mercredi 22 décembre 2010

Un nouveau NIP pour 2011

L'année 2010 a été bien remplie, voire dodue. Elle m'a secouée dans mes retranchements d'exigences, mes deuils au regard de la perfection, de ma quête d'ubiquité. Ma perception de la guérison n'est pas la même que celle du dictionnaire de la vie, ce qui a provoqué quelques disputes entre nous. Je me suis donc fiancée à mon humanité et, par la force des choses, j'évalue les gestes du quotidien à partir d'un nouveau registre. Tout ce bonheur à être enfin rentrée chez-moi, à vivre ces joies si toniques qu'elles sont quaisi indescriptibles, malgré l'absence de marqueurs sociaux et financiers. J'aime la vie et la vie m'aime...

Le temps d'une pause est venue. Le tablier accroché au cou, je cuisinerai aujourd'hui et demain pour cette belle marmaille affamée. Nous jouerons, rierons, dégusterons et chanterons la joie des célébrations du réveillon. Nous aimons encore les surprises, donc certaines gâteries sont en cours. J'en profite à plein, car les enfants grandissent à  la vitesse grand V, et la vie est si courte...

Pour 2011, je souhaite à chacun de nous un nouveau NIP, soit une nouvelle identification personnelle,qui correspond à l'image de ce que nous sommes vraiment, qui fait écho à nos vraies aspirations, nos goûts, nos rêves, notre rythme. Cette permission engendre des découvertes sur soi, et par ricochet, une liberté incommensurable. C'est la grâce que je nous souhaite.

On se retrouve en 2011. Merci de m'avoir accompagnée dans cette lumineuse et sinueuse route vers mon accomplissement.

mardi 21 décembre 2010

Déjà, sous le sapin

Voilà un premier cadeau artistique dédié à papa et maman. Des frissons de beauté pour le coeur, les yeux et les oreilles. Andrea Bocelli et Hayley Westenra, touchants de splendeur terrestre, dans un clip découvert par un lecteur de Josée Blanchette.


Sous le sapin, déjà, trônent des livres, ces cadeaux par excellence, pour des heures de bonheur garanti.
Juste à la pensée de lire au coin du feu, en pyjama, sans contraintes de temps, je suis déjà enchantée. Si j’apprenais que je ne peux disposer de cette élasticité temporelle - composée à 70% de lycra et du reste en flanelle - qui me permet de m’évader dans la lecture, je crois être prompte à offrir mon NIP à n’importe quelle agence de voyages, afin de prendre un vol vers une destination littéraire.
Bas de Noël 2010, pour les quatre enfants

Mes livres pour cette période bénite:

Sagesse au coin du feu, 80 histoires pour guérir et se réconcilier avec soi-même, de Dr Rachel Naomi Remen. À lire, à offrir, à respirer, à relire. Un vrai cadeau du ciel.

Revenir de loin, de Marie Laberge. Ce sera une raison de sauter du lit le lendemain des festivités de Noël.

À deux pas de l’or, changez vos obstacles en opportunités, de Sharon L. Letcher et Greg S. Reid. De la lignée de la psychologie positive.

L’année de la pensée magique, de Joan Didion. Suite au décès subit de son mari, cette auteure raconte sa rédemption par la littérature. Best-seller encensé par la critique et couronné par le National Book Award.

C’est beau la vie, de Christine Michaud. Animatrice et chroniqueuse littéraire, elle nous partage son expérience enrichissante vers une vie rêvée.

Au cœur de la compassion, de Dilgo Khyentsé Rinpoché, portant sur le bouddhisme.

Les Anonymes, de R.J. Ellory, éditions Sonatine, le thriller de l’année, dit-on.

Et celui que j’aimerais m’offrir : Contes de Noël, recueil de nouvelles du XIX e siècle, de Maupassant , Alphonse Daudet, contes d’Anderson, l’histoire de Scrooge et de Dickens, pour ne nommer que ceux-là. (J’imagine naïvement lire ces histoires à mes ados, entre deux branchements de iPod et d'ordi). Ce livre est rempli d’enluminures, de gravures et d’illustrations anciennes, de quoi retrouver notre cœur d’enfant ayant vécu à l’époque victorienne.
Il y a aussi les livres culinaires demandés au Père Noël:
Cuisine végétalienne des grands chefs, Linda Long
Les Règles d'une saine alimentation, Michael Pollan

lundi 20 décembre 2010

Des rituels qui font du bien

Nous sommes dimanche, le dernier avant les réjouissances de Noël 2010. En pyjama, je suis installée à la table de la cuisine, enveloppée de cette blancheur hivernale. Les voisins arrière ont conspiré afin que tous les revêtements s’harmonisent au décor, grâce à leurs crépis blancs. Les arbres dénudés laissent tout l’espace obligé pour cette saison, sauf les conifères qui panachent de leurs lourdes branches de neige ouatée.
Pendant ce moment de contemplation, je songe à la jungle des centres commerciaux. Encore plus heureuse d’être chez moi, à cuisiner, lire et écrire avec mon portable, à la table, à deux bouchées du pain aux bleuets et amandes. La cuisine, cette pièce fétiche, tel un symbole de rassemblement. Au fil des années, bien au-delà des changements de mœurs, c’est du pareil au même : c’est de cette précieuse denrée qu’on a besoin. Les humains détiennent toujours les gênes réclamant solidarité, partage, affection, joies animées autour de la table. Ceci étant dit, ce peut être tout aussi grisant se ruer dans les magasins pour concocter des achats qui feront plaisir aux êtres chers. Pourquoi pas? Qui suis-je pour juger de la valeur des gestes affectueux?

Ici, c’est la journée thématique des tourtières et des biscuits au fromage à la crème et aux pacanes, les préférés des enfants. Dès cet après-midi, notre rituel de décembre sera honoré, soit écouter des films de Noël, chocolat chaud -ou thé vert- et cookies plein le « gosier». Miracle sur  la 34e rue, notre classique. Ensuite, ce sera Casablanca. En soirée, on termine par un film de filles, Les vacances. Si le bonheur avait un lieu et un temps, il serait chez nous, là, sur le canapé avec nos doudous. Réunis. Je suis profondément heureuse de croire encore au Père Noël.

vendredi 17 décembre 2010

Du bonheur au menu

Ma journée d'hier m'a réconciliée avec les rues enneigées de Montréal. Vrai de vrai, certaines petites rues du Plateau sont - encore - enrobées de voitures coincées sous la neige, stationnées en verticale, en perpendiculaire, en trapèze, la débrouillardise rendant créatif. On circule en prenant une grande respiration, espérant qu'aucune porte ne s'ouvrira par surprise.

Je suis enfin allée savourer le menu du Resto-bar Zéro 8, situé au 1735 St-Denis. Pour tous les éclopés du gluten, et de sept autres aliments allergènes fréquents (oeufs, poissons et fruits de mer, lait, noix, arachide) , c'est un paradis. Enfin un endroit où on ne se sent pas un extra-terrestre avec notre commande. C'est vachement reposant. Ne vous méprenez pas, c'est un pur délice. Ils offrent même des plats congelés à apporter et certaines épiceries ont emballé leur frigo de leurs produits.

J'ai plongé dans les antres de ma librairie de l'avenue du Parc. Mon chéri m'a extirpée de là, j'y serais encore. Il y a tellement d'objets de convoitise, qu'il ne manque que des plats à apporter lorsqu'on a trop flâné.

Deux autres cafés à découvrir pendant les vacances de Noël, suggéré dans La Presse d'aujourd'hui:

Birks café, du chef Jérôme Ferrer, dans la célébrissime bijouterie de la grande Catherine. Plus classe que ça, tu t'étouffes dans ton thé. Au 1240, square Phillips. 514.397-2468

Café Névé, un des meilleurs cafés en ville, à ce qu'on en dit. Le pain aux bananes sort du four et vous attend. Je vais alller faire de l'espionnage industriel et en concocter une version faite avec de la farine de riz. Il a pignon sur rue au 151, rue Rachel est.514.903.9294


Avec ces nouvelles adresses sous le sapin, je crois que ce sont les endroits destinés à clôturer mon année de blogue et faire des choix pour 2011. L'horloge des choix commence à tictacter. Femme de parole, mes personnages frappent à la porte. Je les avais pourtant invités. Mais là, étonnamment, le porche n'est pas éclairé. Enfants, nos parents nous apprennent à ne pas répondre aux inconnus, et, un jour, on oublie que nous sommes devenus grands, qu'on peut éclairer notre entrée et accueillir nos invités. 

mardi 14 décembre 2010

L’effet « bombe » du sucre

J’ai fait ma première fournée de « Noël », histoire de faire des tests avant que mon amie débarque avec son équipement culinaire et qu’elle soit désenchantée à tout jamais du beurre et du cacao. Ça sentait le bonheur jusqu’à l’entrée de la maison. J’ai déposé gracieusement le résultat sur mes plateaux à trois étages : les bonshommes, les cannes, les sapins et les étoiles brillaient de tous leurs sucres et calories vides.

Le temps que je m'installe au clavier, les ados se sont projetés sur les biscuits et le coulis qui devait napper le gâteau aux canneberges vanté par « Deux folles et un fouet ».
Je croyais revivre une scène de déjà vue, lorsqu’ils étaient petits, en devenant monstrueux d‘agitation et excités comme des puces. La musique — ou plutôt le son provoqué par leur poste de radio préféré — à plein régime, les courses au sous-sol, les accrochages de bas étage, j'en étais estomaquée.

Ils me criaient (pour se faire entendre au-dessus du vacarme) que la vie était magnifique, que c’était le plus bel accueil qu’on pouvait rêver en rentrant chez soi, la bouche pleine de cookies qu’ils avaient subtilisés. Un tableau pathétique. J’étais à préparer des pâtes sans gluten, avec une sauce courge et pesto. L’appétit s'était évidemment envolé dans les sablés. L’effet du sucre, à tous âges : une bombe!

J’ai utilisé les méthodes d’antan. On s’assoit pour admirer le sapin. On respire, tout en buvant de l’eau. Discussion sur les travaux et examens de la semaine restante (voire le changement de rythme subtil). Un brin recentrant. Leur ai parlé des résultats des élèves québécois de 15 ans, dans le cadre du programme international PISA, suite à leur « réforme » (j’ai deux enfants réformés sur trois). Pas si mal, les jeunes. On score un peu moins qu’avant, je leur dis, mais tout de même dans les tops 5 ou 10 pour les trois matières évaluées : la lecture, les mathématiques et les sciences.

- Comme ça, tu vas arrêter de critiquer que je ne lis pas assez? De claironner le benjamin.

- Si tu peux me parler de l’histoire Les habits neufs de l’empereur, un conte d’Anderson, nous prendrons une trêve. Un journaliste de La Presse soulignait l’indignation des enseignants au regard du manque de culture des jeunes. Ils se questionnent à savoir si vous êtes une génération qui va s'incliner devant les rois.

- Quel roi? Charest n’est pas roi!

- ?!?

- J'ai vraiment aimé Amos d’Aragon, mais je ne me souviens plus de l’empereur. Es-tu certaine de me l'avoir raconté???


Bon, c’est moi qui prends une pause parentale. Je lirai L’année de la pensée magique pendant les Fêtes, de l’américaine Joan Didion. Elle parle de l’importance des livres lorsque tout bascule. Mon W n’adore pas la lecture et malgré les entourloupettes, la lecture au lit, dans l’auto, en cuisinant, dans le bain, en lotus, pendant son sommeil, je n’y suis pas arrivée. Il n’a pas cette passion qui vous empoigne le cœur et cette fréquentation subtile avec des personnages tellement imaginaires qu’ils vous habitent à tout jamais, une fois le livre fermé.

Mon plateau à trois étages est vide. Je suis prête pour la prochaine fournée.

lundi 13 décembre 2010

Le coeur en sucre d'agave

Ça y est, les fournées de biscuits ont envahi la cuisine de leur odeur de beurre caramélisé, sucré et décadent. Ce genre de recettes est bien sûr dédié aux ados, car je suis inscrite dans la secte des « sans gluten et sans sucre ». Pour l’instant. Ce qui m’étonne, c’est le plaisir que je ressens à transformer l’antre de la maison en atelier de Noël. Le chéri est d’ailleurs surpris que je me perde dans autant de glucose que je dénonce tous les jours.

Sauf que les Fêtes, que seraient-elles sans biscuits aux chocolats, aux fruits confits, au choco-gingembre, au beurre et sucre? Je tiens mordicus à ce genre de tradition. Mes amis aussi seraient peinés d’interrompre notre déballage de gâteau aux fruits servi avec un thé earl grey, devant le feu et les projets pour la nouvelle année. On croquera même dans un brie fondant aux raisins et porto, suggéré par Ricardo, la semaine prochaine. Je leur réserve la surprise.

J’ajoute à ma farandole de tradition, une journée popote de Noël avec mon amie Renée. Nous serons accompagnées de Frank Sinatra, Pink Martini et autres crooners. Le nez enfariné et la table couverte de plateaux sortant du four, nous ferons des petites boîtes décoratives pour emballer le tout, mercredi. La neige est de la partie, saupoudrant le décor et notre cœur. Tout y est.

J’ai le cœur en sucre, qu’il soit d’agave ou cristallisé, et je trouverai bien un moment pour me confectionner un dessert permis, en mettant en boucle une de mes chansons préférées, Santa baby.

vendredi 10 décembre 2010

Baby, it's cold outside!

L’hiver a repris ses droits. Il marque son territoire avec fracas. Ce que j’apprécie d’une tempête, surtout lorsqu’elle est imprévue, c’est qu’elle exige plus de flexibilité, module les horaires et la planification. Elle malaxe notre rigidité qui nous rend amnésiques du « vivant ». En prime, on doit ralentir et parfois même rebrousser chemin. On annonce encore un capricieux et raboteux temps pour le week-end. Voilà l’occasion rêvée d’honorer une fournée de biscuits, d’écouter des films de Noël, de trier les recettes gagnantes, de trôner sur le canapé en lisant des bouquins qui se font attendre.


Nous baignons désormais dans cette étape qui exige plusieurs pelures pour quitter la maison. Les cheveux se rebiffent, les pieds rougissent, les manteaux s’alourdissent. Les feux de foyer s’enfièvrent. Je frissonne et deviens une ourse qui hiberne. Pour m’extraire de ce cocon, on doit me séduire de sorties affectueuses et festives, car  Baby, it’s cold outside.


mardi 7 décembre 2010

Tout est léché

Éclairez ma faible lanterne concernant le vocabulaire du jour. On entend le concept du léchage sur toutes les facettes des productions artistiques. Ce film un peu léché, cette photo est léchée, texte léché. Diantre! Notre jargon ne cesse de se peaufiner, j'en perds mon latin avec ces modes, genre, lol, (cool étant complètement out). La photo satellite des routes, aujourd'hui, est-elle léchée?

En tout cas, décembre est devenu blanc, au risque de ne pas être joyeux sur le parquet de la circulation. Le verbe stresser doit se conjuguer à tous les temps. Et Josée Blanchette qui a déjà fait ses tourtières, sa maison en pain d'épices. Ça sent jusqu'ici, moi qui n'a pas encore mis la table des confections de Noël. Je me sens soudainement en fin de session, avec cette impression que quoi que l'on fasse, on ne terminera jamais à temps les travaux. À partir de ce point, léché ou pas, rien de mieux que d'écouter les crooners pour se détendre, même coincés entre les déneigeuses et les bouchons de circulation. Dean Martin, Frank Sinatra, Tony Bennett, venez à notre secours!

Des phrases courtes, ma chérie

Il existe un temps pour prêter l’oreille aux histoires de la nuit, pour laisser errer les personnages campés dans notre psyché, et un temps de solitude pour les apprivoiser.

Il y a un temps pour se courber sur le passé, afin d’extraire les vestiges qui sculpteront la matière créative, et un autre temps pour se laisser ravir par les êtres célestes qui s’étalent en nous – grâce au chemin parcouru – dans le but d’être en mesure d’entendre ces voix.

Il y a un temps pour qu'émergent les phrases qui font entrer le jour, et un autre pour aller à la rencontre de l’Autre, certains jours sombres.

Créer est un acte périlleux, car il est de chaque instant, se vit au quotidien, bien au-delà des concepts de productivité. Il est donc précieux d’être guidée, dans une route en épingles et lacets, par un mentor qui saura dire les mots justes, par exemple : « Des phrases courtes, ma chérie ».

C’est le titre d’un livre qui m’a inspiré l’importance du soutien et de la persévérance, écrit par Pierrette Fleutiaux, chez Actes Sud.


lundi 6 décembre 2010

Demandes au père et à la mère Noël

J’ai ajouté la mère Noël au destinataire d’usage, car je n’accepte toujours pas qu’on doive implorer encore le patriarche pour réaliser nos vœux, alors qu’on sait d’emblée que c’est le matriarcat qui gère tout le paysage des festivités, des attentions, des surprises, du « prendre soin », avec toute l’organisation qui vient avec.


Pas trouvé d'image de mère Noël décente...
Pour l’année 2011, je souhaite :

Que nous ayons accès à des aliments sains, sans pesticides ni additifs cancérigènes qui pullulent sur les tablettes d’épiceries. Pour ce faire, puissions-nous espérer une gestion — version durable et humaine — de nos terres agricoles. Dans cette veine, prière de ne pas vendre les produits toxiques – désormais interdits ici — aux pays en voie de développement, sous prétexte que nous sommes dans un contexte d’économie de marché;

Que les enfants puissent aller à l’école et vivre sous un toit qui les protège, sans antennes qui les bombardent d’ondes électromagnétiques, qu'ils aient de quoi se nourrir, des bras pour les chérir, et un peu de magie qui ferait la balance avec leur quotidien stressant, bref, qu’ils respirent une vie d’enfants. Et qu'on cesse de leur dire d'être sages. Qu'on tente d'être des modèles, ils nous imiteront;

Apprendre, comme citoyenne, à tolérer le flou, le doute et l’ambiguïté avant d’accuser. On a tellement besoin de trouver un coupable et de se délester de nos responsabilités;

Accepter de s’affranchir de notre droit de parole, et prendre conscience qu’on récolte les politiciens qu’on mérite;

Faire le deuil que je n’aurai pas le temps de tout lire, de tout découvrir, de tout faire. Je dois m'avouer que je sois de passage, et que je reviendrai poursuivre ma route;

Être plus souvent autour d’une table avec l’amour au menu, faisant fi du décorum;

Repérer et engager un coach d’écriture: être de plus en mesure de me soustraire à la pression sociale de productivité pour me libérer des « images » de succès;

Que chacun de nous développions le sens de la compassion;

Être désormais centrée sur ce que je pourrais apporter à la vie plutôt que ce que la vie a à m’offrir;

Rire et boire du thé vert à perpétuité.

vendredi 3 décembre 2010

Gérer le stress quand un mammouth se pointe

 J’ai rêvé toute ma vie d’adulte d’avoir le temps de préparer mon cœur, mon âme et ma table, pour que la célébration de Noël prenne tout son sens. Des images de retrouvailles, d’accolades, de regards touchés et émerveillés, des odeurs de cannelle et de biscuits enfournés tapissent le calendrier du 24 décembre dans mon imaginaire. Des après-midi neigeux de préparation de gâteaux aux fruits avec des amies, écoutant Frank Sinatra, me transportent dans la magie de décembre. Du genre Thirthy something, ma série culte des années 90, qui a influencé l’autre série culte de Bourguignon, La vie, la vie.


Et puisque je suis désormais à écrire à la maison, dotée d’un horaire flexible qui permet de juxtaposer la planification des chroniques, des fantaisies culinaires et des fournées de pains entre deux idées qui se chamaillent, je suis emballée de toutes ces recettes et parutions enivrantes de cette période de l’année. J’ai acheté la revue spéciale de Ricardo, celle de Châtelaine avec Josée di Stasio et leurs recettes de réception de Noël. Aussi imprimé la recette de biscuits de Marie-Claude Lortie, ainsi que celle de Julie Audette, des brownies sans sucre et sans gluten - pour les rescapées de mon genre.


J’ai donc conçu un recueil de recettes du temps des fêtes, que j’ai inséré à l’intérieur du bouquin Noël, d’Elisabeth Baird et Anna Hobbs, publié chez Madison Press. Un peu kitch et américain. Mais j’endosse. Depuis que j’ai découvert leur « thanksgiving », je dois admettre qu’ils ont l’intensité requise pour les rassemblements et la féérie.

L’an dernier, j’avais préparé des plats pour offrir en cadeau, selon le modèle di Stasio. Le bonheur étant contagieux, j’avais donné un peu trop de cet engouement, difficile à gérer les jours précédents la date fatidique, où le frigo signale qu’il n’en peut plus et que les caissières de l’épicerie se questionnent sur le nombre effréné de mes visites. Je m’étais juré que je doserais mieux cette année - parole de passionnée qui ne tient pas la route. Me voilà aussi enthousiaste en 2010 devant d’autres propositions médiatiques alléchantes. Quelle est cette euphorie pour la cuisine? Partout, à toutes les chaînes télévisées, il y a des émissions culinaires. Des revues. Des livres.

Finalement, le problème avec l’excitation, c’est l’effet « stresseur ». On s’ambitionne, on ne mesure plus, on lit des recettes au lit, dans le bain, à la librairie, à la bibliothèque. C’est si inspirant qu’on oublie le chantier qui rime avec une simple confection poudreuse de biscuits. Et pendant cette étape d’euphorie, il y a les autres repas à préparer, la marmaille continuant de réclamer ses plats et ses attentions.

Sans mettre un frein à l’engouement culinaire et festif, je propose plutôt d’apprendre à gérer le stress, toutes situations confondues. Qu’il soit réel ou imaginaire, positif ou négatif, il peut saboter les plus beaux moments.
D'après Sonia Lupien, neuropsychologue et auteure du livre Par amour du stress, Éditions Au carré, il semble que notre cerveau soit ancestralement programmé pour confronter ou fuir un mammouth.
C'est la raison qui expliquerait nos problèmes de stress du XXI e siècle.  Le temps serait venu de changer le disque dur. Voici un excellent balado à cet effet.
Sonia Lupien est aussi directrice du Centre d’étude sur le stress humain de l’Hôpital Louis-Hyppolyte Lafontaine de Montréal.

http://www.passeportsante.net/fr/AudioVideoBalado/Index.aspx?docId=371 (29 novembre 2010) ou sur le site http://www.passeportsante.net/

mercredi 1 décembre 2010

Dix-sept années à grandir

À lire mes Billets qui ont comme thématique la maternité, on pourrait imaginer que j’ai eu plein d’enfants, ou plein d’accouchements. Ou les deux, il va sans dire. Nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire de Flavie, venue au monde tout en douceur, il y a dix-sept ans, sous un soleil qui lui ressemblait déjà. Je me rappelle que je ne croyais pas devoir me présenter à l’hôpital, en fin de matinée, me sentant seulement « lourde » et légèrement dans le brouillard. J’étais dans mon cocon, avec mon papillon bien niché au creux de mon ventre. Je ne le dirai jamais assez, j’ai tellement aimé être enceinte que si j’avais pu perpétuer l'élasticité de cette période, d’un coup de baguette magique, j’aurais volontiers exploité cette phase.


Mon chéri tenait mordicus à se rendre sur les lieux du « travail ». Je me suis laissé emporter comme on se prélasse sur un radeau en mer tranquille. L’infirmière désignée à l’accueil (!?!) a protesté en déclarant que je semblais bien portante et non souffrante, signant ma présence trop hâtive. Le père a insisté pour qu’on évalue la situation, haussant même  le ton, car elle insufflait le retour à la maison. Quoi de plus magique que de se promener sur les autoroutes et être grisés par l’heure de pointe en pleines contractions. Soulagée, avec le recul, qu'il ait persisté. Il trouvait si étrange mon calme olympien. Midi sonnait ses douze coups de gong.

Le code rouge s’est fait entendre dans l’interphone après avoir constaté que mon col utérin était dilaté à 9, prête à « pousser », comme il est dit dans le jargon obstétrical. Elle a vu le jour quelques minutes plus tard, à 12 h 55, après que l’infirmière ait délesté sa panique aux mains de l’accoucheur. Ma coccinelle a choisi la même date que son grand-père pour vivre sa vie à nos côtés.

Flavie a toujours été comme elle est née : déterminée, gorgée de passion, ensoleillée, une montagne de solidité et d’amour, en douce flanelle, avec une odeur de poire. Sa flamme, traduite par une propension à profiter de chaque instant, a eu comme impact qu’elle a pris plusieurs années avant de « faire ses nuits », tout comme ses frères, d’ailleurs. Et malgré le cruel manque de sommeil (Super nanny — la Oprah des techniques — n’existait pas à cette époque), je remettrais au monde ces enfants, et d’autres, même, n’importe quand. Vivre en famille auprès de ces êtres qui grandissent, qui évoluent, qui sont de plus en plus en contact avec leur essence, c’est ce qu’il y a de plus précieux pour moi sur Terre. Expérience puissante et exigeante qui m’a poussée dans mes retranchements d’amour tendre. Ils sont des hectares de diamants dans ma cour. À chaque bougie qu’ils ont soufflée, mon cœur et mon âme ont pris de l’expansion. Je ne comprends toujours pas pourquoi je cherche si loin ma mission, quand déjà, elle vibre au diapason sous notre toit.

Ma fille adore le chocolat, craque pour la crème glacée et les smoothies, les éclats de rire, pour la série Gilmore Girls, les soupers en famille: elle laisse traîner ses chaussettes multicolores un peu partout, désorganise périodiquement les tiroirs de sa commode, compulse dans les crèmes hydratantes et les shampoings. Tout ça fait partie de son charme. On serait fous de ne pas en profiter!

Ma coccinelle colore son envol sous le signe de la conscience, de l’espoir, de l'affranchissement de ses talents, et de toute la richesse qu’elle sait détecter au cœur même de la vie.