mercredi 22 décembre 2010

Un nouveau NIP pour 2011

L'année 2010 a été bien remplie, voire dodue. Elle m'a secouée dans mes retranchements d'exigences, mes deuils au regard de la perfection, de ma quête d'ubiquité. Ma perception de la guérison n'est pas la même que celle du dictionnaire de la vie, ce qui a provoqué quelques disputes entre nous. Je me suis donc fiancée à mon humanité et, par la force des choses, j'évalue les gestes du quotidien à partir d'un nouveau registre. Tout ce bonheur à être enfin rentrée chez-moi, à vivre ces joies si toniques qu'elles sont quaisi indescriptibles, malgré l'absence de marqueurs sociaux et financiers. J'aime la vie et la vie m'aime...

Le temps d'une pause est venue. Le tablier accroché au cou, je cuisinerai aujourd'hui et demain pour cette belle marmaille affamée. Nous jouerons, rierons, dégusterons et chanterons la joie des célébrations du réveillon. Nous aimons encore les surprises, donc certaines gâteries sont en cours. J'en profite à plein, car les enfants grandissent à  la vitesse grand V, et la vie est si courte...

Pour 2011, je souhaite à chacun de nous un nouveau NIP, soit une nouvelle identification personnelle,qui correspond à l'image de ce que nous sommes vraiment, qui fait écho à nos vraies aspirations, nos goûts, nos rêves, notre rythme. Cette permission engendre des découvertes sur soi, et par ricochet, une liberté incommensurable. C'est la grâce que je nous souhaite.

On se retrouve en 2011. Merci de m'avoir accompagnée dans cette lumineuse et sinueuse route vers mon accomplissement.

mardi 21 décembre 2010

Déjà, sous le sapin

Voilà un premier cadeau artistique dédié à papa et maman. Des frissons de beauté pour le coeur, les yeux et les oreilles. Andrea Bocelli et Hayley Westenra, touchants de splendeur terrestre, dans un clip découvert par un lecteur de Josée Blanchette.


Sous le sapin, déjà, trônent des livres, ces cadeaux par excellence, pour des heures de bonheur garanti.
Juste à la pensée de lire au coin du feu, en pyjama, sans contraintes de temps, je suis déjà enchantée. Si j’apprenais que je ne peux disposer de cette élasticité temporelle - composée à 70% de lycra et du reste en flanelle - qui me permet de m’évader dans la lecture, je crois être prompte à offrir mon NIP à n’importe quelle agence de voyages, afin de prendre un vol vers une destination littéraire.
Bas de Noël 2010, pour les quatre enfants

Mes livres pour cette période bénite:

Sagesse au coin du feu, 80 histoires pour guérir et se réconcilier avec soi-même, de Dr Rachel Naomi Remen. À lire, à offrir, à respirer, à relire. Un vrai cadeau du ciel.

Revenir de loin, de Marie Laberge. Ce sera une raison de sauter du lit le lendemain des festivités de Noël.

À deux pas de l’or, changez vos obstacles en opportunités, de Sharon L. Letcher et Greg S. Reid. De la lignée de la psychologie positive.

L’année de la pensée magique, de Joan Didion. Suite au décès subit de son mari, cette auteure raconte sa rédemption par la littérature. Best-seller encensé par la critique et couronné par le National Book Award.

C’est beau la vie, de Christine Michaud. Animatrice et chroniqueuse littéraire, elle nous partage son expérience enrichissante vers une vie rêvée.

Au cœur de la compassion, de Dilgo Khyentsé Rinpoché, portant sur le bouddhisme.

Les Anonymes, de R.J. Ellory, éditions Sonatine, le thriller de l’année, dit-on.

Et celui que j’aimerais m’offrir : Contes de Noël, recueil de nouvelles du XIX e siècle, de Maupassant , Alphonse Daudet, contes d’Anderson, l’histoire de Scrooge et de Dickens, pour ne nommer que ceux-là. (J’imagine naïvement lire ces histoires à mes ados, entre deux branchements de iPod et d'ordi). Ce livre est rempli d’enluminures, de gravures et d’illustrations anciennes, de quoi retrouver notre cœur d’enfant ayant vécu à l’époque victorienne.
Il y a aussi les livres culinaires demandés au Père Noël:
Cuisine végétalienne des grands chefs, Linda Long
Les Règles d'une saine alimentation, Michael Pollan

lundi 20 décembre 2010

Des rituels qui font du bien

Nous sommes dimanche, le dernier avant les réjouissances de Noël 2010. En pyjama, je suis installée à la table de la cuisine, enveloppée de cette blancheur hivernale. Les voisins arrière ont conspiré afin que tous les revêtements s’harmonisent au décor, grâce à leurs crépis blancs. Les arbres dénudés laissent tout l’espace obligé pour cette saison, sauf les conifères qui panachent de leurs lourdes branches de neige ouatée.
Pendant ce moment de contemplation, je songe à la jungle des centres commerciaux. Encore plus heureuse d’être chez moi, à cuisiner, lire et écrire avec mon portable, à la table, à deux bouchées du pain aux bleuets et amandes. La cuisine, cette pièce fétiche, tel un symbole de rassemblement. Au fil des années, bien au-delà des changements de mœurs, c’est du pareil au même : c’est de cette précieuse denrée qu’on a besoin. Les humains détiennent toujours les gênes réclamant solidarité, partage, affection, joies animées autour de la table. Ceci étant dit, ce peut être tout aussi grisant se ruer dans les magasins pour concocter des achats qui feront plaisir aux êtres chers. Pourquoi pas? Qui suis-je pour juger de la valeur des gestes affectueux?

Ici, c’est la journée thématique des tourtières et des biscuits au fromage à la crème et aux pacanes, les préférés des enfants. Dès cet après-midi, notre rituel de décembre sera honoré, soit écouter des films de Noël, chocolat chaud -ou thé vert- et cookies plein le « gosier». Miracle sur  la 34e rue, notre classique. Ensuite, ce sera Casablanca. En soirée, on termine par un film de filles, Les vacances. Si le bonheur avait un lieu et un temps, il serait chez nous, là, sur le canapé avec nos doudous. Réunis. Je suis profondément heureuse de croire encore au Père Noël.

vendredi 17 décembre 2010

Du bonheur au menu

Ma journée d'hier m'a réconciliée avec les rues enneigées de Montréal. Vrai de vrai, certaines petites rues du Plateau sont - encore - enrobées de voitures coincées sous la neige, stationnées en verticale, en perpendiculaire, en trapèze, la débrouillardise rendant créatif. On circule en prenant une grande respiration, espérant qu'aucune porte ne s'ouvrira par surprise.

Je suis enfin allée savourer le menu du Resto-bar Zéro 8, situé au 1735 St-Denis. Pour tous les éclopés du gluten, et de sept autres aliments allergènes fréquents (oeufs, poissons et fruits de mer, lait, noix, arachide) , c'est un paradis. Enfin un endroit où on ne se sent pas un extra-terrestre avec notre commande. C'est vachement reposant. Ne vous méprenez pas, c'est un pur délice. Ils offrent même des plats congelés à apporter et certaines épiceries ont emballé leur frigo de leurs produits.

J'ai plongé dans les antres de ma librairie de l'avenue du Parc. Mon chéri m'a extirpée de là, j'y serais encore. Il y a tellement d'objets de convoitise, qu'il ne manque que des plats à apporter lorsqu'on a trop flâné.

Deux autres cafés à découvrir pendant les vacances de Noël, suggéré dans La Presse d'aujourd'hui:

Birks café, du chef Jérôme Ferrer, dans la célébrissime bijouterie de la grande Catherine. Plus classe que ça, tu t'étouffes dans ton thé. Au 1240, square Phillips. 514.397-2468

Café Névé, un des meilleurs cafés en ville, à ce qu'on en dit. Le pain aux bananes sort du four et vous attend. Je vais alller faire de l'espionnage industriel et en concocter une version faite avec de la farine de riz. Il a pignon sur rue au 151, rue Rachel est.514.903.9294


Avec ces nouvelles adresses sous le sapin, je crois que ce sont les endroits destinés à clôturer mon année de blogue et faire des choix pour 2011. L'horloge des choix commence à tictacter. Femme de parole, mes personnages frappent à la porte. Je les avais pourtant invités. Mais là, étonnamment, le porche n'est pas éclairé. Enfants, nos parents nous apprennent à ne pas répondre aux inconnus, et, un jour, on oublie que nous sommes devenus grands, qu'on peut éclairer notre entrée et accueillir nos invités. 

mardi 14 décembre 2010

L’effet « bombe » du sucre

J’ai fait ma première fournée de « Noël », histoire de faire des tests avant que mon amie débarque avec son équipement culinaire et qu’elle soit désenchantée à tout jamais du beurre et du cacao. Ça sentait le bonheur jusqu’à l’entrée de la maison. J’ai déposé gracieusement le résultat sur mes plateaux à trois étages : les bonshommes, les cannes, les sapins et les étoiles brillaient de tous leurs sucres et calories vides.

Le temps que je m'installe au clavier, les ados se sont projetés sur les biscuits et le coulis qui devait napper le gâteau aux canneberges vanté par « Deux folles et un fouet ».
Je croyais revivre une scène de déjà vue, lorsqu’ils étaient petits, en devenant monstrueux d‘agitation et excités comme des puces. La musique — ou plutôt le son provoqué par leur poste de radio préféré — à plein régime, les courses au sous-sol, les accrochages de bas étage, j'en étais estomaquée.

Ils me criaient (pour se faire entendre au-dessus du vacarme) que la vie était magnifique, que c’était le plus bel accueil qu’on pouvait rêver en rentrant chez soi, la bouche pleine de cookies qu’ils avaient subtilisés. Un tableau pathétique. J’étais à préparer des pâtes sans gluten, avec une sauce courge et pesto. L’appétit s'était évidemment envolé dans les sablés. L’effet du sucre, à tous âges : une bombe!

J’ai utilisé les méthodes d’antan. On s’assoit pour admirer le sapin. On respire, tout en buvant de l’eau. Discussion sur les travaux et examens de la semaine restante (voire le changement de rythme subtil). Un brin recentrant. Leur ai parlé des résultats des élèves québécois de 15 ans, dans le cadre du programme international PISA, suite à leur « réforme » (j’ai deux enfants réformés sur trois). Pas si mal, les jeunes. On score un peu moins qu’avant, je leur dis, mais tout de même dans les tops 5 ou 10 pour les trois matières évaluées : la lecture, les mathématiques et les sciences.

- Comme ça, tu vas arrêter de critiquer que je ne lis pas assez? De claironner le benjamin.

- Si tu peux me parler de l’histoire Les habits neufs de l’empereur, un conte d’Anderson, nous prendrons une trêve. Un journaliste de La Presse soulignait l’indignation des enseignants au regard du manque de culture des jeunes. Ils se questionnent à savoir si vous êtes une génération qui va s'incliner devant les rois.

- Quel roi? Charest n’est pas roi!

- ?!?

- J'ai vraiment aimé Amos d’Aragon, mais je ne me souviens plus de l’empereur. Es-tu certaine de me l'avoir raconté???


Bon, c’est moi qui prends une pause parentale. Je lirai L’année de la pensée magique pendant les Fêtes, de l’américaine Joan Didion. Elle parle de l’importance des livres lorsque tout bascule. Mon W n’adore pas la lecture et malgré les entourloupettes, la lecture au lit, dans l’auto, en cuisinant, dans le bain, en lotus, pendant son sommeil, je n’y suis pas arrivée. Il n’a pas cette passion qui vous empoigne le cœur et cette fréquentation subtile avec des personnages tellement imaginaires qu’ils vous habitent à tout jamais, une fois le livre fermé.

Mon plateau à trois étages est vide. Je suis prête pour la prochaine fournée.

lundi 13 décembre 2010

Le coeur en sucre d'agave

Ça y est, les fournées de biscuits ont envahi la cuisine de leur odeur de beurre caramélisé, sucré et décadent. Ce genre de recettes est bien sûr dédié aux ados, car je suis inscrite dans la secte des « sans gluten et sans sucre ». Pour l’instant. Ce qui m’étonne, c’est le plaisir que je ressens à transformer l’antre de la maison en atelier de Noël. Le chéri est d’ailleurs surpris que je me perde dans autant de glucose que je dénonce tous les jours.

Sauf que les Fêtes, que seraient-elles sans biscuits aux chocolats, aux fruits confits, au choco-gingembre, au beurre et sucre? Je tiens mordicus à ce genre de tradition. Mes amis aussi seraient peinés d’interrompre notre déballage de gâteau aux fruits servi avec un thé earl grey, devant le feu et les projets pour la nouvelle année. On croquera même dans un brie fondant aux raisins et porto, suggéré par Ricardo, la semaine prochaine. Je leur réserve la surprise.

J’ajoute à ma farandole de tradition, une journée popote de Noël avec mon amie Renée. Nous serons accompagnées de Frank Sinatra, Pink Martini et autres crooners. Le nez enfariné et la table couverte de plateaux sortant du four, nous ferons des petites boîtes décoratives pour emballer le tout, mercredi. La neige est de la partie, saupoudrant le décor et notre cœur. Tout y est.

J’ai le cœur en sucre, qu’il soit d’agave ou cristallisé, et je trouverai bien un moment pour me confectionner un dessert permis, en mettant en boucle une de mes chansons préférées, Santa baby.

vendredi 10 décembre 2010

Baby, it's cold outside!

L’hiver a repris ses droits. Il marque son territoire avec fracas. Ce que j’apprécie d’une tempête, surtout lorsqu’elle est imprévue, c’est qu’elle exige plus de flexibilité, module les horaires et la planification. Elle malaxe notre rigidité qui nous rend amnésiques du « vivant ». En prime, on doit ralentir et parfois même rebrousser chemin. On annonce encore un capricieux et raboteux temps pour le week-end. Voilà l’occasion rêvée d’honorer une fournée de biscuits, d’écouter des films de Noël, de trier les recettes gagnantes, de trôner sur le canapé en lisant des bouquins qui se font attendre.


Nous baignons désormais dans cette étape qui exige plusieurs pelures pour quitter la maison. Les cheveux se rebiffent, les pieds rougissent, les manteaux s’alourdissent. Les feux de foyer s’enfièvrent. Je frissonne et deviens une ourse qui hiberne. Pour m’extraire de ce cocon, on doit me séduire de sorties affectueuses et festives, car  Baby, it’s cold outside.


mardi 7 décembre 2010

Tout est léché

Éclairez ma faible lanterne concernant le vocabulaire du jour. On entend le concept du léchage sur toutes les facettes des productions artistiques. Ce film un peu léché, cette photo est léchée, texte léché. Diantre! Notre jargon ne cesse de se peaufiner, j'en perds mon latin avec ces modes, genre, lol, (cool étant complètement out). La photo satellite des routes, aujourd'hui, est-elle léchée?

En tout cas, décembre est devenu blanc, au risque de ne pas être joyeux sur le parquet de la circulation. Le verbe stresser doit se conjuguer à tous les temps. Et Josée Blanchette qui a déjà fait ses tourtières, sa maison en pain d'épices. Ça sent jusqu'ici, moi qui n'a pas encore mis la table des confections de Noël. Je me sens soudainement en fin de session, avec cette impression que quoi que l'on fasse, on ne terminera jamais à temps les travaux. À partir de ce point, léché ou pas, rien de mieux que d'écouter les crooners pour se détendre, même coincés entre les déneigeuses et les bouchons de circulation. Dean Martin, Frank Sinatra, Tony Bennett, venez à notre secours!

Des phrases courtes, ma chérie

Il existe un temps pour prêter l’oreille aux histoires de la nuit, pour laisser errer les personnages campés dans notre psyché, et un temps de solitude pour les apprivoiser.

Il y a un temps pour se courber sur le passé, afin d’extraire les vestiges qui sculpteront la matière créative, et un autre temps pour se laisser ravir par les êtres célestes qui s’étalent en nous – grâce au chemin parcouru – dans le but d’être en mesure d’entendre ces voix.

Il y a un temps pour qu'émergent les phrases qui font entrer le jour, et un autre pour aller à la rencontre de l’Autre, certains jours sombres.

Créer est un acte périlleux, car il est de chaque instant, se vit au quotidien, bien au-delà des concepts de productivité. Il est donc précieux d’être guidée, dans une route en épingles et lacets, par un mentor qui saura dire les mots justes, par exemple : « Des phrases courtes, ma chérie ».

C’est le titre d’un livre qui m’a inspiré l’importance du soutien et de la persévérance, écrit par Pierrette Fleutiaux, chez Actes Sud.


lundi 6 décembre 2010

Demandes au père et à la mère Noël

J’ai ajouté la mère Noël au destinataire d’usage, car je n’accepte toujours pas qu’on doive implorer encore le patriarche pour réaliser nos vœux, alors qu’on sait d’emblée que c’est le matriarcat qui gère tout le paysage des festivités, des attentions, des surprises, du « prendre soin », avec toute l’organisation qui vient avec.


Pas trouvé d'image de mère Noël décente...
Pour l’année 2011, je souhaite :

Que nous ayons accès à des aliments sains, sans pesticides ni additifs cancérigènes qui pullulent sur les tablettes d’épiceries. Pour ce faire, puissions-nous espérer une gestion — version durable et humaine — de nos terres agricoles. Dans cette veine, prière de ne pas vendre les produits toxiques – désormais interdits ici — aux pays en voie de développement, sous prétexte que nous sommes dans un contexte d’économie de marché;

Que les enfants puissent aller à l’école et vivre sous un toit qui les protège, sans antennes qui les bombardent d’ondes électromagnétiques, qu'ils aient de quoi se nourrir, des bras pour les chérir, et un peu de magie qui ferait la balance avec leur quotidien stressant, bref, qu’ils respirent une vie d’enfants. Et qu'on cesse de leur dire d'être sages. Qu'on tente d'être des modèles, ils nous imiteront;

Apprendre, comme citoyenne, à tolérer le flou, le doute et l’ambiguïté avant d’accuser. On a tellement besoin de trouver un coupable et de se délester de nos responsabilités;

Accepter de s’affranchir de notre droit de parole, et prendre conscience qu’on récolte les politiciens qu’on mérite;

Faire le deuil que je n’aurai pas le temps de tout lire, de tout découvrir, de tout faire. Je dois m'avouer que je sois de passage, et que je reviendrai poursuivre ma route;

Être plus souvent autour d’une table avec l’amour au menu, faisant fi du décorum;

Repérer et engager un coach d’écriture: être de plus en mesure de me soustraire à la pression sociale de productivité pour me libérer des « images » de succès;

Que chacun de nous développions le sens de la compassion;

Être désormais centrée sur ce que je pourrais apporter à la vie plutôt que ce que la vie a à m’offrir;

Rire et boire du thé vert à perpétuité.

vendredi 3 décembre 2010

Gérer le stress quand un mammouth se pointe

 J’ai rêvé toute ma vie d’adulte d’avoir le temps de préparer mon cœur, mon âme et ma table, pour que la célébration de Noël prenne tout son sens. Des images de retrouvailles, d’accolades, de regards touchés et émerveillés, des odeurs de cannelle et de biscuits enfournés tapissent le calendrier du 24 décembre dans mon imaginaire. Des après-midi neigeux de préparation de gâteaux aux fruits avec des amies, écoutant Frank Sinatra, me transportent dans la magie de décembre. Du genre Thirthy something, ma série culte des années 90, qui a influencé l’autre série culte de Bourguignon, La vie, la vie.


Et puisque je suis désormais à écrire à la maison, dotée d’un horaire flexible qui permet de juxtaposer la planification des chroniques, des fantaisies culinaires et des fournées de pains entre deux idées qui se chamaillent, je suis emballée de toutes ces recettes et parutions enivrantes de cette période de l’année. J’ai acheté la revue spéciale de Ricardo, celle de Châtelaine avec Josée di Stasio et leurs recettes de réception de Noël. Aussi imprimé la recette de biscuits de Marie-Claude Lortie, ainsi que celle de Julie Audette, des brownies sans sucre et sans gluten - pour les rescapées de mon genre.


J’ai donc conçu un recueil de recettes du temps des fêtes, que j’ai inséré à l’intérieur du bouquin Noël, d’Elisabeth Baird et Anna Hobbs, publié chez Madison Press. Un peu kitch et américain. Mais j’endosse. Depuis que j’ai découvert leur « thanksgiving », je dois admettre qu’ils ont l’intensité requise pour les rassemblements et la féérie.

L’an dernier, j’avais préparé des plats pour offrir en cadeau, selon le modèle di Stasio. Le bonheur étant contagieux, j’avais donné un peu trop de cet engouement, difficile à gérer les jours précédents la date fatidique, où le frigo signale qu’il n’en peut plus et que les caissières de l’épicerie se questionnent sur le nombre effréné de mes visites. Je m’étais juré que je doserais mieux cette année - parole de passionnée qui ne tient pas la route. Me voilà aussi enthousiaste en 2010 devant d’autres propositions médiatiques alléchantes. Quelle est cette euphorie pour la cuisine? Partout, à toutes les chaînes télévisées, il y a des émissions culinaires. Des revues. Des livres.

Finalement, le problème avec l’excitation, c’est l’effet « stresseur ». On s’ambitionne, on ne mesure plus, on lit des recettes au lit, dans le bain, à la librairie, à la bibliothèque. C’est si inspirant qu’on oublie le chantier qui rime avec une simple confection poudreuse de biscuits. Et pendant cette étape d’euphorie, il y a les autres repas à préparer, la marmaille continuant de réclamer ses plats et ses attentions.

Sans mettre un frein à l’engouement culinaire et festif, je propose plutôt d’apprendre à gérer le stress, toutes situations confondues. Qu’il soit réel ou imaginaire, positif ou négatif, il peut saboter les plus beaux moments.
D'après Sonia Lupien, neuropsychologue et auteure du livre Par amour du stress, Éditions Au carré, il semble que notre cerveau soit ancestralement programmé pour confronter ou fuir un mammouth.
C'est la raison qui expliquerait nos problèmes de stress du XXI e siècle.  Le temps serait venu de changer le disque dur. Voici un excellent balado à cet effet.
Sonia Lupien est aussi directrice du Centre d’étude sur le stress humain de l’Hôpital Louis-Hyppolyte Lafontaine de Montréal.

http://www.passeportsante.net/fr/AudioVideoBalado/Index.aspx?docId=371 (29 novembre 2010) ou sur le site http://www.passeportsante.net/

mercredi 1 décembre 2010

Dix-sept années à grandir

À lire mes Billets qui ont comme thématique la maternité, on pourrait imaginer que j’ai eu plein d’enfants, ou plein d’accouchements. Ou les deux, il va sans dire. Nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire de Flavie, venue au monde tout en douceur, il y a dix-sept ans, sous un soleil qui lui ressemblait déjà. Je me rappelle que je ne croyais pas devoir me présenter à l’hôpital, en fin de matinée, me sentant seulement « lourde » et légèrement dans le brouillard. J’étais dans mon cocon, avec mon papillon bien niché au creux de mon ventre. Je ne le dirai jamais assez, j’ai tellement aimé être enceinte que si j’avais pu perpétuer l'élasticité de cette période, d’un coup de baguette magique, j’aurais volontiers exploité cette phase.


Mon chéri tenait mordicus à se rendre sur les lieux du « travail ». Je me suis laissé emporter comme on se prélasse sur un radeau en mer tranquille. L’infirmière désignée à l’accueil (!?!) a protesté en déclarant que je semblais bien portante et non souffrante, signant ma présence trop hâtive. Le père a insisté pour qu’on évalue la situation, haussant même  le ton, car elle insufflait le retour à la maison. Quoi de plus magique que de se promener sur les autoroutes et être grisés par l’heure de pointe en pleines contractions. Soulagée, avec le recul, qu'il ait persisté. Il trouvait si étrange mon calme olympien. Midi sonnait ses douze coups de gong.

Le code rouge s’est fait entendre dans l’interphone après avoir constaté que mon col utérin était dilaté à 9, prête à « pousser », comme il est dit dans le jargon obstétrical. Elle a vu le jour quelques minutes plus tard, à 12 h 55, après que l’infirmière ait délesté sa panique aux mains de l’accoucheur. Ma coccinelle a choisi la même date que son grand-père pour vivre sa vie à nos côtés.

Flavie a toujours été comme elle est née : déterminée, gorgée de passion, ensoleillée, une montagne de solidité et d’amour, en douce flanelle, avec une odeur de poire. Sa flamme, traduite par une propension à profiter de chaque instant, a eu comme impact qu’elle a pris plusieurs années avant de « faire ses nuits », tout comme ses frères, d’ailleurs. Et malgré le cruel manque de sommeil (Super nanny — la Oprah des techniques — n’existait pas à cette époque), je remettrais au monde ces enfants, et d’autres, même, n’importe quand. Vivre en famille auprès de ces êtres qui grandissent, qui évoluent, qui sont de plus en plus en contact avec leur essence, c’est ce qu’il y a de plus précieux pour moi sur Terre. Expérience puissante et exigeante qui m’a poussée dans mes retranchements d’amour tendre. Ils sont des hectares de diamants dans ma cour. À chaque bougie qu’ils ont soufflée, mon cœur et mon âme ont pris de l’expansion. Je ne comprends toujours pas pourquoi je cherche si loin ma mission, quand déjà, elle vibre au diapason sous notre toit.

Ma fille adore le chocolat, craque pour la crème glacée et les smoothies, les éclats de rire, pour la série Gilmore Girls, les soupers en famille: elle laisse traîner ses chaussettes multicolores un peu partout, désorganise périodiquement les tiroirs de sa commode, compulse dans les crèmes hydratantes et les shampoings. Tout ça fait partie de son charme. On serait fous de ne pas en profiter!

Ma coccinelle colore son envol sous le signe de la conscience, de l’espoir, de l'affranchissement de ses talents, et de toute la richesse qu’elle sait détecter au cœur même de la vie.

mardi 30 novembre 2010

Nouveautés pour 2011

Me voilà préparant la nouvelle année, un pas de plus vers la créativité, l'expression de soi et le partage de mon expérience. J'offrirai donc des ateliers à l’endroit privilégié par le groupe, que ce soit entre amis ou dans un contexte professionnel. Des rencontres individuelles seront aussi possibles. Pour en savoir plus sur les ateliers IDÉES!, cliquez sur l'onglet Ateliers, vous connaîtrez les dates et le contenu des animations proposées.


IDÉES! Pour créer la vie que l'on désire
Imaginez, Désirez, Écrivez Et Savourez: un menu pour passer à l'action!

Exercices d'écriture spontanée, collage, visualisation, autres déclencheurs inspirants, en bref, du coaching pour rendre un projet réalisable, dans une atmosphère de détente et de plaisir.

lundi 29 novembre 2010

L'art et les centres commerciaux

J’ai fait promettre à ma fille de ne plus jamais fréquenter les centres commerciaux d’ici le Nouvel An. Subir la bousculade causée par l’ivresse de la course contre la montre, ce n’est déjà pas acceptable. Être assommée par des réclames de besoins que l’on ignorait quelques heures auparavant, c’est encore plus troublant. Rien de plus beige que les centres commerciaux, dans un esprit des fêtes beige, écrit Marie-Claude Lortie dans La Presse d’aujourd’hui. Et si le regard que l’on porte sur l’écran des événements qui habillent notre vie est authentique, je devais me sentir très beige dimanche midi. Pourtant, c’était une sortie de « filles » enthousiaste et orchestrée. Nous avions décidé de partir tôt - planif de béton - afin de nous permettre de fouiner tout doucement, de façon à goinfrer les bas de Noël qu'on souhaite dodu et amusant. En prime, nous avions prévu aménager un dîner de sushis chez Tatami, et couronner le tout d’une potion magique verte de David’s tea, ce qui rendrait notre escapade des plus joyeuses, à coup sûr.


La magie s’est décolorée au moment de se garer. Les gens étaient prêts à se corrompre, à défier toute courtoisie, bave aux commissures des lèvres, pour camper à l’endroit le plus près de la porte. J’ai vu écarlate, couleur des quatre bas de Noël des enfants suspendus autour de la cheminée. La journée s'esquissait. En contemplant certaines horreurs dans les vitrines des magasins, tout en me faisant heurter de tous les côtés par une horde de consommateurs affolés, je constatais que TOUT et n’importe quoi se vend, parce qu’on marchande l’idée du bonheur et de la beauté en achetant les emballages. Et l’initiation s'amorce en bas âge. Dès la poussette, et ensuite à petits pas en clopinant dans une salopette hivernale hautement thermique pour l'intérieur, on dresse nos petits lutins à la féroce magie de Noël.

Pourtant, il y a véritablement un désir de semer des plaisirs, des attentions, de créer un espace pour dire aux siens qu’on les aime. Mais, avons-nous conscience qu’on s’y prend d’une étonnante façon? Tous ces regards épuisés, cantonnés dans un contexte exténuant, énergétiquement et monétairement, dépeignent sur moi un paysage dénué de sens.

Ce doit être le même sentiment pour d’autres personnes aussi, car une mode s’installe peu à peu dans les lieux publics. Des chanteurs saisissent la parole, mettent l’art autour des îlots de bouffe dénaturée, et surprennent les gens par la contagion des plaisirs provoqués par la musique. C’est le cas d’une chorale de Niagara, qui nous connecte à la magie des fêtes, nous offrant le Messie. Scène croquée sur le vif et se propageant sur YouTube pour notre plus grand bonheur. Souhaitons que les artistes puissent un jour recevoir la prospérité qu’ils méritent.

Ça, c'est la vraie magie de Noël. Alléluia!

vendredi 26 novembre 2010

Branle-bas de verglas

Il était tout de même évident, depuis quelque temps, que l’hiver avait signé sa présence. Malgré ses menaces, c’est le branle-bas de verglas qui fait mettre en œuvre une chasse au trésor d’articles essentiels permettant la cohabitation pour les mois à venir. Si nous n'avons pas l'obligation de prendre la route, le décor est tout de même féérique.



Je suis une adepte du rangement, du classement, de l’identification des boîtes lors du remisage. Pourtant, ce matin, il manque à l'appel des couvre-têtes pour mon chéri, les foulards se sont mêlés d’emballages, et en plein cocooning dans leur pyjama, les enfants, en congé scolaire, constatent que leur attirail ne convient plus. Ils cesseront bien de grandir un jour ou l’autre, je me dis pour me rassurer.

J’ai fait un feu de foyer. J’avais planifié un texte portant sur le deuil de novembre. Ces propos attendront que la fournée de cookies soit engloutie et l’élan festif associé à une journée de relâche soit assagi. On organisera donc l’infrastructure de l’hiver. Toutefois, je me préserverai un moment pour lire Guy Corneau, ou Sonia Choquette, ou Éric-Emmanuel Schmitt, Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent…, ou encore Marie Laberge, Revenir de loin, que Richard et Benoît m’ont offert, hier. Le plus douloureux sera … de choisir, et de maintenir une barricade au regard de cet espace réservé à la compagnie bienveillante de ces auteurs.

Si vous sortez, mettez des semelles à crampons qu’on ajoute à nos bottes ou baskets. C’est une petite merveille.
Le 26 novembre, c’est la journée sans consommation : étrangement, Apple a décrété ce moment pour faire une promotion du tonnerre, du jamais vu, seulement aujourd'hui.

jeudi 25 novembre 2010

Des mots et des maux

Moi qui souhaite consacrer ma vie aux mots, force est de constater qu’ils causent parfois bien des maux. On essaie d’articuler ce qui nous a fait réagir, on nomme malheureusement avec fracas ce que l’on ressent, et au détour, on a heurté quelqu’un. On a beau maudire la situation, et proclamer à qui veut l’entendre que le but de cette communication n’était pas destiné au messager, les dés sont joués. Il est quelque part trop tard pour l’alphabet élu. Les syllabes et les consonnes se sont amalgamées et ont forgé des mots, des phrases qui n’ont pas atteint la bonne cible. Le cœur, prêt à éclater de cette sourde douleur, a éclaboussé le discours.


 Nul ne sait plus que moi connaît l'exigence de partager « la page » de toute relation. Et c’est évidemment dans le réseau le plus intime qu’il arrive des bévues d’expression. Lorsqu’on nomme à voix haute ce qu’on ressent, il existe cette latitude, ces silences, ces questions qui consentent à se réajuster. Mais à l’écrit, dès le clavier en route, il n’y a pas cette permission. Ce qui est exprimé est imprimé. Le Web est un piège pour les collisions, surtout à la vitesse à laquelle il se propulse. Si on devait rédiger à la main et se rendre au bureau de poste, certains discours n’auraient pas vu le jour. Désormais, les technologies peuvent donc se travestir en épée, phénomène avec lequel nous devrons conjuguer.

Les mots peuvent aussi réparer. Il faudra risquer à nouveau de dire. En traversant le brouillard de notre propre histoire pour mieux saisir ce que l’Autre veut révéler. Pour éviter que ce soit le mot de la fin.


mercredi 24 novembre 2010

Et délivrez-nous de l'espoir

Le soleil brille, l’air est vif et le vent est cinglant. Je me répète qu’il faudra prendre une marche afin de faire la guerre aux toxines qui s’immiscent insidieusement dans la maison, microbes importés des écoles où le budget, guidé par un quelconque programme Excel, semble exclure le nettoyage des conduits d’aération.


Avec cette fâcheuse habitude d’être organisée, structurée et performante, les listes de « to do » sont souvent un piège. Ces attentes finissent par nous mouvoir dans une vie plus culpabilisante. Chaque intention, aussi saine et bien attentionnée soit-elle, qui devient prisonnière d'un système d'obligations, est nécessairement éligible à la déception, voire la désillusion. En termes concrets, lorsque je mets sur mon ordre du jour un répertoire d’actions (toujours irréaliste, malgré l’expérience) impossible à  respecter, je me retrouve en échec le soir venu. Je n’ai pas fait ceci, pas cela…


Sur le site de Jacques Languirand, http://www.repere.tv/ , une vidéo de Guy Corneau traite de ce sujet : Et délivrez-nous de l’espoir, http://www.repere.tv/?p=8959. Ce qu’il en dit, brièvement, c’est une invitation à être à l’écoute de notre intuition, de notre ressenti, de ce que l’on a envie, ce qui nous fait vibrer, plutôt que de dresser une table d'« il faudrait… ». Pour y arriver, cela exige du lâcher-prise et de secouer les priorités en triant les vraies, des fausses. Inutile de vous mentionner qu’il s’agit d’un processus…

Dans la veine Corneau, je lis son dernier et fabuleux livre : Revivre! Même s’il croit avoir produit son meilleur bouquin avec son précédent titre, Le meilleur de soi, je découvre... le meilleur de ses écrits avec cette fournée. Il raconte son parcours depuis l’annonce d’un cancer fulgurant, toutes les démarches entreprises pour choisir la vie que son âme réclamait, jusqu’à la rémission. Un pur bijou. Et dans la foulée des appels de l’âme, une autre suggestion : Les leçons et les buts de l’âme, de Sonia Choquette, chez AdA. Fortifiez-vous d’une petite laine, d’un pyjama de flanelle et allez au lit plus tôt que d’habitude. La lecture comme cadeau.


mardi 23 novembre 2010

Fragrances de novembre

Sans que j’aie pris conscience que le calendrier de novembre s’égrenait, il s’est effiloché comme une couture « cheap » d’un chandail de Stitches. C’est vrai que je suis partie vers le soleil – et une queue d’ouragan – pendant une semaine, mais le temps est mystérieux comme les enveloppes brunes ou blanches des comités organisateurs en politique. Je veux bien vivre le moment présent, une quête à vie, soit dit en passant, mais quelque chose m’échappe encore. Il y a quelques instants, la forêt verdoyait de ses sentiers colorés et nous pouvions marcher la tête haute vers ses sommets. En ce moment, Gadoue incorporée a pris le sol d’assaut. La végétation, dépouillée et timide, frémissante et dégoulinante de pluie, a baissé les bras.


Je me rabats sous le toit de ma maisonnée. Je fais un peu de jogging sur mon trampoline, et je couronne les bienfaits par un jus vert. Moments casaniers de l’entre-deux saison, en attendant la magique neige qui saupoudrera les branches anorexiques de leurs feuilles. Dans les centres commerciaux, le décorum de Noël bat son plein. Aucun vide n’est permis en matière de marketing. Dès la fête de l’Halloween rangée dans ses boîtes, on badigeonne les magasins de décorations invitant le Père Noël de plus en plus tôt. Viendra-t-il un jour se prélasser près de ma piscine, délesté de son velours rouge?

Ceci étant dit, puisque la pluie froide n’est d’aucun plaisir et que l’humidité s’isole dans nos os, je préfère l’environnement festif des Fêtes et la luminosité éclatante des sapins illuminés. J’ai même installé à ma Loulou (géant ficus du salon) des miniatures lumières pour ajouter un peu d’éclat. Et j’aspire à humer l’odeur des biscuits et recettes réservées aux festivités de fin d’année. Je n'attends que la première précipitation neigeuse. J’ai déjà remis sur les rayons mes disques de Noël, les « crooners » en promotion. Je maintiens que les classiques savent attendre jusqu’au 18 décembre. Et j’accepte que nous édifiions le sapin et son décorum dès samedi 27 novembre, pour mon anniversaire. C’est le cadeau réclamé, toute la tribu sur un escarbeau, boîtes sens dessus dessous, le tout couronné d’un souper pimenté de rires et d'anecdotes.

Novembre est aussi le moment de faire le plein de bouquins qu’on engloutira pendant les soirées froides et grises. Pour ceux et celles qui ne cessent de répéter qu’il n’y a plus de lectorat, le Salon du livre a battu des records d’abondance en auteurs et en lecteurs avides de rencontrer ceux qui leur font vivre de grandes émotions ou transitions. Ce mince objet rectangulaire, qui nous transporte au-dedans et au-delà de nos limitations, nous touche encore. Et que dire de cette lumière qui illumine le regard d’une personne qui partage son dernier bouquin? C’est aussi féérique que la vitrine de chez Ogilvy. La lumière d’un livre ouvert.

lundi 22 novembre 2010

La puissance du féminin

On m'a fait suivre cette conférence qui m'a coupé le souffle. Au moment où je constate qu'il est difficile de se faire entendre, de prendre sa place, de participer à l'équité et à un monde meilleur, coiffée de doutes face aux choix qu'assument les femmes, quels qu'ils soient, et assommée par la résultante qu'il n'existe pas de bonnes réponses, cette auteure, Eve Ensler, nous offre une vision d'espoir et de courage.

Et puisque j'ai déclaré que notre maison devenait l'hôte du festival des réparations en tous genres, soit des appareils ménagers, de la voiture et des dents, cela m'a apaisée. Touchant et poignant. Le goût de rester debout, en hurlant et en trépignant s'il le faut, envers et contre tous ceux qui sont persuadés de connaître ce qui est bon pour nous, faisant fi de notre ressenti et notre guidance intérieure.

Cette vidéo vaut vraiment la peine d'être visionnée. Vous pouvez choisir les sous-titres en langue française, en cliquant sur l'onglet en bas à gauche.

mercredi 17 novembre 2010

Couleur haut de gamme de champignon

La musique a toujours eu des effets prodigieux sur mon état d’âme. Je dois être une adepte de musicothérapie. Hier, portée par cette sublime température, je roulais sur la route en compagnie de Marie-Nicole Lemieux, Vivaldi, accompagné de l’ensemble Matheus et Jean-Christophe Spinosi, sous l’étiquette Naïve. Pas moi, mais la maison de disque.


L’élan procuré par ce redoux, ce soleil brumeux et ces voix d’opéra m’offrait l’opportunité de transmuter les feux rouges des phares de voitures en magique festin. Vrai de vrai, je me sentais enveloppé de la féérie de Noël. Il n’y a rien de rationnel qui pourrait expliquer ce phénomène, car je revenais d’un traitement ostéopathique exigeant, deux heures trente de trajet à effectuer, avec un « listing » de courses à cueillir, y compris les légumes biologiques pour mes jus verts. Je nageais pourtant bel et bien dans le bonheur.

Je me suis dit que c’était une capsule entre les anarchistes événements déstabilisants. Ce matin, par contre, je baigne encore dans cet état de béatitude. Un peu beige, mais un dégradé élégant et chaleureux. Genre couleur haut de gamme de champignon, par exemple le Bolet, le Coulemelle, la Girolle, la Trompette de la mort, le Cèpe de Bordeaux, le Pied de mouton.
Ouais, je suis émergée du sol de la terre, d’un sous-bois, de la pluie, du compost des arbres. Une sereine production aborigène de la nature. Et j’en suis infiniment reconnaissante, je savoure et respire l’odeur des conifères, du limon et du terroir. Je n’ai plus le besoin pressant de m’éclater de vermillon au soleil, quoique très joli lorsqu’arboré au moment désiré.

Tout cela pour constater que, finalement, le bonheur n’a rien à voir avec la météo. Il pleut et c’est magnifiquement inspirant. Je vais rédiger un plan de formation sous les baguettes de Vivaldi à tue-tête, avec les effluves d’une soupe aux lentilles rouges, bettes à carde, légumes et cari. Je pousserai peut-être l’audace jusqu’à trimballer mon portable au salon, et me faire un feu de foyer. Qui sait à quel point je suis devenue capable de prendre soin de moi.

lundi 15 novembre 2010

Sur la pointe des pieds

Je foule toujours le sol du lundi sur la pointe des pieds. Comme si je craignais de brusquer l’intimité du week-end qui nous a réchauffés, nous a revivifiés, nous a liés. L’espace libertin qui est associé au congé, dans toute la splendeur de sa souplesse, de sa créativité, du farniente, donne l’impression de resserrer l’étau au petit lundi venu.



L’horaire, la structure, la routine du travail et ses obligations me chamboulent toujours un brin. Je dois concevoir une atmosphère de transition afin de bénir les gestes qui jalonneront ma semaine. Agenda, rendez-vous, gestion des menus familiaux, tâches domestiques, délai de production à respecter, tout cela mixé aux habitudes à intégrer pour un mieux-être et une vie plus authentique exigent une organisation, une centration.

C’est une journée magnifiquement lumineuse et je mettrai sûrement « la marche » dans ma planification, sans omettre le ramassage des feuilles qui réclament une collecte pour la récupération, ce mercredi. J’écoute Nat King Cole, sous ma lampe de luminothérapie, et prends mon thé Sencha akai. J’ai un plan de formation à développer, une recherche à effectuer sur le pouvoir de l’écriture — dans le cadre de la réalisation de soi et des projets. Mes travaux à soumettre à l’école de rédaction sont cruellement en retard, sans parler de mon roman policier qui gigote dans mon tiroir. Des anniversaires à souligner, car le festival Sagittaire débute, ce qui annonce en grande pompe la féérie des Fêtes. Je n’ai jamais eu autant hâte de préparer boustifailles, décorations et surprises de Noël : c’est le cadeau que m’ont laissé les vacances ratées à regarder le plafond de la chambre et de la salle de bain. Ça anime un besoin viscéral de festoyer, de célébrer, de profiter. Je ne saurais expliquer les raisons, mais je sens qu’en 2011 s’écrira un nouveau chapitre de vie. Et je suis prête.

vendredi 12 novembre 2010

Dernier appel

Ce matin, au déjeuner, j’ai dit à mon fils que je ne savais pas encore quel sujet j'aborderais dans mon blogue. Prenant la place de mon admirateur numéro un, il m’a candidement proposé de parler de lui.


- Tu pourrais raconter à quel point tu es fière de moi, de mes notes à l’école, a-t-il complété, quasi prêt à pianoter sur le clavier avant que je change d’idée. Écris les mots d’amour que tu nous avais laissés lors de vos vacances. Tu disais que tu étais la mère la plus choyée du monde d’avoir des enfants aussi merveilleux!

Il a raison. Je suis comblée parce que je vibre de particules affectueuses teintées d'une palette de couleurs infinies. Je prends le temps d’aimer, faisant le deuil d’une certaine productivité encensée par notre société. Et puisque tout est relié, je « tombe » sur un article de la revue Vivre. Une entrevue avec Albert Jacquard, le grand, brillant et magnanime Jacquard. Il mentionne que la survie même de la terre et de l’humanité ne passera que par une seule solution : l’apprentissage de la rencontre. C’est le thème de son dernier livre, Le compte à rebours a-t-il commencé?

À 84 ans, il découvre qu’il n’a pas assez fait jouer sa capacité d’émerveillement tout au long de sa vie. « Ce qu’il faut préserver, ce n’est pas notre planète, qui n’est pas plus merveilleuse que Mars ou une autre. Elle survivra à notre passage. C’est nous qui avons besoin d’être sauvés. Et ça passera par la relation, par la présence à l’autre. Tout ce qui est en moi existe grâce à l’autre et je crois que c’est le point de départ de ma réflexion. Ce qu’il faut générer, c’est un niveau de conscience où on admet que la richesse en moi vient des autres; et où, par conséquent, je dois respecter l’autre. En permanence, dire merci à l’autre de ce qu’il a provoqué en moi. »

« Dire merci. Merci à tous ceux qui m’ont fait », exprime-il en terminant l’entretien. Quant à moi, je vous dis merci monsieur Jacquard. Vous êtes mon inspiration. Et Merci à vous d’être au rendez-vous des Billets de saison.

Afin de savourer cette rencontre familiale de fin de journée, qui m’est si précieuse, je vais de ce pas confectionné un gâteau aux bananes pour accueillir les miens. À la Julia Child, excluant mon collier filé de fausses perles.

jeudi 11 novembre 2010

La vie en première classe

J’ai découvert, lors du retour de nos vacances tumultueuses, dans un contexte qui serait trop long à raconter, les joies d’être assise en première classe. Je ne saurais dire quel déclic s’est opéré dans mon cerveau, mais l’aisance provoquée par la liberté (de mouvement) et la sérénité de manger sans angoisse m’a chamboulée. La grâce que procure le fait d’être à deux pas du pilote et des toilettes y est possiblement pour quelque chose, mais ce serait hasardeux de limiter l’impact à ces influences.


Désormais, je veux mener une vie en première classe. Je veux choisir mon siège, être au bon endroit, au bon moment. Je veux vivre avec des foules aimables et courtoises, sourires accrochés aux oreilles. Je veux être disponible pour autrui sans être préoccupée par des banalités. Je veux avoir l’espace pour créer, méditer, aimer et offrir ce que je suis. Je désire avoir accès à cette zone de turbulence qu’est la vie, dans un état de quiétude. Je prie pour que mes antennes soient bien allongées et empreintes de compassion. Je suis prête à être aux premières loges du changement, de l’ouverture, des découvertes, en toute verticalité. Et j’insiste pour fréquenter des gens qui ne souhaitent rien de moins que le meilleur pour tous.

Je veux une vie en première classe. C’est un chemin qui s’impose.

mercredi 10 novembre 2010

Corail de possibilités

La vie offre un éventail de possibilités. Comme ce magnifique corail dont la mer s'est délestée, et que je ne pouvais rapporter, puisque Cayo Largo est un site protégé.


La vie nous confronte à nos idées toute faites, bien ficelées, rigidifiées. Prenez par exemple ma conviction que je ne peux plus RIEN attraper en voyage, microbes s'entend. Eh bien! voilà un deuxième coup au bâton raté. Mémé était partie avec son attirail : probiotique, extrait de pépins de pamplemousse, charbon activé, suppléments vitaminiques en cours, crèmes multiefficaces efficientes full max.

J'ai eu à peine le temps d'atterrir à Cayo Largo que je me suis précipitée au royaume de la cabine-toilette, et ce, d'urgence. Déjà abasourdie par cet épisode, je devais ensuite subir l'épreuve des douanes cubaines. Il devait faire 200 degrés, toute en canadienne vêtue, et nous étions à la queue de la file, grâce à mon entretien dans la salle d'aisance. Comme pour compléter l'expérience, j'ai eu une seconde attaque microbienne. Il faut avoir expérimenté les aéroports cubains et ses soi-disant toilettes, pour comprendre l'expérience: la porte qui ne se verrouille pas, mesurant un mètre tout au plus - histoire de connaître les touristes qui t'accompagneront le séjour durant-, sans papier hygiénique, sans siège, sous les néons, murs cimentés décrépis. Je suis persuadée que nos prisons offrent plus de confort.

Ce fut donc le thème de nos vacances. Car chaque aliment ingurgité semblait être de la dynamite pour un système gastrique aux prises avec des microbes constractés à l'aéroport et/ou dans l'avion. Il faut dire que le Sud n'a pas les mêmes critères de salubrité que nous. Les plats présentés à la température ambiante pendant des heures provoquent désormais des frissons, juste à y penser. Glou glou était le son qui compétitionnait avec les oiseaux et le bruit de la mer.

Une mer agitée par la visite de l'ouragan Thomas, qui a nécessité deux jours durant le port de nos polars du grand nord, de nos jeans et nos chaussettes. De toute façon, la chambre n'a jamais semblé aussi sécuritaire pour conjuguer avec l'évacuation microbienne. Ce qui est intéressant dans tout cela, c'est que j'ai développé un sens inoui pour vivre le moment présent, le processus du parcours, sans être ligotée par la destination. C'est peut-être cela qu'on appelle le lâcher prise... J'ai tout de même profité du thérapeutique bleu de la mer, de son sable blanc qui nous masse l'énergie, et j'ai dormi. Vous avais-je dit, déjà, que je désirais dormir? Rêve exaucé.
J'ai revu mon ami Hector, accompagnée d'une nouvelle flamme que je ne connaissais pas...et que je n'ose vous présenter.


Le plus magnifique, c'est que je n'ai jamais été aussi heureuse de rentrer chez moi. Et que mes convictions sont plus malléables. Que cette histoire m'a permis d'expérimenter l'impermanence des choses et a dissipé le peu d'illusion restante qui consiste à croire que nous avons toute la vie devant nous. On ne sait jamais, la vie déborde de possibilités. Quel bonheur de retrouver mes rendez-vous avec mon clavier et mes lecteurs!

jeudi 28 octobre 2010

Entre la cuisine et les valises

Je tourbillonne entre les valises et la cuisinière. Je prépare des plats mijotés tout-en-un pour les ados qui resteront à la maison avec l’aîné et sa blonde, pendant notre repos. C’est une première. J’imagine qu’à 23 ans, 17 ans et 15 ans, on est assez « matures » pour mettre au four un repas où la tâche la plus complexe consiste à choisir entre les propositions et ensuite, prévoir de le décongeler la veille au frigo. J’ai évidemment investi sur leurs préférences : pâté chinois, lasagne aux légumes et fromage, tourte au saumon, potages, tajine de poulet, sauce à la viande pour les pâtes, quiche, pizza. On est dans les glucides. Ces aliments semblent réconfortants et festifs jusqu'à un âge assez avancé. Des mots doux imagés seront même déposés sur chaque subsistance.



Ça me réjouit et m’amuse de préparer tout cela avec amour, en pensant à la cure de sommeil, de lecture et de soleil bienfaisant qui nous attend dans MON île. Mon père l’a dénommée Jasmine Largo. Cette perle en pleine mer, bénie des dieux, n’est que sable blanc, parsemée d’eau turquoise et de ciel violacé. Rien d’autre sur l’île. L’agente de voyage semble toujours surprise de ce choix, me rappelant qu’il n’y a RIEN à faire là. C’est tout à fait ce que je désire. Je veux marcher pendant des heures sans être dans l'ombre des immeubles hôteliers de dix étages où des homards à deux pattes se dandinent la bedaine près du bar, lustrés d'huile solaire, avec un thermos bondé de bière ou de pina colada. L’horreur suprême juste à penser être associée à cette espèce humaine.

J’aime lire, marcher, me baigner dans cette mer bleutée à perte de vue, à travers des poissons multicolores, et rencontrer Hector, mon lézard. Et dormir, marcher, lire. C’est thérapeutique et guérissant.

Je pars donc dimanche (me poussant de l’Halloween et ses sucreries) le 31 octobre et serai de retour le 8 novembre, gorgée de soleil et de vitalité.

mardi 26 octobre 2010

Mon 150 ième texte

Je publie ce matin mon cent cinquantième texte dans mes Billets de saison. C’est la cent cinquantième fois, depuis janvier 2010, que je réitère mon choix d’écrire. Envers et contre tous les REER possibles, envers et contre toutes les illusions de la sécurité, avec la solitude comme alliée. La décision fut laborieuse, mais à chaque occasion, j’ai plongé dans le bonheur d’être à mon clavier. Ce temps osé m’a propulsée dans un espace sacré, une dimension inexplorée jusqu’à ce jour. La bataille contre le doute s’inscrit immanquablement en dehors de cette zone.


La vie est matière à écrire. Vous avez bien lu, à travers les lignes et les mois, que le quotidien est une substance féconde et prospère pour la création. Tout au long de ce parcours de remise au monde, ce fut ma révélation : le processus créateur est omniprésent, dans chaque cellule, dans chaque parcelle de notre humanité. J’ai cru pendant des années que cette « chose » était issue d’un contexte mirifique, féérique, extraordinaire. Sur une montagne rocheuse, escarpée dan sun climat aride, de préférence, à l'autre bout du monde. Mais ô surprise, TOUT est là. Il suffit d’y accéder, mais surtout de se mettre à l’agenda. Ça exige du temps, de la patience, de la persévérance. Le pain exige sa durée pour « lever ».


Dehors, un magnifique brouillard rend le paysage ensorcelant, et cette particularité météorologique me fait prendre conscience que la brume du doute s’est dissipée, ce matin, la nature préférant m’inviter aux bienfaisances du monde intérieur. Je mets de l’ordre dans mes pensées, croise mes doigts sur cette quiétude, et savoure. Oui, c’est vrai, je savoure aussi mon thé sencha akai bio. Je réorganise mon horaire et mes dates de tombée pour mieux bénéficier des bontés du jour, pour mieux servir, puisque mieux disposée et efficace. Autrement.
Ce moment de quasi béatitude me permet de préparer mes ateliers que j'offrirai à partir de 2011.

IDÉES pour créer la vie que l'on désire : Imaginez, Désirez, Écrivez et Savourez
Un menu pour passer à l'action

vendredi 22 octobre 2010

Eaux troubles

Eaux troubles pourrait être le titre d'un thriller policier. Ce n'est pas le cas, je ne suis pas encore disposée à cette forme littéraire. C'est plutôt la une du journal local qui informe les terrebonniens de faire couler l'eau du robinet pendant quelques minutes avant de la consommer. Et cela arrive de plus en plus souvent, dans de plus en plus de municipalités, sans compter les moments où l'on échappe ce genre de données inquiétantes. J'ai cette impression amère que nos terrains sont de plus en plus corrompus par les conséquences inévitables des choix environnementaux de nos dirigeants. Et nous continuons de s'inscrire comme abonnés absents quand vient le temps d'apposer notre vote lors des élections, tous palliers confondus. Nous sommes très très occupés. Nous avons juste le temps de chialer sur les performances des joueurs de hockey autour de la machine à café. Pendant ce temps, des décisions se prennent, des gestes se posent, sous le vocable de l'économie.

Mais si vous ne voulez pas, un jour ou l'autre, dormir au gaz de schiste sur votre terrain labouré par les gazières appartenant à des compagnies extérieures au Québec, et que votre eau prenne en feu (!?!) , vous pouvez signer la pétition qui circule présentement. Vous n'avez qu'à cliquer sur le lien du blogue de Josée Blanchette, à votre droite, choisir son Billet intitué le moratoire, et suivre les indications.

Elle a raison. La marche bleue a déplacé plus de 800 000 personnes sur les plaines d'Abraham, au nom du hockey. Et en ce qui concerne notre santé, notre prospérité? Nous en sommes à nos premiers pas. On est au commencement du monde et il faut (déjà) nettoyer les lilas, chante Fred Pellerin.
On est au commencement du monde, sur une terre abandonnée. Nos idéaux sont sans royaume, tous nos soldats ont déserté. Et si l'on rentrait dans nos souliers..
À la vitesse à laquelle nous roulons dans la vie, avec la difficulté à s'arrêter pour sentir, nous risquons vraiment de s'endormir au volant. Les effets du gaz, c'est sournois et pernicieux. Et irréversible.



Voir: la vidéo diffusée à l'émission Découverte, Radio-Canada
www.radio-canada.ca/nouvelles/.../001-schiste-risques.shtml 

mercredi 20 octobre 2010

Les baguettes magiques du destin

Croit-on encore au hasard? Moi, parfois oui et souvent non. Il existe par contre des rendez-vous manqués, des intuitions obstruées, des risques lacés dans nos peurs et des baskets accrochés à la sécurité du connu. Il apparaît, dans les biographies inachevées, des tonnes de nuages détrempés de rêves endormis. 

Chacun de nous venons au monde avec des talents, des habiletés, un tempérament. C'est la suite qui est déterminante. Qui, de notre milieu familial et social, fera en sorte de permettre l'éclosion de tout ce potentiel? Qui, de nous devenus adultes, auront le courage de se recréer une nouvelle partition, au diapason de notre symphonie?

Je parierais n'importe quoi que le petit Jonathan sera un virtuose en musique. Pas uniquement à cause de son talent. Mais de son rire. Un rire du fond de l'âme qui dépeint le soutien de son entourage. Sous les crescendos de Beethoven se cachent des parents qui s'amusent, le regardent, ont la foi en ce qu'il est, et le nomment à travers toutes les possibilités que la vie offre. Ça respire la liberté d'être.

Ce sont les baguettes magiques du destin.

mardi 19 octobre 2010

La vie est cool

C’est le titre du livre de Neil Pasricha, recommandé aux membres du club de lecture d’Archambault, par Christine Michaud. Je lui fais confiance, elle a bon goût en matière livresque de croissance personnelle. Le premier chapitre amorcé, je souriais et m’amusais à envisager de mettre en pratique ces petits moments adorables que l’on piétine allègrement à travers les gestes sérieux du quotidien. J’apprenais alors à établir une politique de partage de la patate, qui concerne le droit de picorer dans l’assiette de l’autre pour lui extirper quelques frites, sans avoir sur la conscience d’en avoir commandé; la joie de retrouver une boîte contenant nos cassettes de musique préférée de notre adolescence; l’odeur enivrant du bon pain qui sort du fourneau; dormir dans des draps fraîchement lavés; se construire un hôtel au Monopoly sur les terrains rouges ou jaunes. J’étais entièrement dans l’ambiance.

J’ai donc mis mon tablier, et organisé les ingrédients pour faire un pain. Pendant que mes brassées de lessive avalaient la mousse, que mon pain était enfourné, que mon potage à la courge, au cari et aux pommes mijotait, j’ai eu l’idée de me faire un masque purifiant, à l’argile, qui agirait pendant ma rédaction. J’étais d’une efficacité incroyable, un fond musical de Buesta vista club pour accompagner le rythme. Tous ces travaux étaient à l’œuvre avant même que le réparateur de lave-vaisselle mette le pied dans la maison, quelque part au cours de la journée (ils ne peuvent absolument pas prévoir leur visite, ça se situe entre 8 h et 17 h).

Un texte prenait forme sur mon écran, et j’étais absorbée par mon sujet à en perdre la notion du temps, jusqu’à ce que la sonnette me rappelle à quel point c’est efficient « squatter » chez soi en attendant une livraison ou l’escouade des électros. Cet appareil, un Bosch suprême, que le vendeur m’avait vanté les mérites, à savoir que :

- ma ti’te madame, avec ça, là, là, vous toucherez plus jamais à la vaisselle. Vous êtes dans le haut de gamme, là, là, là. Mais là, là, attention, c’est tellement sophistiqué, qu’il vous faut prendre abbbbbbbbbbbbbbbsolument une garantie prolongée, car l’électronique, c’est ben ben compliqué si ça pettttttttttttttttte.
Voilà que cette dite logistique électronique, la minuterie, a enfreint les lois de la longévité prévue par le négociant à commission. Le lave-vaisselle ne s’arrêtait plus, déjà qu’il est en fonction deux fois par jour. (Et que, finalement, je touche souvent, très souvent même, la vaisselle.) Je vais donc ouvrir la porte au réparateur d’électroménager. En m’apercevant, son air terrifié m’a rappelé que j’avais oublié d’enlever le masque. Vert, vert, vert. En une fraction de seconde, j’ai eu peur qu’il suive les conseils du spécialiste des extra-terrestres, l'invité de tout le monde en parle la semaine dernière, et qu’il me tire dessus. Puisqu'il n'a pas dégainé, j’en déduis qu’il devait écouter la nouvelle chaîne dédiée aux gars, avec Jean-François Mercier.

Je lui ai expliqué le problème, celui que j’avais décrit à huit personnes des différentes compagnies (le magasin, la compagnie de l’appareil, la compagnie de la garantie, et finalement la compagnie qui s’occupe des cas de garantie). Il m’a dit que ça sentait bon, chez nous. Je lui ai répondu que la vie est cool et j’ai poursuivi la rédaction de mon texte. Le téléphone n’a pas cessé de claironner, de la dame qui réclamait un rendez-vous d’urgence, avec n’importe quel médecin (vous êtes au mauvais numéro, madame), jusqu’aux assurances pour ma fille qui a pris l’auto pour aller honorer son nouveau permis de conduire, en s'offrant un cappuccino, et qui est revenue avec la porte arrière cabossée, dans le stationnement, par un autre adepte de la caféine. Il y a aussi la tutrice de l’école de rédaction qui ne m’a jamais contactée depuis bientôt trois ans, et qui a donné signe de vie à ce moment-là. Voulant enregistrer mon texte avant de retrouver le dossier la concernant, je l’ai supprimé. La vie est vraiment cool.

Avec un air déconfit, malgré le fait que j’avais ôté mon masque, il m’a annoncé qu’il n’avait pas « la pièce », car ça n’arrive jamais un bris dans le genre ET que le tuyau devait être obstrué. Il reviendrait. Et je devais appeler aussi un plombier. Ma fille avait eu le temps de rentrer de ses cours, habituellement l’heure où j’ai à peine terminé de débarrasser le dîner. Voulant accélérer le processus de prise de crème glacée dans le congélateur, situé en bas de la section réfrigérée, elle a fermé avec vigueur le tiroir avec son pied. C’est le « crac » qui m’a fait me détourner du postérieur de Monsieur Bosch, accroupi qu’il était à remettre ses bottines. J’étais furax après la nonchalance cool de l’adolescence et lorsqu’il s’est poussé pour échapper à mon impatience, il s’est embourbé dans les baskets de mon fils, pointure 10 ½.











Pendant que j’attendrai le spécialiste du congélateur, le retour de monsieur Bosch, le plombier, je poursuivrai la lecture du bouquin La vie est cool. J'avance à pas de tortue vers la zénitude.