonné le glas. Des militants crieront à l’injustice, à l’iniquité et à l’exploitation pendant qu’ils se feront évincer des places publiques, car c'est trop dérangeant pour nos politiques. Quant à ceux qui détiennent le pouvoir — quelques richissimes qui contrôlent les rouages financiers de la planète, et qui, grâce à notre système capitaliste bien rodé, s’enrichissent de plus en plus —, ce sera peut-être une opportunité de plus pour tirer sur les ficelles du profit.


Pour moi, toutes les occasions de réfléchir et d’enrichir mon âme et mon cœur sont louables. Des chiffres, des dates, des journées, ou encore des saisons, je capture à la volée ces moments pour améliorer une version de moi-même. Je méditerai, donc, et serai aux aguets des gestes à porter sur le parvis de mon quotidien qui n’éclate pas sur la place publique, mais qui a son esplanade. Je cuisinerai une pizza de courges et serai remplie de gratitude : avoir un toit, un repas, de l’eau, c’est loin d’être le cas pour la majorité des 7 milliards d’individus. J'ai donc préparé mon coussin de méditation et enfilé mes petites bottes rouges.


Et j’écouterai en boucle cette chanson qui corrobore le fait que l’art, la musique en particulier, tout autour du globe, nous rassemble et nous élève. Des musiciens du monde qui s'unissent : à Barcelone, j'ai craqué d'espoir.

Et si nos artistes étaient un fil d’Ariane vers un espace de paix et de partage?



United | Playing For Change from Playing For Change on Vimeo.

jeudi 10 novembre 2011

Voler de la beauté à l'ordinaire

Avec des bouts d’heures volées, on arrive à achever un projet, qu’il soit d’écriture ou d’une autre souche. La régularité, la patience et l’endurance sont des atouts à ne pas omettre, clame Frédérique Martin, écrivaine et rédactrice du blogue enviedecrire.com. Elle rappelle que nous avons le choix de geindre et nous bloquer ou de s’accommoder du réel et avancer. La vie porte toujours son lot de dommages collatéraux, donc le courage et la persévérance sont des outils précieux. Elle a consacré huit années à l’écriture, « avec des heures volées » en y insérant une semaine annuelle de retraite solitaire, avant d’être publiée.


Ce matin, ma fille est en grève pour manifester contre la hausse des frais de scolarité des études supérieures. En fait, elle n’a pas cours, mais ne se mouille pas sous la pluie en brandissant des pancartes et en s’égosillant avec des slogans. Elle est enfouie dans les bras de Morphée et s’en extirpera pour s’inscrire à une session d’entraînement de boxe (!?!). Les gènes du militantisme se sont fixés chez ses parents. Quant à mon fils, la grève du transport scolaire est réglée. La vie « normale » du quotidien est de retour. Check!
Patience. Persévérance. Endurance.

Acquiescer aux aléas de l’aventure — et non pas abdiquer —, en fabriquant un espace perso et unique apparaît un gage d’avancement. Chaque récit de personne qui a transcendé les turpitudes de l’existence est source d’inspiration. À « consommer » plus souvent. Les médias nous bombardent d’élucubrations sociales, mais plusieurs gens ont ouvert le champ des possibles et poursuivent discrètement leur route. Il faudrait provoquer ces rencontres et s’élever avec elles. Tout comme la règle d’épurer un texte pour un maximum d’élégance, on pourrait explorer la journée en focalisant la grâce, en volant de la beauté à l’ordinaire.

La grâce, version musicale. Frissons garantis.


mardi 8 novembre 2011

Une odeur de citrouille et d'automne

Je ne me rappelle pas, de toute ma vie, avoir ouvert les fenêtres pendant le mois de novembre et d’en humer son épice festive. À moins que ce soit le mariage des odeurs de feuilles sur le sol humide et du pain à la citrouille sortant du four. Tel Obélix tombé dans la potion magique lorsqu’il était enfant, je suis conquise au charme des courges et des citrouilles. Le livre de Louise Gagnon est un bijou à ce sujet.

Je suis allée chez Citron que c’est bon, une composition banlieusarde entre le marché public et l’épicerie. À l’extérieur, des chariots remplis à craquer de toutes les courges d’hiver faisaient la parade. Pendant que ma fille écoutait à plein volume et en rafale « Someone like you », d’Adèle, j’ai choisi les couleurs et les formes aussi pétillantes les unes que les autres, jusqu’à ce que le panier soit dodu. Si je raffole des photos en noir et blanc, c’est la version multicolore qui me passionne pour les légumes.

Une fois les cucurbitacées en lice pour le gala des recettes, j’ai exploré plusieurs versions pour honorer leur prestance. Il n’y a pas de limite à leurs talents, c’est à l'agent « découpeur » que l’on doit la remise du prix. Bons outils, bonnes stratégies, et un Chéri ou une Chérie aux gros bras lorsque ça se corse.

On coupe la citrouille en deux, chair contre la plaque à biscuits, dans un four préalablement chauffé à 350 degrés, et ce, pour environ 45 minutes. Une fois refroidie, la chair se détache très facilement et se conserve quelques jours au réfrigérateur. Ne pas oublier de la déposer pendant une heure dans un tamis ou égouttoir afin d’extraire le surplus de liquide.


Pain à la citrouille sans gluten*

Ingrédients :

¾ t. de farine de sorgho
¾ t. de farine de haricots
¼ t. de fécule de tapioca
½ c. thé de stévia en poudre
1 ½ c. thé de gomme de xanthane
2 c. thé de levure chimique ou instantanée
2 c. thé de bicarbonate de soude
½ c. thé de sel
1 c. thé de gingembre moulu
½ c. thé de muscade moulue
¼ c. thé de clous de girofle moulus
½ t. de noix de Grenoble
1/3 t. graines de citrouille
1 t de purée de citrouille
1 c. thé de vinaigre de cidre
1/3 t. d’huile végétale
1/3 t. de sirop d’érable ou d’agave
2 œufs


Action!

1. Dans un bol, mélangez tous les ingrédients secs.
2. Dans un autre bol, ou dans le récipient du batteur sur socle (ou un mélangeur électrique), mélangez tous les ingrédients liquides jusqu’à ce que le tout soit lié.
3. Versez la préparation à la citrouille avec les ingrédients secs et remuez jusqu’à ce que l’ensemble soit lié.
4. Déposez la pâte dans un moule à pain et laissez reposer 30 minutes à l’abri des courants d’air.
5. Faire cuire dans un four préchauffé à 350 degrés pendant environ 70 minutes ou jusqu’à ce qu’un cure-dent introduit dans le centre en ressorte sec.

*(Version adaptée de la recette de Donna Washburn, 125 recettes sans gluten, Modus Vivendi)



Faites-vous infuser un thé vert Gyokuro yamashiro. Vous commencerez à croire au miracle.

lundi 7 novembre 2011

En manque de « grandiosité »

Le lundi s’est installé dans nos vies pour se ranger derrière la ligne de départ. Au son du coup de feu, on pulse dans nos rôles, nos tâches, nos fonctions, nos missions, passionnés ou pas.

Certaines célébrités laissent percevoir que leur mission éclate de sens, de valeur, de prouesse, voire de
« grandiosité ». Elles affichent un parcours nous submergeant d’admiration. En effet, elles déposeront des traces indéfectibles par leurs exploits, leurs découvertes et leurs œuvres, ou, encore, par des gestes remarquables.

Bien sûr, le génie a son prix. Il réclame l’exclusivité, l’intensité, l’excès, et oblige le renoncement aux farnientes, aux agendas troués, à la spontanéité des week-ends, et surtout, à une vie familiale digne de ce nom. Pourtant, lorsque surgit le moment des bilans, il est facile de sombrer dans l’auto-flagellation au regard de ce qu’on qualifie de réussite, ou non.

Les découvertes de tous acabits ont changé le cours de l’humanité : du fonctionnement du cerveau et de l’univers, de l’invention de la pénicilline à la création de la Joconde, des gestes de Gandhi et de Martin Luther King, de Mozart, Proust, Beauvoir et Jeanne-Mance. Les grands esprits ont permuté notre monde. Plusieurs ont risqué leurs existences, expérimentant dans les airs comme sous terre, y compris avec des reportages périlleux dans les zones minées de guerre.

Je m'interroge à savoir si, sur le parquet de fin de vie, ils respirent enfin ce sentiment d’accomplissement. D'un regard extérieur, nous serions portés à croire que les flashs de la renommée garantissent le sceau du devoir achevé, que la « grandiosité » cautionne cet état de grâce qu’on recherche un peu tout au long de notre vie.
Devant mon écran, aucune réponse ne s’inscrit. C’est un lundi gris, en manque d’un prix Goncourt ou d’un Nobel. Toutefois, je demeure persuadée que, lorsqu'on aime, les choses ont davantage de sens.( Paulo Coelho)

Ange de la renommée

lundi 31 octobre 2011

Si Trouille se racontait

Trouille existe depuis très longtemps, une faculté intégrée afin de s’installer un moment sur la Terre. On la cuisine depuis huit mille ans d’histoire, au bas mot, de la table aux contes et légendes. Trouille fait partie de nos racines ancestrales. Née d’une famille élargie de cucurbitacées, elle a toujours eu l’impression grossière de prendre trop de place. Ses cousines, élégantes et allongées, volaient allègrement la vedette, par leur blondeur et leur sveltesse. Trouille se retrouvait inévitablement sur les perrons comme lanterne et ornement, avec son orangé impétueux.

Si trouille m'était contée, oeuvre de Marcel Gagnon

Un jour de frimas précoce d’automne, réfugiée dans la démesure d’un chariot rocambolesque rempli de ses semblables, elle a décrété que sa vocation d’être transformée en carrosse ou en fable avait atteint sa pleine capacité.

- C’est vrai que je fais partie de la culture du « slow». Je germe au printemps, patauge au jardin tout au long de l’été, pour couronner tardivement à l’automne. Dans une société axée sur le clinquant du « fast », j’avoue que je signe dans l’excentricité. Qu’à cela ne tienne, je relèverai le défi, coûte que coûte, à prix haché.
Arriva la ribambelle de grands chefs qui misèrent sur les vertus du « local », sur les bienfaits des produits du terroir, sur cette mentalité de « faire avec ce qu’on a ». Pendant que l’équipe adverse des carnivores brûle les terres et sape l’or bleu de la planète, au jour des 7 milliards d’êtres vivants y habitant, la voilà convoitée enfin pour ses qualités non réclamées à ce jour. Elle n’a rien gagné de ses mérites qui n’ont pas été travaillées d’arrache-pied.

Elle a de la racine de vainqueur. Bien cuisinée, elle est dotée pour être à la hauteur d’un plat de résistance. Elle a conquis les palais récalcitrants : charmée de cari et de lentilles corail, par exemple, on la reconnaît versatile en salé ou en sucré. En potage ou en mijoté, en biscuits, en muffins, en solo ou avec ses cousins légumes, elle est équipée pour ravigoter.

Trouille craint toutefois le découpage. On verse alors quelques instants dans le cardio, avec de bons outils ou de bienveillants amis, c’est selon.

Elle est fidèle toute l’année durant : on peut la congeler, en purée, pour les moments gris de l’hiver rugueux qui s’amène. De tout son feu, c’est un modèle de persévérance et d’affranchissement qui m’a conquise.


Pour des recettes :
Sous le charme des courges et des citrouilles, de Louise Gagnon (Éditions de l’Homme)

et les miennes, cette semaine…

jeudi 27 octobre 2011

Zénitude

Il y a du bruit, partout, tout le temps. Pour étouffer cette cacophonie, on superpose de la musique. Si elle est syntonisée à la radio, ce sont les publicités, les nouvelles du monde, les discussions qui ont lieu comme fond d’écran pour les tympans. Le silence semble devenu une espèce de voix en extinction. Il faut se réfugier très profondément dans la forêt, loin de la civilisation, des antennes, des pylônes et grandes artères pour caracoler avec cette ressource apaisante devenue grégaire.


Pendant que les outardes repartent à grands cris, j’ai tenté de capter leurs chants glorieux, leur nature sauvage et instinctive. J’ai marché dans les sentiers de la TransTerrebonne, circuit de plusieurs kilomètres aménagé pour les banlieusards en soif d'espace. Le week-end, c’est une autoroute de marcheurs, cyclistes et skieurs de fond, mais pendant la semaine, je déniche parfois des moments de grâce, soit quelques arpents de sentiers en lacets sans civilisation. J’en reviens immanquablement constellée d’idées branchées, joues rosies et poumons ravitaillés en oxygène. Avec cette impression narcissique que les zoiseaux gazouillent juste pour moi. Et à chaque reprise, je ne comprends toujours pas les raisons qui m'empêchent de forer cette mine d'or à deux pas de chez-moi.

Un petit clin d’œil sur la zénitude. Une alliance entre les chuchotements de la nature – si rarissimes qu’on en fait des vidéos — et une créativité musicale enjôlante. Merci à Mimi pour l’envoi.



mercredi 26 octobre 2011

Il est minuit

Il est minuit, l’heure où l’œil de la nuit est censé s’amender des facéties du jour. Mais là, il épie la volupté d’une maison qui dodeline vers le sommeil et en semble même ironiquement stimulé. Donc, il ne se ferme pas du tout. Des tas de mots et de phrases s’agglutinent dans mon cerveau et empêchent de courtiser Morphée.


Trio de nuit, de Marcel Gagnon

Je n’entends ni bardas, ni gargouillis d’ordinateurs, ni paroles en sourdine; non plus de roucoulements de sécheuse, encore moins de porte de réfrigérateur qui obtempère à une gourmandise liée à une poussée de croissance. Même la chatte a regagné son nid douillet.

J’ai donc coudoyé l’œil de la nuit pour dorer mon écran et caracoler avec mes paragraphes en instance d’histoires. Me suis empressée de calfeutrer mon territoire, y installer ma musique, rêvasser l’œil ouvert, dans mon monde de papier. Me suis abritée sous les propos d’une romancière chevronnée, avec des bas dodus et une camomille fumante. J’étais sous le charme. Complètement toquée à la suite de la projection du documentaire « Sur les traces de Marguerite Yourcenar », un film de Marilù Mallet. Une incursion intimiste dans la vie de l’auteure des Mémoires d’Hadrien qui nous plonge dans l’univers de cette autodidacte d’une érudition exceptionnelle. On ne ressort pas intacte de ce visionnement. Des extraits d’entrevues avec Bernard Pivot, Françoise Faucher, leur éventuelle amitié, leur correspondance, des moments captés à sa charmante maison Petite Plaisance, dans le Maine. Des propos qui vont droit au cœur, un film qui nous élève. Un film à voir et à revoir absolument.


Les œuvres de Marguerite Yourcenar lui survivront très longtemps encore. Je les retrouve, sous la luxure de la Bibliothèque de la Pléiade (Gallimard), un cadeau, bien sûr. M’installe et savoure. Il me semble qu’elle me souffle à l’oreille...en même temps que la musique de Sidney Bechet dans Midnight in Paris, de Woody Allen.
Volupté, quand tu nous tiens!

mardi 25 octobre 2011

Un chemin jusqu’à soi

Je suis en sevrage de consommation vacancière, en ces lieux de prédilection pour assoiffés de repos. Me suis retrouvée coincée dans une fourmilière touristique. Je réclamais seulement l’exil de tâches domestiques redondantes et un asile de sommeil. Bref, je voulais seulement une brindille de vacances, avec une doudou et des livres.

Hélas, le bruit de la musique a bouillonné dans mes oreilles et l'agitation dans mes veines. Ma quête de silence s’est ballottée jusqu’à la plage. Là, j’ai traversé les strates de bleu : cristallin, turquoise, violacé, électrique, le bleu céleste. Ce sont les bleus qui ont sauvé la mise. Et tous mes bouquins qui justifient le surpoids de ma valise.

Ironiquement, le bonheur dans tout ça, c’est la hardiesse de revenir à la maison. La marmaille, les repas santé, ma théière fumante de thé vert japonais sencha, mes écrits, mes légumes bio à cuisiner, tout ce que j’avais cru avoir besoin de quitter et qui m’ensorcelle au retour. Heureuse même de me vautrer dans notre saison de pain d’épices et de muffins aux pommes et à la cannelle.

Ce matin, je savoure l’automne qui se déplume en éclatant le feu de ses entrailles. Ces paysages flamboyants sont indivisibles de nos élans créateurs et de nos tempéraments passionnés. Marcher dans les feuilles craquantes de pigments nous gratifie d’un supplément d’âme. Nous magnifie.

À partir de tous les élements de la nature, des voies infinies s’exhibent. De là l’importance de se déposer de temps en temps, de se délester de la routine, comme les saisons.

Ce qui concourt à retrouver le chemin qui mène à soi.
Un chemin jusqu'à toi, oeuvre de Lynn Garceau

jeudi 13 octobre 2011

Les bienveillantes

J’ai refait le plein de beauté.

C’était pourtant sous un air de saxophone exprimant la tristesse d’un départ. Une famille réunie pour soutenir les endeuillés, avec une connivence et une authenticité vibrante de couleurs d’automne.

Mes tantes et ma mère ressemblent à des sextuplés de cœur : belles comme le soleil, énergiques comme le vent, vives comme le fleuve au printemps. Malgré l’arrière-saison de leur vie, nous, qui demeurons leurs enfants à perpet, avons quelquefois de la difficulté à suivre la cadence. Le temps essaie de faire son œuvre, mais elles sont les chefs. À chaque rencontre – il faudra transcender cette habitude des funérailles —, c’est comme si on revenait d’un pique-nique. Et les souvenirs déferlent. Et les bontés s’agrippent dans cette famille tissée serrée.

Elles sont de la race des « grandes dames », des bienveillantes de notre planète. Sans elles, l’histoire serait sans saveurs et sans odeurs. Elles sont partisanes de leur tribu, et gardiennes éternelles du phare, envers et contre tout. Notre pays est cimenté de femmes comme elles, qui ont rarement pris le large. La liberté revêt un tout autre sens, à leurs côtés.

Que je cuisine un cassoulet de légumes au cari ou une truite moutardée au lait de coco, la fragrance me murmure qu’on n’a rien inventé. Elles ont ratissé le chemin et nous ont aiguillonnées les papilles jusqu’à satiété. Je ne sais comment elles ont maintenu leur souffle, mais je préserve consciencieusement cette volupté d’amour qu’elles ont soigneusement sauvegardée.
Merci, les filles d’Albini et de Blanche!


vendredi 7 octobre 2011

Une bouffée de ménopause

Devenir un modèle lié à la maturité est synonyme d’une période exaltante de thermostat déréglé. Il en découle des conversations hachées par un besoin impératif d’ouvrir la porte-fenêtre lorsqu’il fait 3 degrés à l’extérieur. Et si de surcroit une autre personne baignant dans ces mêmes eaux ruisselantes se retrouve dans une seule pièce, il ne reste plus qu’à la tribu de se prévaloir de petites laines.



La robe de chambre devient béate d’aération, le moment qui suit réclame un pashmina. Thé chaud, eau fraîche, en alternance. La nuit ressemble à un effeuillage burlesque. 
Ne parlons surtout pas des états d’âme. En l’espace de quelques instants, la vie peut prendre un virage dramatique, flamboyant, apocalyptique. Comment se fait-il qu’ils répugnent un potage aux épinards? Qu’il a encore oublié d’ingurgiter sa vitamine D? Qu’ils ne consomment pas assez de légumes? Qu’à cela ne tienne, des adieux à la Greta Garbo sont en lice pour le premier rôle du festival émotif international (FEI).


Je n’ai pas poussé l’étude jusqu’aux liens avec des incidences criminelles, mais je ne serais pas surprise d’apprendre qu'un phénomène de cause à effet sévit lors de cette période « de grâce », version polie de ménopause. Une pause devrait revêtir une connotation affriolante, soit des tâches, soit des pirouettes éducationnelles, selon l’époque où l’on a décidé d’avoir des enfants - une fois la scolarité complétée et la carrière installée. Ce qui signifie que la majeure partie des femmes se retrouvent avec des adolescents en quête d’identité en même temps qu’elles dessinent une mosaïque de bilan de vie. Les premiers bourgeonnent et les secondes friponnent.

Faisons cuire une courge spaghetti, des asperges, aromatisons de tomates, d’ail, d’huile d’olive et de noix grillées. Offrons-nous une magnifique paire de chaussures, plus audacieuses, celles jamais permises. Aussi, un superbe cahier pour y consigner de belles photos, images, reportages, pour illustrer les rêves à réaliser. Et rions à gorge déployée, façon non retenue et pas nécessairement raffinée. Mangeons des pâtes et du chocolat, version sophistiquée, juste pour nous. Et si le lave-vaisselle brise, qu’est venu le moment d’aménager les garde-robes avec les vêtements chauds, déléguons le dossier et déguerpissons une semaine au bord de la mer à boire des margaritas. Il faut bien que la maturité serve à quelque chose…

lundi 3 octobre 2011

Pluie et musique

J’ai sorti mon pyjama de flanelle, signe avant-coureur de la froidure et la mouillure d’automne. Au réveil, la pluie. Inspirant, parfois, surtout lorsqu’on est calfeutré à l’intérieur. Ça apaise, ralentit la cadence, oblige à mettre désormais des chaussettes.



Lorsque je dispose les vêtements d’été dans un nouveau placard, la perte de couleurs fout la déprime. La garde-robe s’endeuille comme novembre. Comment demeurer festif avec cette palette interminable de noir, de gris, de bourgogne? On range le corail, l’orangé, le jaune, le rouge flamboyant, la verte limette. Je ne sais pourquoi les designers ont instauré cette tradition. Peut-être sont-ils moins inspirés à couvrir leurs modèles anorexiques aux teints blafards que de les dévêtir dans leurs collections du soleil printanier rutilant?

Je reviens à la pluie qui embrume ma fenêtre. Je tombe sur le livre de Christine Eddie, Parapluies. Une histoire qui se déroule pendant une trentaine de jours de flotte consécutive. Des personnages à fleur de peau, auxquels on s’attache tendrement. J’ai lu ce bouquin cet été, et je suis avec eux ce matin.

La musicalité se rythme selon la nature du jour.

« La musique est une évasion dans une bulle entre deux mondes, un univers où je retrouve mon harmonie, où je me rebranche avec moi-même. », propose Hervé Desbois, dans Être zen, un jour à la fois (Modus Vivendi).

Celle du jour...

vendredi 30 septembre 2011

Sauvons les meubles et la relation

C’est connu, vivre avec des adolescents est une expérience unique. Être parent, en soi, est une poussée nucléaire vers l’expansion ou l’aiguisage des nerfs, c’est selon.

Après la symbiose, les premiers pas, les multiples « non », les amis, l’amie de cœur, les négociations pour les sorties, le moment est venu où chacun de nous devait impérativement se retrouver dans sa grotte. Dans notre culture, on parle plutôt d’une pièce adaptée au cycle d’évolution du bipède en phase mollusque, branché par intraveineuse à l’informatique, c’est-à-dire une chambre.

Le lit à une place dans une coquette chambre maternellement décorée était déclaré complètement « out ». Long de ses six pieds, ou presque, il réclamait le rapatriement de ses outils essentiels dans sa zone privée et isolée, sauf pour le passage de la fée torchette. Son ordi, sa télé, un matelas très double, de quoi permettre d’écouter ses films avec son invitée et idéalement en y mangeant un spaghetti sauce Napolitaine sur la couette duveteuse. Pourquoi restreindre tant de créativité et de spontanéité? Interdire de croquer dans une pizza entre deux mails et une quête de World around Craft ? Que les parents peuvent être capricieux et despotes…

Toujours est-il que nous avons décidé d’édifier un mur dans le sous-sol afin d’y construire une nouvelle chambre, au goût du jour. (C’est vrai que ses pieds dépassaient du lit.) Des amis ont débarqué avec les matériaux essentiels, solives, feuilles de gypse et spatules. Une amie s’est lancée avec ses pinceaux et rouleaux, cartons de nuanciers comme discussion au déjeuner. Le choix des couleurs et des accessoires semblaient complètement burlesques pour le principal requérant. Et le barda qui en découlait n’a pas mobilisé un iota de son horaire chargé. Maman Picotine et Gi ont magasiné, nettoyé, décoré et aménagé.


Une fois les meubles disposés, hier, à bout de souffle, j’ai exigé une présentation théâtrale à la « Décore ta vie ». Bon, il était épargné de la scène de sanglots et de cris, mais tout juste. Il devait s’exprimer en mots et phrases complètes, compréhensibles et avec intonation de stupéfaction. Grognements rauques s’abstenir.

Ce sera le dernier week-end du tourbillon d’aménagement de la maison. Après cela, on s’installera dans notre nouveau salon télé et nous écouterons des films en rafale.
 Des meubles à offrir seront annoncés, chaque objet aura désormais sa place et sa couleur définie. Et un conseil de famille est décrété pour les inédites règles de partage des tâches. (« Oh non, pas encore kékechoz à faâââââîre ». Ben oui, la vie n’est finalement pas autonettoyante, le frigo refuse de cuisiner des plats, la fée torchette a perdu ses plumes et menace de se syndiquer.

Un magnifique week-end à venir!

lundi 26 septembre 2011

Maman a la varicelle!

Dans le branle-bas des nouveaux aménagements, peinture, rangement, accessoires de déco et compagnie, j’ai cru que la petite plaque rougeâtre qui ornait mon dos signalait qu’un produit avait déversé sur moi sa toxicité. Nous avons passé au crible tout ce que j’avais mangé, respiré, touché, et bu. Non, ce n’était sûrement pas le bon vin ouvert au souper la veille pour inaugurer la salle de bain, version améliorée, couleur rouge jujube. Ayant peu dormi pendant ce tourbillon prénommé « le syndrome du tantqu’à » (poursuite vers le hall d’entrée, la garde-robe, construction d'une chambre au sous-sol), le survoltage était peut-être la cause de cet érythème, façon polie de m’envoyer des signes de feu pour me dire de me calmer le pompon.

Cette « brûlure » s’est soudainement dispersée, multipliée, décuplée à la vitesse TGV pour couvrir une bonne partie du corps. Le rouge est devenu incandescent, et j’avais l’impression d’être installée sur une plaque à biscuits dans un four à « broil ». Des voisins m’ont demandé, en s’éloignant un peu, ce qui m’arrivait. Mon fils est revenu de l’école, en poussant un « beurk » guttural :

- « Késé qu’ t’as? C’est ben dégueu. Non! C'est pas vrai! Ma mère a la varicelle!
- « Va voir le médecin au plus vite, de me conseiller mes anges de l’entretien domestique. On dirait de l’herbe à poux! »

Bref, devant tant de frénésie face aux cloques qui pullulaient, ce qui d'emblée exacerbait mon hypocondrie naturelle, j’ai couru au cabinet du médecin.

- « Ohhhhhhhhhhhhhhh! Qu'elle s'est exclamée en m’apercevant sous les néons enjoliveurs de teint. C’est un virus, un pityriasis rosé de Gilbert. Ce n’est pas dangereux, ni contagieux, seulement incommodant. (Vraiment? J’avais envie de me déchirer l’enveloppe cutanée). Il n’y a qu’à attendre que ça passe. Évitez d’avoir chaud. (Je suis en pleine ménopause). Le hic, c’est que ça dure de trois à six semaines. Êtes-vous mannequin? (?!?) Ce serait la seule raison de proposer des antibiotiques, si vous ne pouvez tolérer le rash pendant tout ce temps. »
Je porte un pashmina lorsque je fais des courses, histoire de ne pas affoler l’entourage. Et il fait un soleil de plomb. Si le regard bifurque sur mes décorations de Gilbert, je répète que je ne suis pas contagieuse.

Mais j’avoue que c’est un peu dégueu. L’occasion m’est donnée de développer ma patience et ma compassion envers tous les enfants en crise de varicelle ou d’eczéma. La retenue de gratouille est pénible, et le miroir est à éviter. Raison évidente de gratter le clavier avec frénésie.

lundi 19 septembre 2011

Des baskets et des citrouilles

Je me suis endormie dès que la porte de la maisonnée s’est refermée, une fois le carrosse de Cendrillon et ses maîtres revenus au refuge. La flanelle de la maternité m’invitait depuis un bon moment à sombrer dans les bras de Morphée, mais je préfère mes ouailles rentrées au bercail avant de m’abandonner à tous rêves.

Habituellement, ce mouvement de retour est associé à un branle-bas de combat dans la cuisine. Ils ont faim, toujours, peu importe l’heure du jour ou de la nuit. En fait, dès qu’ils sont éveillés, et Dieu sait à quel point les heures d’éveil sont au palmarès, la porte du frigo s’ouvre et se ferme. Mais ce soir-là, étrangement, ils ont déserté le lieu de la boustifaille. J’ai cru qu’une vague de sagesse en vue d’un équilibre -vie diurne et nocturne- avait frôlé leur appétit.

C’est au petit matin que j’ai été surprise. Dans l’entrée, allant chercher mon journal, les yeux embrouillés, j'ai trébuché sur des objets non identifiés. J’ai constaté le nombre de baskets. La quantité surpassait la somme de pieds de mes enfants. La famille s’était peuplée d’amis, les cartons vides de pizza en faisant foi. D’où le silence de plomb la veille, puisque je tente désespérément d’interdire les orgies de bouffe dans leur bunker.


Ou bien je laissais la moutarde me monter au nez — et il était trop tôt, je préfère le beurre d’amande —, le second choix étant de profiter d’un toit truffé de camaraderie festive. Quel était le problème? Désordre, douches décuplées et lessives en cascade, frittata géante à préparer au lever des corps. Ce n’est rien de catastrophique, en réalité. Il paraît même que c’est de cela qu’on s’ennuie lorsqu’ils quittent la maison. Aussi bien en jouir.

Cette animation m’a donné l’idée de rendre grâce. De savourer la récolte. Une immense tablée pour l’Action de grâce, avec amis et famille de tout acabit. En l’espace de quelques secondes, la perspective s’est métamorphosée avec des images de citrouilles, de courges, de dinde rôtie, de coupes qui tintent de rouge. C’est devenu grisant.

Récolte, oeuvre de Denise Lefebvre
Tout ça à cause des baskets! J’ai repris un dernier thé en fouillant dans mes livres de recettes et commencé l’organisation.

mercredi 14 septembre 2011

Toute qu'une galère!

C’est vrai, mettre au monde des enfants, les veiller, les allaiter, les nourrir, les bercer, les consoler, les abriter et éduquer, c’est souvent, différent de nos espérances… qui se déclinaient plutôt dans une palette pastel de naïveté, sur des images léchées de bonheur absolu.
C’est vrai, aussi, que dans des conditions favorables, nous nageons dans certains instants de béatitude, d’émerveillement et de joie. Mais la réalité étant ce qu’elle est, les nuits blanches, les coliques, les comptes à payer, le chien du voisin qui ne cesse de japper et réveille notre trésor si chèrement endormi, en plein post-partum, favorise parfois un risque légitime de pétage de plombs.

Dans ces moments-là, une présence rassurante est requise et salutaire. Une personne d’expérience qui viendra offrir son support, qu’il soit technique ou bienveillant. Un plat réconfortant, une opération rangement et lessive, une approche pour mieux s’y prendre pour allaiter, ou encore une promenade en poussette pendant que maman fait une sieste.

On a aussi besoin de modèles qui finissent par s’en sortir, qui nous font comprendre que ce n’est qu’un passage, une traversée, une initiation. Si la télé persiste dans un canevas où il n'y a pas d’issue, que ça peut devenir pire que chez nous, que la mère va possiblement ne plus répondre d’elle-même, où donc trouver un exutoire et une représentation encourageante?

La première émission de la saison de « La Galère » a peut-être voulu dénoncer cette partie sombre de la réalité, qui malheureusement existe. Mais je me questionne sur l’image nuisible concernant l’allaitement et la maternité. Qui aurait envie d’allaiter après avoir visionné la première d’hier soir? Comment se traduit l’aide requise des amies et de l’entourage?


On a souri pendant la parodie de la berceuse. Mais un peu jaune. Le crescendo m’a fait frissonner, quinze secondes d’intensité de trop. Et le cœur nous a serrés devant la scène de désespoir et d’impatience de la mère. De grâce, pas d’images bouleversantes qui généreront des angoisses à celles qui vivent ce passage difficilement, et ce, dans la noire solitude. Il existe déjà trop de petits anges meurtris.

Je m’interroge à nouveau sur l’impact des modèles télévisés. Dénoncer, provoquer, je veux bien. Mais peut-on aussi faire une place aux solutions porteuses? Les personnages ont un pouvoir sur notre imaginaire, et ils pourraient devenir un ressort vers une vie plus harmonieuse, tout en nous faisant sentir qu’on est enfin compris.

mardi 13 septembre 2011

Des courgettes et fines herbes sur notre toit

Des poules dans la cour, un jardin sur la tête. Accrochons-nous aux bonnes nouvelles, les génies aux idées constructrices existent encore! J’ai lu dans mon canard préféré (Le Devoir, 12 septembre) qu’on récolte des légumes sur la couverture des édifices montréalais. À l’abri des pesticides, des herbicides et OMG, les fermes Lufa ont mis sur pied une serre sur un toit commercial. Nous sommes dans une version plus écologique que jamais. Déjà, une centaine de foyers se nourrissent avec ses légumes et fines herbes.

Jacques Nadeau, Le Devoir
Le système a trouvé preneur auprès d’une compagnie de construction, Dario Montoni, et l’implantation fait des petits. Ce partenariat, qui semblait complètement insolite il y a quelques années, permettra de produire des légumes à environ 5000 familles avec l’aménagement de deux autres fermes d’ici 2012.

Dans dix ans, nous pouvons désormais imaginer aller récolter nos paniers bios sur notre toit, à un coût moins affolant que maintenant, en plus d’isoler la maison et d’offrir un peu d’air aux poumons de la planète!
C’est une version « upgradée » des arpents verts!
Un monde à découvrir. Lol.

vendredi 9 septembre 2011

Où étais-je le 11 septembre 2001?

Je venais d’aller reconduire les enfants à l’école. À pied. Dans l’allégresse. Pour une fois depuis plusieurs années, je n’étais pas branchée sur les 220 volts, girouettant entre les multitâches attribuées à ladite conciliation travail-famille. Je jubilais devant ma décision de prendre une année de congé – professionnel — pour vivre au rythme décent d’une maisonnée d’enfants inscrits en première et deuxième année du primaire, et l’aîné en première secondaire. Ces années transitoires me paraissaient cruciales, et afin d’éviter l’hystérie, je serais présente pour les repas, les devoirs, les réunions de parents, les bêtes, les courses et tout le tralala.

Devant cette plage ignorée de temps libre, j’avais rendez-vous avec une amie sur une terrasse de la rue Bernard. Je découvrais que je pouvais être zen et que la maternité avait la robe légère. Le soleil brillait de nos conversations – non hachées — et je jubilais avec mon café au lait et chausson aux pommes. Soudainement, les passants se sont mis à jacasser de plus en plus fort, s’adressant aux inconnus pour exprimer leur fébrilité. L'intensité était palpable. C’est ainsi que j’ai appris qu’un avion venait de fendre une tour du World Trade Center, coup terroriste orchestré contre les États-Unis. Ça semblait complètement irréaliste, au point où j’ai partagé la réflexion à ma copine qu’il devait s’agir du phénomène du téléphone arabe (sans jeu de mots).

C’est en revenant en voiture, dans ma zone du 450, que j’ai saisi l’inconcevable. Les nouvelles décrivaient, avec la panique dans la voix, les événements qui resteront gravés dans notre mémoire collective. Des images en boucle, sur toutes les chaînes de télévision, telle de la science-fiction d’un jeu vidéo, nous ont percutés, et ce, des mois durant. La sécurité abolie en quelques minutes. Les invincibles n’étaient plus. 
De là est né, je crois, le crescendo vers le cocooning, le dedans, le nid, l’importance de rentrer chez soi ¬quand on en a un— , avec une immense gratitude, bien sûr.

ADMIRÉ :
Life in photographs, de Linda McCartney (Taschen), 2011. La muse, celle qui a abandonné sa carrière de photographe, épuisée des critiques, pour poursuivre son art avec les siens. Elle a préféré être témoin du quotidien. Des photos sublimes, extraordinaires. Ces pellicules semblent ne pas choisir d’immortaliser, mais bien de vibrer à ce qui est là, à ce qui est en train de se vivre. Paul, les enfants, au bain comme à la ferme, en délectant un verre de vin comme en éclatant de rire. Pas de mises en scène. La vie telle qu’elle se croque.

Ça me donne envie de revoir les films Une saveur de passion, (version du livre Chocolat amer, Laura Esquivel) et Le festin de Babette, histoire de savourer ce qu’il reste de nous…

jeudi 1 septembre 2011

Et le plaisir dans tout ça?

Ce n’est que le premier jour de septembre. Évitons l’affolement en se rappelant qu’il en reste vingt-neuf autres au calendrier du mois.
Bien sûr, il faudrait amorcer un programme d’entraînement, organiser une structure fonctionnelle pour les repas et les lunchs, introduire le quinoa, inscrire la méditation et l’écriture de son journal dans l’horaire quotidien, diminuer notre empreinte écologique, se fixer des objectifs – et les réaliser- , dénicher un designer qui saura renouveler notre garde-robe et la coupe de cheveux, être à la page des parutions livresques et cinématographiques, peut-être chanter dans une chorale, planifier les vacances de Noël (oui, oui, je connais des gens qui s’attablent à la fête du Travail pour réserver), prendre soin de sa famille et le summum, de soi-même, pratiquer la marche dans la nature, limiter la caféine et les apéros tout en privilégiant les antioxydants.


Eh! Le plaisir dans tout ça? Semble répondre l'instinct joyeux, celui qui réclame un peu de lest…(Je le représente par la petite bête amusante de cette sculpture).


Je crois qu’on devrait canaliser les élans de septembre, se concentrer sur l’essentiel, et prioriser le plaisir. Et relire « La vie est cool », de Neil Pasricha, en sirotant un bon thé, après avoir visionné une comédie.

Notre système nerveux serait extrêmement reconnaissant qu’on rédige un listing de choses qui nous font sourire et rire plutôt que cette effrayante liste « À FAIRE » aimantée sur le frigo. Et avec notre bénédiction, apprenons à élucider les vraies urgences et à cocooner un peu plus…

C’est un investissement rentable, à l’abri des récessions, garanti.

mercredi 31 août 2011

Ne pas prendre de risque est un risque en soi...

 « Les grandes carrières reposent sur l’audace de prendre de grands risques », signale Julia Cameron, auteure et experte reconnue internationalement en créativité. « Il faut du courage, ajoute-t-elle, pour renoncer à ce qui a si bien réussi afin de s’accrocher à ce qui nous propulsera encore plus loin ».


Cette notion s’applique aussi bien pour Robert de Niro, qui a insisté pour jouer la comédie, que pour chacun de nous à dire non à une zone de confort et s'aventurer vers ce qui se trame dans le ballet de nos synapses. Ce peut être au niveau de la carrière, ou bien de faire sienne des choses que le destin a mises sur notre route, et d’en faire notre propre couleur.

Récemment, je suis allée chez un artiste-peintre pour acquérir une toile – découverte sur son site - qui m’avait charmée. En furetant dans son atelier, une production a capté mon attention, malgré le fait qu’elle était camouflée derrière d’autres canevas, dans un recoin du placard. Quelque chose de particulier émergeait de cette œuvre. Il a bafouillé que ce n’était pas du tout dans sa « palette », qu’il ne comprenait , qu’il avait des doutes. En réalité, il avait risqué, innové, émergé de sa zone de confort. Et c’était de la pure poésie. La grâce.

J’ai craqué. Je désirais cette toile, malgré sa grande dimension – et sa valeur financière-.

Elle raconte, dans un premier temps, l’Île-des-Moulins, dans le Vieux-Terrebonne, mais tellement plus que cela. Ça représente pour moi la traversée, la « reliance », cette façon d’aller au bout des inspirations offertes par la vie. Chaque regard que je pose sur l’œuvre me rappelle l’importance de prendre des risques, de plonger, de tolérer l’état brouillé de l’inconnu. Aussi, que la persévérance, a son sens! Les artistes nous font don de cette richesse, du subtil, malgré les exigences inhérentes au processus créateur. C’est sacrément brillant pour notre planète.

"Si vous ne prenez aucun risque, vous risquez davantage." Erica Jong

Soir d'exposition, Jacques Sévigny

mardi 30 août 2011

Une bibliothèque intacte

Ma programmation à moi – projets personnels, familiaux, professionnels —, c’est lors de la rentrée scolaire qu’elle se dessine. J’ai été façonnée depuis toujours aux soubresauts de septembre. Écolière, étudiante, enseignante, conseillère pédagogique engrangée dans les dates de tombées pour les projets d’éveil à la lecture et à l’écriture (MELS), à travers trois fournées de sacs d’école remplis à ras bord d’effets scolaires de mes enfants, ayant coché des centaines d’articles hétéroclites des interminables listes de chaque institution. La rentrée scolaire est inscrite ad vitam æternam dans mon biorythme cellulaire.


C’est le jour J. Le réveil brutal a arraché du sommeil mon ado du secondaire. Phase mollusque oblige, il ressemblait à un épouvantail tentant de résister à une tempête. On aurait cru qu’Irène avait laissé des traces dans sa chambre, fouillant de façon archéologique à la recherche du sac à dos et de l’horaire d’autobus. Et il n’avait aucun appétit. S’il y a une chose que je ne supporte pas, les déjeuners esquivés sont en tête de liste. J’ai réussi à rester zen, alors que les années antérieures, j’oscillais entre la panique, les sermons, le découragement, les menaces de redressement, et le déluge de larmes. En fonction de mon cycle hormonal.

Le seul « objet » demeuré intact et rangé, dans sa chambre, c’est sa bibliothèque. Résistant à toutes mes propositions de lecture, malgré mes présentations dynamiques – quoiqu’insistantes —, aucun bouquin ne s’est ouvert sur sa vie estivale. Pathétique. Mes fantasmes de mère parfaite qui parvient à modeler ses chérubins selon l’idéal rêvé lorsque bébé se nourrissait à travers le cordon, au son de Mozart, ont fondu dans la piscine. J’ai tout de même contrôlé mes pulsions (lancer un livre par la tête, débrancher les ordis, le priver de sortie, d’amis, de croustilles, l’obliger à s’entraîner pour un marathon, etc.), et privilégié de plonger moi-même dans une boulimie de lecture. À défaut d’être trop agitée pour méditer (SOS Matthieu Ricard), je prends le sentier de la marche : Éloge de la marche, David Le Breton (Métailié); Petite philosophie du marcheur, Christophe Lamoure (Milan); Le bonheur en marchant, Yves Paccalet (JC Lattès).


La question demeure. Comment développer le goût de la lecture, et pourquoi, m’avait-il demandé lorsqu’il avait sept ans? Ça, c’est une longue et périlleuse histoire. Après des années de batailles stériles, nous avons décidé de surfer avec les passions plutôt que d’aller à contre-courant. Il est inscrit dans un programme informatique, branché sur ses intérêts, et excelle avec le sourire. De quoi apprendre à focaliser sur les priorités.