vendredi 30 avril 2010

Le bonheur, même en exil

Voici un extrait du film Dakinis: le féminin de la sagesse, qui clôturera la thématique du bonheur de cette dernière semaine du mois d'avril.

Il s'agit d'une journaliste partie à la rencontre de femmes vivant au Népal et dans l’Etat indien du Sikkim, qui ont choisi, avec force et détermination, leur rôle dans la société. Leur seul souci est de soulager la souffrance d’autrui. Elles ont pour armes la foi, l’amour et la compassion. Grâce à l’enseignement bouddhiste, elles ont appris à effacer leur ego et se mettent dorénavant au service des plus démunis. Certaines ont connu les terribles geôles maoïstes et les tortures mais gardent une confiance inébranlable en l’humanité. Elles oeuvrent aujourd’hui dans des centres pour orphelins ou des cliniques. Certaines Dakinis ont pour seule activité de prier dans les temples pour la paix dans le monde. Plus qu’un voyage, plus qu’une quête, c’est une véritable leçon d’humanité que filme ici Véronique Jannot. Du fin fond de leur exil, les Tibétaines continuent de se battre pour que survive les valeurs de compassion.

Ces femmes décrivent cet état d'être comme le principe féminin de l'éveil. "Nous regardons la vie autrement. Nous disons: le passé est passé. Demain s'occupera de lui-même en temps voulu. Faisons d'aujourd'hui le meilleur que nous pouvons. En vivant comme cela, on ne peut être déprimé.(...) Tout ce qu'on fait n'est pas pour soi, mais pour les autres. C'est le chemin de la compassion."

Les Dakinis intervewées ont un regard profond de sérénité et d'accomplissement, qui nous invite avec allégresse à revisiter nos choix, nos valeurs et nos perceptions au regard du bonheur. Elles ne possèdent rien et considèrent que leur vie est un privilège.

Aujourd'hui, je ferai la révérence au soleil, je remercierai la vie avec gratitude pour tout ce qu'elle m'offre, ces milliers de petites choses qui, sans une conscience aiguisée, passeraient inaperçues. 
C'est la grâce que je nous souhaite.


DAKINIS, LE FEMININ DE LA SAGESSE - BANDE ANNONCE
envoyé par stephanie_arnoud. - Regardez des web séries et des films.

jeudi 29 avril 2010

La couleur rime avec bonheur

J'ai une contracture musculaire douloureuse du cou qui affecte principalement le muscle sterno-cléido-mastoïdien, ainsi que le trapèze, bref, un torticolis, suite provoquée par les tests d'amplitude hard du rhumatologue. Bravo!
Je suis entièrement de noir vêtue, et je fixe le calendrier. Mon bureau sniffe l'encens, à moins que ce ne soit l'huile essentielle de lavande, mère réparatrice de tous les maux. Il apparaît que le mois d'avril s'est faufilé entre mes écrits, mes projets et mes dates de tombée. Dans la quête du zen, j'ai épinglé sur mon babillard une photo évocatrice. Lorsque je perds les pédales dans le futur composé, je respire en la regardant.

J'ai testé le coffret Méditations  pour mieux vivre, guidées par Nicole Bordeleau. Selon mes résistances à ne rien planifier pendant plus de quelques minutes, j'avoue que le test est réussi. Ce coffret comprend trois CD, avec des méditations pour calmer l'esprit, pour éliminer la fatigue physique et mentale, pour soulager les douleurs physiques ainsi que pour combattre l'insomnie.  "Il existe en chacun de vous une source inépuisable de calme, de paix et de sérénité", est-il écrit sur la pochette. Sa voix est apaisante, et sa vie est inspirante. Suite à l'annonce d'un diagnostic médical dit irréversible, elle a changé sa vie, s'est consacrée à sa passion du yoga, à la méditation, en s'offrant une qualité de vie rêvée. Et la vie lui rend bien, car la sérénité est sa distinction et la maladie n'est plus dans son répertoire.

Dans un contexte de Vivre sa vie au lieu de la penser, je choisis la couleur. Exit le noir, exit les bobos, terminus. Je vais croquer dans une salade tiède de haricots verts, tomates grelots rouges, lupins jaunes, thon blanc, feta de brebis, et divine huile d'olive provenant d'Espagne. Le tout dans mon bol de bambou rouge. Je ferai de mes trapèzes un tremplin vers le "ici et maintenant", un souffle au goût du bonheur.

mercredi 28 avril 2010

Pratique de chaque instant

J’ai réfléchi au bonheur, hier, live, et, dans un tout autre ordre d’idées, bassement terre-à-terre, je crois que le bonheur existe lorsqu’on quitte l’entre-deux : entre deux brassées de lessive, entre deux garde-robes, entre deux saisons, entre deux années budgétaires, entre deux réunions de parents, entre deux repas, entre deux épisodes inflammatoires. L’entre-deux, c’est un concept médical, qui gravite dans l’alcôve de nos vénérables spécialistes, grisés par une vie à la vitesse "grand V", et empêtrés dans une forêt de fatalités. La « patiente », remplie d’espoir, exprime le bien-être du moment, raconte la métamorphose depuis qu’elle a modifié son alimentation. Le médecin fait les gros yeux, regarde les résultats des examens dans le dossier, fait l’aller-retour entre elle et les chiffres éloquents, et s’empresse de discourir sa théorie, au cas où le bonheur gagnerait du terrain. Il assure que ce mieux-être n’est que passager, que l’alimentation n’a absolument rien à y voir, et que, tôt ou tard, la douleur reviendra, car c’est chronique. (et non seulement dans la région sacro-iliaque, mais s’annexera aussi des douleurs dans la région cervicale, car c’est toujours ainsi). Il n’y a rien à faire, sauf soulager par la médication. « De plus, nous rappelle-t-il, un jour ou l’autre, nous mourrons ». Wow! J’ai failli l’engager comme conférencier sur le bonheur…


C’est une scène véridique, tournée hier, pendant la tempête, dans un hôpital universitaire, promis à un grand avenir. Et j’ai failli sombrer dans la torpeur, quoique un peu quand même. Croyez-le ou non, je me suis réveillée ce matin ankylosée, peine à bouger. N’est-ce pas assez puissant les suggestions? Je n’étais plus dans le moment présent, mais dans l’anticipation d’un épisode inflammatoire, et mon cerveau droit, full innocent, n’est pas en mesure de faire la différence entre le réel et l’imaginaire. Donc, en entendant ces propos (diffamatoires sur ma santé), je vivais déjà dans les douleurs futures, et mon corps a exactement mis en branle le processus. Fascinant!
À choisir entre entendre distiller d’obscurs pronostics d’avenir, faire amerrir un Boeing 747 en panne de tous ces réacteurs me semble un jeu d’enfant, un pur plaisir.

Il n’y a pas d’autres issues que de se centrer sur le moment présent. Le défi est grand, laborieux, exigeant, éprouvant, entrecoupé de rechutes. « Quand l’existence se complique, quand on se sent submergé, envahi par une impression de confusion, le mieux est encore de prendre du recul, de s’accorder le temps de réfléchir et de se remettre en mémoire l’objectif d’ensemble : qu’est-ce qui va véritablement m’apporter du bonheur? » Dalaï-Lama, L’art du bonheur.

Où vais-je mettre le focus? Sur le festival des catastrophes potentielles ou sur le « ici et maintenant »? Il existe un espace propice au bonheur. Je suis libre de choisir.

mardi 27 avril 2010

Le bonheur peut être fabriqué. Vraiment?

Dans cette série sur le bonheur, je suis considérablement motivée à tout mettre en pratique, (Ce sont les conditions internes qui sont garantes du bonheur, a-t-on appris hier, avec Matthieu Ricard) adoptant l’idée bienveillante que tout changement se traduit par un « work in progress ». Jusqu’à ce que je me lève ce matin, sidérée, et enregistre dans mon cerveau la blancheur du décor. Je flairais une vue brouillée. Eh non, il s’agissait de la neige couvrant mes fleurs et mes arbustes, fiers d’être aussi vaillants, blêmes de stupeur.


J’ai atterri, pris un petit déjeuner copieux, question de me remettre du choc, en me remémorant le dîner d’hier, sur la terrasse d’un café; j’admirais la nature effervescente de l’Île des Moulins, ses bernaches, ses canards, ses ados en shorts et tee-shirts. Un air estival de rosé sur les tables, je me questionnais sur la meilleure cure anticellulite à exécuter à toute vapeur, étant donné la jupe à nos trousses. Avouons, dans une pratique incroyable d’aptitude au bonheur, que cette météo nous donne du temps…

En entrant dans la voiture, après l’avoir déneigée (!?!), j’ai constaté que nous avions oublié de fermer le toit ouvrant en revenant du fameux lunch. Sièges immaculés de blanc. Là, ma foi vacille. Je suis parsemée de scènes de soleil, d’eau turquoise et de maillots de bain, d’effluves de crème solaire. J'ai les fesses mouillées et je reçois des gouttelettes d'eau du plafond. Même le majestueux magnolia en fleurs de la rue St-Louis s’avère décontenancé.

Puisqu’il me reste du temps avant mon rendez-vous, je me précipite sous le jet bouillant de la douche, j’écoute Pink Martini à fond la caisse et me prépare un thé vert des grands jours. Et j’écris. Là, à cet instant, je retrouve mon épicentre. La journée sera belle. L’occasion m'est proposée de lire Invisible, de Paul Auster, pendant l’attente chez le médecin. Chaque geste sera unique, chaque respiration vivante. J’accueillerai mes amours pour le souper, et je leur concocterai des filets de truite au cari et gingembre, sur un nid de riz au jasmin, de tomates cerise, accompagnés d’un chutney d’oignons et de mangues. Je récidiverai la cérémonie du thé, même s’il existe un risque de perturber mon sommeil, car la vie est courte, et je ne veux rien manquer. Surtout pas le transfert des vêtements d'hiver dans l'autre garde-robe.

Oui, certaines situations sont préférables. Il est normal d’avoir des préférences pour un type d’avenir plutôt qu’un autre. Mais lorsque ces préférences nous tiraillent trop fort et trop vite, et que nous surestimons la différence des résultats de nos choix, nous sommes en danger. Lorsque notre ambition est maîtrisée, elle nous mène à la joie. (…) Nos désirs et nos inquiétudes sont souvent démesurés, car nous possédons la faculté de fabriquer précisément le bonheur que nous recherchons.
Dan Gilbert, Ph.D en psychologie, professeur à Harvard.

Vous pouvez sélectionner le sous-titre en français

lundi 26 avril 2010

Matthieu Ricard: les habitudes du bonheur

"Nous avons un désir profond et intime de bien-être", dit Matthieu Ricard, l'homme le plus heureux du monde, d'après les tests d'imagerie par résonance magnétique (IRM) révélés dans la plus récente recherche internationale sur les effets de la méditation sur la santé.

Personne ne se lève le matin en déclarant : « Wow, je veux souffrir aujourd’hui ». Nous vivons tous en quête de bonheur. Mais nous tenons à notre souffrance parce que nous aimons quand elle s’arrête un moment. C’est un fonctionnement acquis.


D’après ce moine bouddhiste, nous confondons plaisir et bonheur. Les plaisirs sont éphémères, les choses s’usent, contrairement à un état intérieur de bien-être qui ne s’éclipse pas selon les événements du quotidien, le bien-être se définissant comme une profonde sensation de sérénité et d’accomplissement personnel.

En visionnant cette vidéo, j’étais abasourdie. Si simplissime. Si évident. C’est même contagieux, en sa présence, de s’installer sur notre coussin de méditation, et de s’y abonner à vie. Le rêve! Cessez de mettre le focus sur des balivernes, de désirer se transformer en Sarah Jessica Parker, d’habiter dans une maison autonettoyante, avec un sentier de pétales de roses menant à sa chambre, arrêtez d’être ficelé dans les tâches à effectuer avant de profiter du moment présent.

Bref, on se situe loin de la poursuite effrénée d’objets à acquérir, des listes à réaliser, des gadgets promettant le paradis, qui, sans eux, l’apocalypse.

Scène : un grand maître devant un troupeau d’adolescents, branchés sur leur iPod, leur téléphone portable, dans le capharnaüm de leur bunker (ou caverne, c’est selon), grisés par la pizza et des Red Bull (ou autre, c’est selon). Que leur diriez-vous, donc? demande un père frustré, dépassé par la situation, croyant le prendre au dépourvu dans sa vision de la vie (irréaliste, s’entend).

J’imagine qu’il nous répondrait que c’est nous qui les avons éduqués, nous qui avons abdiqué au regard de la publicité et des pressions sociales de consommation, nous qui avons choisi les compétences transversales et les réformes scolaires infinies (notre solution étant toujours à l’extérieur, dans l’Ailleurs). Que nous avons priorisé le travail – il fallait bien payer toutes ces choses -, avons misé sur les REER et les placements -il fallait bien penser à l'avenir- et que nos enfants sont branchés sur la télévision et les ordis parce que leurs parents sont trop occupés, ils ont leur vie à vivre, après tout!

Je crois profondément que tout s’acquiert, le bonheur y compris. Nous avons été capables d'intégrer la sensation de ne jamais nous sentir à la hauteur, de jalouser la réussite de l’autre – surtout s’il est québécois -, de valoriser la compétition à outrance, "le héros ou le zéro", d'oser dire d'un itinérant que s’il est réduit à vivre dans la rue, c’est son problème, y' avait beau aller à l’école. Nous avons appris à lire de la poésie ou des graffitis.

Nous pouvons désormais tendre vers la compassion, la gentillesse et la bienveillance. Nous pouvons choisir d’apprendre ce que nous voulons, entre autres que le bonheur est issu des conditions intérieures, et non de l’environnement extérieur. Ouf!

Que choisissons-nous d’assimiler, à partir de maintenant?

En visionnant la vidéo, vous pouvez sélectionner le sous-titre en français.

jeudi 22 avril 2010

Jour de la Terre


C’est le Jour de la Terre aujourd’hui. Malgré les efforts pour protéger la planète, le bilan est inquiétant. Certains gestes, pourtant si simples, ne sont pas encore coutume pour la population, disent les organisateurs de cette journée. Par exemple, l’utilisation de détergents qui contiennent du phosphate ainsi que la consommation des aliments faits à partir de sirop de maïs. La façon dont on cultive les immenses terres de maïs est extrêmement nocive pour l’écosystème.

Dans un article de Passeportsante.net, des conseils sont suggérés pour préserver notre planète :

Manger des produits certifiés biologiques par des organismes canadiens


• Acheter des produits locaux pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) engendrés par le transport


• Privilégier les produits avec peu d’emballage pour minimiser les déchets


• Éviter de manger des animaux (et poissons) en voie de disparition comme le thon rouge


• Réduire sa consommation d’eau pour réduire la pollution produite lors de son traitement

Je considère ces suggestions très minimales, faciles à implanter par rapport à d’autres, qui exigent plus d’engagements : recycler les portables, les déchets électroniques, protéger la population des ondes électromagnétiques engendrées par les hos?%$* d’antennes sans fil, à micro-ondes, pour répondre aux besoins WI-FI. Je crois que c’est le défi du siècle. Je ne peux concevoir qu’on aille sur la Lune, sur Mars et tant qu’à faire, sur Jupiter, et qu’on ne soit pas en mesure d’inventer des moyens de communication sains et sans dangers. Évidemment, ce serait possible, mais ça coûterait plus cher… et la facture au niveau de la santé est alors absorbée par les citoyens et l’avenir de la planète.

Dans notre foyer, nous avons modifié nos habitudes de vie au fur et à mesure, espérant être de plus en plus « vert » : exit les bouteilles d’eau jetables, choisi les fruits et légumes biologiques (malgré le fait que ce ne peut être toujours local, c’est privilégié), sacs réutilisables, recyclage en tous genres, économie d’eau et de ressources électriques. Nous payons désormais nos factures virtuellement (!?!) et ne faisons pas rouler notre moteur, à moins vingt degrés, avec un démarreur à distance, pour se blottir dans une voiture chaude comme le salon. Mais comme tout humain, j’ai mon côté incohérent, inconscient, mais en toute conscience. Lorsque je prends l’avion, je suis au paradis, et je ne peux m’empêcher de rêver à explorer le tour du monde.

Ce que je ne peux tolérer, c’est la sensation d’être coincée entre les paradoxes. Le bio, oui, mais il y a l’empreinte écologique du transport (comme si les autres agricultures de masse, qui massacre nos terres, n’ont pas d’empreintes de transport); le bambou, oui, mais on annonce que les produits pour traiter ce bois sont très toxiques; les ampoules fluo compactes, supposément écolos. Vraiment? Elles contiennent du mercure et du plomb, extrêmement toxique pour l’environnement, et l’on doit quitter la pièce pendant plusieurs minutes lorsqu’une ampoule se brise, pour éviter d’inhaler. Quand je constate, dans les épiceries, le suremballage des produits, je fulmine. Mais ce n’est pas le pire. Un jour ou l’autre, j’aurai des ennuis, car je vous jure, quand je vois un voisin laver à grand jet d’eau son char et son entrée de garage, presque quotidiennement, je voudrais lui hurler dessus et le traiter de gros colon. Étant donné qu’un tel rituel n’est pas issu de mon éducation, je me plante là, et je le fixe. Et Rien ne change. Y-a-t-il une autre étape à franchir? Faites-moi des suggestions, au ps.

En attendant, je vais aller m’appuyer vers mes arbres et leur dire à quel point ils sont bénis, et que je leur serai éternellement reconnaissante de leur bienveillance.

À lire et à voir : L’homme qui plantait des arbres, récit de Jean Giono et film réalisé par Frédéric Back

À voir : l’émission Découverte, à Radio-Canada, animé par Charles Tisseyre, Terre : la grande aventure de la vie

mercredi 21 avril 2010

Ménage du printemps

Tapie au fond de mon lit, la journée d’hier a été consacrée à la chasse aux dragons microbiens. Trempée comme un canard, des aiguilles me transperçant la gorge, une sensation qu’un rouleau compresseur ayant passé sur mon corps, j’ai piétiné entre le bain aux huiles essentielles magiques (Ravinstara) et mes draps de coton égyptien.


J’ai diagnostiqué un ménage de printemps, plutôt qu’une grippe d’homme, ce qui, il va sans dire, n’est absolument pas comparable aux microbes connus de la science. J’ai dû boire vingt-quatre litres d’eau en vingt-quatre heures, ce qui se révéla un exercice assez cardio, mon corps éliminant tout ce liquide et ses détritus. La tête dans un étau, je me suis juré que je lirais Gaston Miron, l’Homme rapaillé. Les révélations proviennent de n’importe quelle source.

Je suis encore dans le brouillard, mais je suis impressionnée d’être à la verticale, dans tous les sens du terme, même habillée de « plus que mou ». Je suis lucide au regard du ménage que j’ai à faire, du corps, de la psyché, jusqu’à mes tiroirs. C’est toujours en lien. Ma mère m’a appris que faire du ménage est thérapeutique. Donc, dans cet élan de transfert, j’ai ouvert mon frigo, déclaré qu’il était dû pour un grand nettoyage. À partir de tous les légumes qui coloraient cet antre de santé, j’ai concocté une soupe du printemps, que je dégusterai tout au long de la journée. Les odeurs m’ont d’emblée ragaillardie, et j’en ai profité pour faire le tiroir des ustensiles. Beurk!

Dans une atmosphère divine, mes amis chasseurs de poussière viendront demain poursuivre cette quête de ménage de printemps. J’ai presque envie de les attendre sur le balcon, tellement que j’ai besoin d’eux. Et j’achèterai une nouvelle pile pour mon ordi portable, de sorte que je pourrai éventuellement écrire de mon lit, en période de ménage, de perte d’énergie, mais en gain d’inspiration, prête à partager mes coups de foudre.
Parlant de coup de foudre, vous ai-je partagé ma sortie dans l’Île des Moulins? Demain, promis.

Je retourne au lit, avec mes huiles essentielles, mon bouillon, la fenêtre ouverte sur le Monde pour m’envelopper du concert des oiseaux dans ma cour. Non, je n’ai pas encore de poules.

lundi 19 avril 2010

La paix grâce au cerveau droit

Le matin, avant de me mettre au travail, j’aime que tout soit en ordre autour de moi. Je suis reconnaissante que les vêtements soient dans le placard ou les tiroirs de la commode, que la vaisselle soit lumineuse sur sa tablette, que la salle de bain ne soit plus transformée en hammam. Surtout, je serai de meilleure humeur si les « papiers » officiels (courrier, factures, etc.) et mes notes personnelles sont classés et rangés ailleurs que sur le frigo et dans la corbeille à fruits. Je me plais à organiser et planifier ma journée hors d’un champ de bataille. Voilà donc mon hémisphère gauche qui prend la vedette, car il a besoin que je structure ma pensée, l’analyse, la triture, lui fasse faire des saltos arrière, pourvu que je sois préoccupée par le passé ou le futur. Cela peut être « pratique » lorsqu’on doit choisir d’attendre au feu rouge, ou encore pour intégrer une nouvelle information à partir des acquis actuels; il est aussi précieux, en partie, pour résoudre les défis de notre vie. Par contre, le problème est que nous fonctionnons trop et trop souvent qu’à partir de cet hémisphère cérébral qui est linéaire, logique, associé au passé ou au futur.


Grâce à notre hémisphère droit, notre vie créatrice est vivante, notre intuition a la permission de nous guider vers une route qui peut aussi nous sauver, nous permettre de nous projeter dans l’Ailleurs, dans des zones jusqu’alors inconnues, mais éminemment puissantes. On pourrait dire, avec les plus récentes recherches en neurosciences, que tout est à découvrir sur le fonctionnement de notre cerveau. Depuis toujours, le cerveau droit a été le mal-aimé, car, jusqu’à ce jour, nous ne pouvions scientifiquement analyser - et c’est l’ironie du sort - toute sa puissance, ses fonctions et sa portée. Nous sommes à l’aube des découvertes au regard du cerveau. Toutefois, nous pouvons d’emblée affirmer, à la suite des dernières expériences en neuropsychologie, qu’être dans le cerveau droit, c’est vivre le paradis sur terre, c’est être en contact avec l’infinité de possibilités, c’est quitter le « moi » pour rencontrer le « nous ». Nos millions de cellules deviennent en synergie avec les millions d’autres cellules qui s’amalgament pour devenir un autre espace formant un tout, qui n’ont rien à voir avec notre habituelle vision des choses. En fait, c’est l’ouverture au Monde, à la paix, à la lumière, à notre divinité.

La vidéo qui suit est touchante et renversante. Il s’agit du témoignage d’une neuropsychiatre, Dr. Jill Taylor, qui a subi un AVC, un accident vasculaire cérébral, et qui, de l’intérieur, a vécu le phénomène. Bien sûr, son courage pour se « rebâtir » est extraordinaire. Le message qu’elle veut transmettre est convaincant, c’est-à-dire qu’il est possible d’être en équilibre en s’habilitant, de plus en plus, à une connexion de  nos deux hémisphères cérébraux, pour un meilleur équilibre. Les états méditatifs, entre autres, sont une des façons d’y parvenir, puisque nous sommes dans le « présent », dans notre hémisphère droit, et que là, il n’y a que la paix.

Elle vient de publier son livre: Voyage au-delà de mon cerveau, Dr. Jill Bolte Taylor



Jill Bolte Taylor, sous-titre français
envoyé par postatheisme. - Regardez plus de vidéos de science.

vendredi 16 avril 2010

Qui sommes-nous face aux droits d'auteur?

Ce matin, c’est gris, tristounet et frisquet. Je n’arrive pas à me centrer sur mes tâches d’écriture, embourbée dans une planif étourdissante et entourée d’ados musicaux. Je gère le drame d’un ordi qui a rendu l’âme, et étale un ruban jaune autour du mien, car il est en extrême demande. « Que peut-on faire sans ordinateur »? me dit-il. Je pompe l’air et deviens rouge comme une pivoine. À moins que ce soit une « chaleur » qui s’immisce dans cette journée pédagogique. Voilà un fragment des joies du travail à la maison.


Toutefois, il y a des injustices qui m’habitent bien au-delà d’une carte vidéo qui s’éteint, avec des grognements en accompagnement. Je pense à l’affaire Claude Robinson. David contre Goliath. L’auteur s’est fait littéralement démunir de son œuvre, son dessin animé Les aventures de Robinson Curiosité a été malhonnêtement plagié par la compagnie Cinar . Monsieur Robinson, pour sauver son âme, a risqué de tout perdre : son temps, son argent, son énergie. « Ce n'était pas juste une création. J'avais dessiné mon visage (Robinson Curiosité) et ils ont copié cela. C'était une partie de moi-même », a dit le créateur de 58 ans.



Pour gagner son procès, Claude Robinson a mené une enquête monstre et vécu 14 ans de tractations juridiques et une longue dépression. Le procès a nécessité 40 témoins, 20 765 pages de documents, 23 interrogatoires préalables, 53 heures de visionnage d'épisodes et un voyage du tribunal québécois en France.

Avec une trahison comme celle-là, on n’en sort jamais indemne. Il a perdu non seulement son histoire, ses personnages, mais sa fibre créatrice. Et ça, aucun montant d’argent, aussi exorbitant soit-il, ne pourra compenser cette perte.

La saga dure depuis plusieurs années, les procédures ont commencé en 1995. L’auteur s’est battu contre vents et marées. En 2009, Cinar a été condamnée à lui verser 5,2 millions de dollars. Nous étions émus, soulagés, remplis d’espoir au regard de la justice.

Au moment où l’on se parle, il devrait avoir en poche ce qu’il lui revient. Mais les coupables portent le jugement en appel. Pour lui venir en aide, question de survie, des amis ont mis sur pied une fondation. Une réflexion sociale est à mener concernant les droits d’auteur : la journée du 23 avril est donc devenue la journée mondiale du livre et du droit d’auteur.

La suite nous révélera la couleur de la justice. Pour suivre le dossier, faire un don ou encourager l'auteur dans sa persévérance, espérant qu'il se remettre à créer, un site Web a été mis sur pied cette semaine:

Déjà, je ne pouvais supporter la perfection exécrable de la mère de Caillou, lorsque mes enfants étaient petits, mais là, vraiment, je suis devenue allergique à la série Cinar.

jeudi 15 avril 2010

Georgia, les pastas et la familia

 Un « spécial hommes » est consacré aux 100 habiletés de l’Homo Quebecus , dans la revue l’Actualité du mois de mai. D’après le groupe de six journalistes qui se sont relevé les coudes en y réfléchissant pendant deux jours, dans un chalet en pleine nature, il semble que ce ne soit pas facile d’être un homme en 2010.


C’est amusant de lire ce reportage, et surprenant de tenter de se reconnaître, comme femme, dans les attentes citées. Dans la section couple, les habiletés in s’annoncent ainsi : voir venir et gérer les SPM de sa blonde; écouter sa blonde raconter sa journée et avoir l’air intéressé. Ma favorite , Côté survie, on découvre: tuer, écorcher et rôtir une poule ou un lapin. (Vraiment? À ne pas inviter dans mes arpents verts). Section urgence, casser une fenêtre sans se couper (pour sortir d’une maison en feu, par exemple). Cette dernière, c’est la préférée de Josée Blanchette.

Ce serait intéressant d’ajouter une touche féminine au palmarès des tendances in. Entre autres, détenir l’habileté à gérer TOUTES les journées pédagogiques, les congés scolaires comme la « semaine de relâche », les neuf semaines estivales, ainsi que les fermetures d’écoles en cas de tempête ou de grève. Toujours selon moi, il manque le summum des habilités masculines : puisque nous vivons sur la planète des services 24 h, aller à l’épicerie à l’aube, tant qu’à faire de l’insomnie, en laissant un mot doux sur la table mise pour le déjeuner, pour nous en aviser lors du réveil. Et là, c’est mon chum qui détient la médaille d'or.

 En prime, l’Homo Quebecus puisse-t-il danser en écoutant Georgia, pendant que les pâtes cuisent al dente, et qu’une brassée de lessive est en marche. Les journalistes l’ont échoppée celle-là…

Article à lire, et Georgia à danser.


mercredi 14 avril 2010

Les arpents verts

Depuis que j’ai appris que India Desjardins s’habille mou pour écrire, je suis déculpabilisée d’être accoutrée en jogging, cheveux mouillés retenus avec une pince. Quand on connaît cette pétillante et amusante femme, ça redore l’image des tenues intérieures pour piocher sur des textes.


Je me suis réveillée en sueurs, à l’aube, terrassée par une liste de "to do". Je n’avais plus de pain sans gluten, j’avais échoppé les huit brassées de lessive, des courriels à retourner, une formation sur l’écriture de magazine à saisir sur le Web, un texte à remettre à l’École de rédaction, blablabla. En plus, j’étais envahie par la culpabilité d’avoir bouffé du steak. Oui, oui, du steak. Je n’avais pas absorbé une telle chose depuis des siècles, mais j’ai répondu à une attaque post-pureté. Je mange des fruits et légumes bio, du poulet bio, du veau bio, du riz et des céréales sans gluten et bio, je bois des tisanes et du thé bio. J’harmonise ma santé avec des suppléments de tous ordres, des huiles essentielles jusqu’aux cures réparatrices, une programmation assez intense pour orchestrer ma journée à toute heure.

C'est pour ça que j’ai craqué. Ras-le-pompon! Nous prendrions le même repas, toute la famille, et connaîtrions un semblant de « normalité », bref, un souper plongeon vers ce qui ressemble à ce que la moyenne des gens ingurgite quotidiennement.

Quelle horreur! En premier lieu, ma fille a refusé cette chose. Mon fils a confié, de but en blanc, qu’il allait parfois le midi chez PFK, avec ses amis. QUOI????????????? Ça ne ressemblait donc pas du tout à l’idée que je m’étais faite dans mes archives cérébrales. La nuit venue, après avoir infuser des herbes digestives, j’ai fait des cauchemars pendant que jouait la neuvième symphonie de Beethoven dans mon estomac.

Un film concernant les événements des dernières semaines (visites successives à l'hôpital Sainte-Justine pour le fameux membre fracturé de mon fils, ma saga dans les canyons du centre-ville, les cures) s’est déroulé dans mon cerveau, avec une bande-annonce “give me a break” déroulant en bas des images.

J’ai recraqué. Je ne veux plus sortir de la maison, je veux m’habiller mou, et je songe à élever des poules en liberté, dans ma cour. Dans ma crise du bio, je pourrais, à défaut d'un potager, d'une serre et d'une étable, faire caqueter et glousser mes volailles, et bouffer des oeufs heureux. J'ai la prétention de croire que mes poulettes nageraient dans le bonheur, à quelques pattes de la piscine. Dans une discrète cour du 450, elles  seraient déjà dans un espace plus spacieux que dans leur milieu actuel. Par contre, je ne sais pas si mes voisins apprécieraient, ni mon conjoint, encore moins les ados, mais juste l'idée me sourit.

Moi, je m’ennuie des arpents verts. Nostalgique, je cherche un lieu, ne serait-ce que pour quelques jours, pour revivre dans la nature, le foin, avec des poules et des chèvres. Il me manque toutefois une personne pour grimper dans le poteau, afin de me “brancher” pour vous écrire. Dans ce tableau idyllique, j'imagine le meilleur: au grand dam de mon amie Édith, du country comme musique d'ambiance dans ma basse-cour.

mardi 13 avril 2010

Quand je serai grande

Hier, pour la première fois depuis que j’ai entrepris mon blogue, je n’ai pas publié de billet, malgré le fait que le calendrier n’affichait pas un jour férié. Mais mon amie Gi a décrété que le douze avril symbolisait un second lundi de Pâques. Elle a raison, car avec la rencontre que je vais vous raconter, vous comprendrez.


Ne pas écrire une journée, et, déjà, j’en ressens le manque. Décidément, je ne peux vivre sans écriture, ou du moins je hume cette sensation que la vie se faufile entre mes doigts plutôt que de s’y nicher. J’aime surtout créer un texte « live », c’est-à-dire à partir de la matière vivante, de ce qui vibre dans mon quotidien. Et il n’est nullement question ici d’un cellulaire ou autre instrument vibratoire, mais de petits événements qui, si simplissimes soient-ils, deviennent un phare, un éclairage sur la route à prendre.

En rencontrant Germaine, hier, j’ai donc prononcé la promesse solennelle, à moi-même, que lorsque je deviendrai grande, j’aspire à lui ressembler. Détenir sa trempe. Dès son contact, mes cellules ont commencé à vibrer, à reconnaître une inspiration, une histoire, un devenir. Être en présence de Germaine, c’est fréquenter l’Amour. Exactement comme se promener dans la forêt et apercevoir une licorne, sous un lilas blanc, dans un champ de lavande, à boire goulûment une boisson turquoise. Nous serions déjà ébahis de croiser un faon, un Bambi, alors imaginons l’effet envoûtant de se retrouver dans ce site enchanté. Et plus on avance dans cette occasion, plus la lumière scintille, telle la lune se reflétant sur l’eau scintillante d’un lac.

La présence de Germaine est pleine de ses mains de velours et de ses yeux bleus. Quelques mots silencieux exprimés, les yeux mouillés, je me suis blottie dans l’enceinte de cette réunion, pour pénétrer au cœur d’une énergie lumineuse, cristalline. « C’est dans le silence que la réponse est bonne; c’est dans la pénombre que la lumière est belle », écrit le poète Portelance.

Par son contact, Germaine rend la vie poétique. Elle vit actuellement la grande traversée, celle d’un diagnostic médical suivi d’une opération chirurgicale, moments charnières où on abrite l’impression que tout bascule. Et, à travers la douleur et le repli, elle respire la beauté et la bonté, au bras de son Claude, qui l’accompagne dans l’amour. Celui avec un grand A.

Avec Germaine, j’ai surpris un rendez-vous pour apprendre à me tenir debout, avec mes larmes, car elle évoque l’essence même de l’authenticité. J’espère infuser, à ses côtés, un divin thé pour déguster les effets de son existence, demeurer là, encore un peu, et murmurer ma gratitude qu’elle ait choisi d’adopter notre pays mal isolé. Sur la pointe des pieds, je m’invite à revenir, puisque déjà elle nous manque lorsque l’on quitte cet espace. Comment dire autrement, une rencontre choc.

Sur le chemin du retour, j’ai décidé que, une fois devenue grande, je créerais de la poudre de perlimpinpin, n’importe quoi s’il le faut, pour ressembler à Germaine.

vendredi 9 avril 2010

Marguerite ou l'éloge de la différence

Sous un tipi de haricots grimpants

Du plus loin qu’elle se souvienne, elle était différente des autres. Il y avait des mélodies de mots dans sa tête, elle entendait des histoires fantastiques de la bouche des coquillages, les peinturait de toutes les couleurs, et adorait s’étendre sur l’herbe humide à écouter tomber la pluie.

Lorsque les enfants de sa classe se querellaient en jouant au ballon, elle se questionnait sur la guerre et se disait qu’à ce moment même, à un autre endroit, la planète était criblée de chagrins.

Lorsque les premiers flocons de neige valsaient sur notre calendrier, elle échafaudait des formules mathématiques pour comprendre la structure des flocons. Elle se demandait aussi s’il existait une espèce de zumains sur les étoiles, convaincue qu’elle les rencontrait dans ses rêves.

Au fil des années, elle a connu toutes les traversées : élevée au charbon, elle s’est éclairée à la chandelle, a vu les hommes partir à la guerre, s’est déplacée avec des chevaux. Elle a fêté le miracle d’un réveil dans une maison chauffée, du premier téléphone, de la lessiveuse automatique, d’un café au percolateur.

Elle a enseigné dans une école de rang et a toujours préservé les différentes couleurs des âmes de ses élèves. Pour Marguerite, assumer sa différence, quelle qu’elle soit, a toujours été une valeur sûre. À l’époque où les femmes n’avaient pas le droit de vote, elle a eu son mot à dire, à signer, et malgré les lois restrictives, elle a osé. Elle a pris la parole, elle n’est pas restée silencieuse. Elle a briqueté ses projets d’avenir, tissé sa mémoire, brodé l’avenir de ses filles même les yeux humides. Elle a cousu du style, de la grâce et avait un charme unique en son genre. Elle voulait la liberté pour ses filles, la passion comme héritage.

Marguerite a toujours aimé les histoires. Elle en raconte encore, mais c’est désormais à sa petite-fille Charlotte. Le temps a fait son œuvre, se maquillant de différence.

Alors que Marguerite enseignait à douze élèves, à l’époque, Charlotte développe ses compétences transversales ou horizontales avec deux mille trois cents élèves. Alors que Marguerite a accepté à bras portants la vie grandissant en elle, Charlotte aura l’odieux poids du choix. Alors que Marguerite se baignait dans l’eau propre du fleuve, Charlotte navigue sur internet et se questionne sur l’or bleu menacé. Le soleil quant à lui, est associé désormais à un indice de protection du cancer alors qu’il a déjà été une bénédiction du ciel.

Marguerite et Charlotte ont des rendez-vous doux, accordés et fluides comme le temps. Elles se promènent dans les sentiers de la forêt, la connivence en écho. Charlotte a le cœur en bandoulière et la tête à l’envers de sa peine d’amour. Elle gronde sa révolte face aux injustices, ne pouvant accepter les choix de société face au système de santé, d'éducation et de protection de l'environnement.
- Que veux-tu faire avec cela? lui demande Marguerite.

- Je vais trouver… dit Charlotte, en trouvant déjà un réconfort certain lorsqu’elle observe sa grand-mère cueillir des têtes de violon. Cette façon de conjuguer avec les incohérences en se centrant sur le pouvoir qu’elle a, qu’elle prend, au quotidien, restera un souvenir indélébile de sa grand-mère.

Elle lui a déjà dit un jour que les moments les plus difficiles trouvent leur solution après un bon thé chaud et un gâteau au chocolat. Ce n’est pas le genre de conseils auxquels on pourrait s’attendre d’une grand-mère. Mais Marguerite a toujours été différente.

Marguerite constate le miracle de la maternité en éprouvette, alors que d’autres dénoncent cette découverte. Elle a toujours respecté l’œuvre de la vie et les tournants musicaux qu’elle peut prendre parfois. Elle fait confiance. Si on tend l’oreille, on peut entendre son hymne à la différence.

Elle invite maintenant Charlotte à lire Simone de Beauvoir et à savourer une glace à la pistache sous un tipi recouvert de haricots grimpants, construit de tiges de bambou. Cet après-midi, elle lui offrira un chapeau de paille, lui apprendra à faire sécher un bouquet de fines herbes pour l’hiver qui s’en vient. Elles planteront ensemble des pivoines groseilles dans le jardin.

Marguerite n’a aucun regret de sa vie. Elle a osé prendre le plus grand risque qui soit, être soi-même. C’est ce qu’elle souhaite pour sa petite-fille, et toutes les autres.

jeudi 8 avril 2010

Devenir un dinosaure

Je ne me suis jamais vu vieillir. Je ne me sens pas mon âge, aussi étrange que cela puisse paraître. Je m’étonne du chiffre lorsque mon médecin me questionne sur la périménopause : « Quel âge avez-vous, déjà? » Cela me le rappelle, avec l’accolade des hormones en chute libre. Mais tout de même, j’ai plus souvent une impression d’être « intemporelle», quoiqu’extra-terrestre, mais ça, je le réserve pour un dossier éventuel.


D’autres occasions me ramènent sur mon identité âgeuse. Je suis secouée lors du choix de l’année de naissance à cocher dans les formulaires sur le Web. Je constate le nombre d’humains qui ont peuplé la planète après moi. C’est un peu fou de voir le temps s’installer sur notre peau, sans en réaliser la portée. Sauf qu’il y a toujours un moment, un jour ou l’autre, qui nous l’annonce à cor et à cri.

Je suis allée reconduire ma fille et sa copine au centre Bell, hier, pour assister à leur premier vrai show. Je n’arrive pas à me rappeler les noms barbares de ces groupes favoris, mais ils sont super cool. Elles avaient planifié, sans que je constate l’organisation que cela réclamait, de se présenter dès l’ouverture des portes, à dix-huit heures, car deux autres groupes, aux noms encore plus burlesques, en préshow, réchauffaient la salle. Je me sentais donc euphorique de traverser la ville et de naviguer sur le boulevard René-Lévesque aux environs de dix-sept heures. Les travaux, les rues bloquées, le festival des nids de dragons, les sens uniques, les enragés qui quittent le boulot et veulent à n’importe quel prix épargner deux secondes en te coupant la route, deux petits coups de klaxon comme fond musical. Je tentais de me faufiler, à travers TOUS les amis qui se destinaient aussi à assister à ce boucan d’enfer. Pour me détendre, les filles écoutaient leurs chansons favorites, du fameux groupe, question d’ambiance.

Et là, en vibrant à leur effervescence, sans un avertissement, je me suis senti un dinosaure.

En quelques secondes, elles ont quitté leur bricolage, leur poupée, leur déguisement, leurs éclats de rire enfantins. Elles ne portaient plus leurs magnifiques petites robes jaune soleil de leur cinq ans.
Ciel, où est passé le temps? A-t-il consommé mes libellules?

Nous avons convenu du point de rencontre, à un pas et quart de la sortie, cellulaire en main pour pallier toutes éventualités. Le cœur battant, j’avais l’impression qu’une partie de ma maternité s’enchevêtrait avec mon adolescence. Il me fallait un thé, de toute urgence. J’ai alors côtoyé la faune du centre-ville, me percevant encore plus extra-terrestre que les minutes précédentes. J’avais six heures d’attente et de souvenirs à accueillir. J’ai squatté dans tous les cafés et librairies de la rue Sainte-Catherine.

Mes seize ans sont revenus me fréquenter. Mon premier show, Une fois cinq, sur le Mont-Royal. J’habitais alors à la campagne, à Deschaillons, à plus de deux heures trente de Montréal, à une époque où nous voyagions « sur le pouce ». Dinosaure, prise 2. Aux abords de l’autoroute, la fille devant le ou les gars, pouce en l’air, sac à dos, la coutume voulait qu’un bon samaritain nous embarque jusqu’à sa destination. Un autre prenait le relais. Avec une dizaine d’amis, en petits groupes, nous avons réussi à se rendre à Montréal, assister au show, à dormir sur la montagne et se faire réveiller le lendemain matin par les policiers qui faisaient « place nette ». Malgré le fait que ce fût un désastre écologique pour le Mont-Royal, ignorance de l’époque, nous sommes revenus affranchis de notre adolescence. Initiés. Tatoués de nos chansons que l’on peut encore chanter sans omettre une parole.

J’ai peine à imaginer ce que les mères devaient vivre à cette ère. Cela devait annoncer un avant-goût de « Yes, we can! ». Sans doute détenons-nous un bagage antistress adapté à chaque génération. J’ajouterais un complexe de vitamine B, en ce qui concerne le XXIe siècle.

À la fin de la soirée, nous devions être des centaines de parents à faire le pied de grue sur la rue de la Montagne. Les jeunes foisonnaient, à la sortie, effervescents et complètement sourds. Les filles m’ont rejointe -je les balayais du regard avec mes yeux à infrarouge - et m’ont sauté dans les bras avec toute l’exubérance qui les caractérise. J’avais retrouvé mes libellules. Elles ont déclaré cette soirée comme la plus belle de leur vie. Exit les chasses au trésor, les châteaux de sable en vacances, les papillons en fête au Jardin botanique, les spectacles de Henri Dès.

Ce matin, en compagnie du silence, j’assiste à l’envol de mes libellules chéries. Et puis non, J'ai besoin d'entendre Henri Dès. Vivement l'Internet.



mercredi 7 avril 2010

Les meilleures intentions sont trempées

Il tombe des cordes et le tonnerre rugi. Il fait sombre comme la nuit. Les meilleures intentions, entérinées récemment, sont complètement trempées. Du côté sec de la fenêtre, cette température nous invite au recueillement, à finaliser des dossiers, à prioriser les tâches et à distinguer les fausses urgences des vraies. Ce sera donc une excuse motivée pour ne pas aller marcher.


Du côté sec de la fenêtre, je perçois l’agitation extérieure des passants avec plus d’acuité, depuis que je suis inscrite dans le processus « Douze mois pour rentrer chez soi ». Il suffit toutefois de l’expérimenter un tantinet pour s’apercevoir qu’au premier rebondissement de nos repères - métro-boulot-dodo -, la fuite est à nos trousses. Ce serait tellement plus simple de persister dans la routine, le connu, et s’enliser dans la croyance sociale - au fond, ce n’est pas si pire et tout le monde vit comme ça, il ne me reste que quinze ans avant ma retraite – que de se confronter aux exigences du projet de vie redéfini, tant espéré. Dans cet espace, absolument inconnu, c’est le brouillard. Certaines journées sont sous le signe du tonnerre et de la flotte. L’arbre n’a pas eu le temps de déployer ses nouvelles racines, et nous sommes fragilisés par les vents de la peur et de l’inconfort. Peu importe le séisme que provoque notre âme qui veut s’affranchir, la nature, dans sa nature, régit ses mouvements de flux et de reflux. Il y aura à nouveau l’accalmie, la tempérance, un brin de soleil qui permettront la poursuite de notre quête.

Déjà, en conscientisant ce mouvement, il est plus facile de tolérer que notre route soit éclairée qu’à 300 mètres. C’est l’analogie de Jack Canfield qui me revient. « Lorsque vous quittez Chicago, en voiture, la nuit, pour vous rendre en Californie, avez-vous réellement besoin que la route soit illuminée d’un bout à l’autre, jusqu’à Santa Barbara? La route doit être éclairée à 300 mètres devant vous, avec un plan indiquant la destination. Faites confiance. La route est balisée ». Cela est rassurant de savoir que d’autres personnes ont jalonné des territoires nouveaux avant nous, en trouvant des points d’ancrage à certaines étapes. Bien sûr, nous les rencontrons une fois que le trajet est accompli, mais, si nous le leur demandons, nous découvrirons qu’ils ont, eux aussi, traversé le brouillard, la flotte et le tonnerre.

Comme c’est intéressant comme signe de la vie... À peine le temps consacré à l’écriture de ce billet, qui, déjà, est un outil puissant pour affronter les tempêtes, la nature s’est calmée. C’est devenu gris pâle, avec un reflet presque bleu mousseux. J’infuserai de mon meilleur thé vert pour savourer cette lilliputienne traversée du matin. Les tâches de la journée semblent moins oppressantes. L’avenir est moins omniprésent. Je serai donc moins bougonneuse en reconduisant les filles au Centre Bell, ce soir, devant les attendre dans un boui-boui toute la soirée. Qui sait, ce sera peut-être agréable d’avoir un temps juste à moi, pour lire, écrire, marcher (sous la flotte?). Le plus important, c’est de se dire que quoi qu’il arrive, tout passe. Même si la traversée est périlleuse sous le signe des éclats de la nature, certaines petites accalmies nous guident vers la poursuite de notre route.

mardi 6 avril 2010

Il n'y a pas de raccourcis dans la vie

La lune de miel est terminée. Nous avons été envoutés, durant tout le congé pascal, de la féérie estivale, dévêtis par les presque trente degrés Celsius. Un présent inouï, une bénédiction du ciel. Comme dans un film de science-fiction, nous avons été projetés dans un autre espace, sans le poids coriace de l’hiver. Ce matin, toutefois, le retour à la vie dite normale, avec son lot d’obligations et de tâches, nous saisit.


« Chaque jour apporte avec lui ses présents. Défaites le ruban. » nous rappelle Ruth Ann Schabacker.

Tout comme Joy Harjo, en écrivant, je me crée encore et encore. Alors, je sais qu’il faut retourner à ma table de travail, ou pour d’autres à son four à pain, à son équipe de gestionnaires, aux livraisons à travers la circulation, aux bilans financiers des clients ou aux patients malades. Peu importe où nous nous situons ce matin, nous avons à poser le premier geste après fête. Car il existe toujours un après. Les cadeaux sont déballés, le repas a été englouti par nos invités, les lumières cessent de scintiller : on doit ranger, nettoyer, refaire les lits, mettre de l’ordre. Le quotidien reprend sa place d’honneur, et il n’en tient qu’à nous de savourer ces moments inoubliables et gorgés de souvenirs.

Aujourd’hui, il faudra apprendre à défaire le ruban du nouveau présent qui nous est offert en redoublant d’attention et de concentration. Par contre, la vitesse à laquelle nous menons notre vie risque de nous faire perdre de belles occasions de contacter ce qu’il y a de plus précieux, notre essence. La vie ne permet pas de raccourcis. Ce que notre âme tend à vivre, tôt ou tard, par des façons créatives que l’on ne peut prévoir, nous amènera dans son vortex. Ce que nous évitons de conscientiser, lorsque nous sommes étouffés par nos peurs, notre histoire et nos croyances, nous rattrape. Les films visionnés pendant le week-end - An education, Up on the air - me le rappelle, une fois de plus. La vie à laquelle nous aspirons ne permet pas de raccourcis. Nous avons une traversée à habiter. Certains outils peuvent nous supporter pendant ces moments dépouillés. Dénichons ceux qui nous conviennent et posons la première foulée dans cette direction: la marche, l'art-thérapie, l'écriture, le yoga, la méditation, l'Art avec un grand A, peu importe ce que nous choisirons, il faudra franchir les étapes nécessaires à notre réalisation.


Plan de match pour aujourd’hui :

« Il faut, au moins une fois par jour, entendre une petite chanson, lire un bon poème, voir une belle illustration et si cela est possible, prononcer quelques paroles raisonnables. » Goethe

vendredi 2 avril 2010

Avril enchanté

L'écriture sera brève. Avril m'appelle. En ce 2 avril 2010, on annonce 26 degrés celcius pour le congé pascal. Comment ne pas être euphorique et frénétique devant un soleil bienveillant et une température aussi réconfortante. On ne peut que rendre grâce à cette Terre-Mère, pour cette plage de bonheur encapsulé.

Avril nous enchante, par ses journées clémentes, et nous incite à oser.
Alors, en son honneur, osons porter du rose, du jaune, du bleu pervenche. Osons porter des colliers excentriques, flamboyants, de façon à déposer la fête sur notre poitrine et autour de notre cou . Ce n'est pas le moment d'être timides et réservées. Nous le sommes tout au long du calendrier. Réalisons, en savourant un bon thé, que nous pourrons enfin ranger nos duvets noirs, nos bottes et tuques pour les troquer contre des vêtements plus légers et joyeux.

Ce week-end, toutes les folies sont permises. Prendre du soleil sur notre balcon- faisant fi du dicton "En avril, ne te découvre pas d'un fil"-, prendre un verre de rosé sur une terrasse, s'offrir un gros bouquets de tulipes, chatouiller nos robes printannières, s'offrir un nouveau parfum. On peut aussi rêvasser aux vacances, en naviguant sur l'Internet, ou mieux encore, en feuilletant des revues de voyages. Je répète,Tout est permis. On découpe les images les plus attrayantes et fantaisistes, les consigne dans notre journal ou sur notre frigo. Elles seront en vedette et rempliront notre cerveau de volupté. Nous aurons l'âme à la fête, sans dépenser un cent. La vie étant dotée de plus d'imagination et de puissance que nous, qui sait ce que l'avenir nous réserve?

S'il y a un livre incontournable à lire au mois d'avril, c'est Avril enchanté, de Élisabeth Von Arnim, en format poche. Ce roman, écrit au début du siècle, nous enivre de parfum, de son lieu enchanteur où se déroule l'histoire. En 1929, quatre femmes anglaises osent partir en vacances, défiant les conventions de l'époque, pour vivre un peu d'aventures dans un coin fabuleux d'Italie. De toute beauté! C'est à déguster à chaque mois d'avril.



Dans un autre registre, si vous souhaitez vous évader, oublier l'heure de la journée ou de la nuit, les repas et les tâches, le thriller Sauver sa peau, de Lisa Gardner est tout à fait indiqué. Prévoyez faire un masque à l'argile pour effacer les cernes, car vous ne pourrez fermer l'oeil jusqu'à ce que la fin de l'histoire soit dévoilée. Plaisir garanti.

Rappelons-nous la chance d'être vivant, tout simplement.